Officiellement installé le 19 février 2019, Yomba Sanoh, l’un des plus jeunes maires élus de Kissidougou. Il a passé en revue de plusieurs volets liés au développement local de sa commune. De son diagnostic fait de cette ville avant son arrivée, ce nouveau maire a énuméré quelques réalisations qu’il a déjà faites avec sa toute nouvelle équipe de 37 conseillers. Dans cet entretien accordé à un reporter de maguineeinfos.com, le nouveau premier responsable de cette collectivité urbaine a décliné certaines de ses priorités ainsi que les projets en court moyen et long terme.
Maguineeinfos.com : vous êtes l’élu du peuple de Kissidougou, dites-nous comment avez-vous accueilli cette nouvelle suite à cette confiance que la population a placée en vous ?
Yomba Sanoh : D’abord, je remercie le Tout Puissant Allah, propriétaire des jours et des nuits car, c’est lui qui nous a tous mis là où nous sommes aujourd’hui. Ensuite, c’est le lieu de remercier la population de Kissidougou pour la confiance. Je ne suis pas le plus instruit ou correct, mais c’est la confiance. Alors je vois que c’est une charge morale, c’est-à-dire comment satisfaire cette population qui m’a fait confiance. La seule question que je me pose, c’est comment mériter la confiance de cette population ? Par la grâce donc, le combat sera ça.
Quel est le diagnostic que vous avez fait de cette commune depuis votre arrivée ?
De passage, je rends tout d’abord hommage au doyen Paul Keita, un administrateur calé que j’ai remplacé. C’est vrai que tout n’était pas rose, mais j’ai trouvé que le vieux a fait beaucoup de choses pour la commune, bien qu’il reste assez à faire, ce qui est d’ailleurs valable pour toutes les communes de la Guinée. Vous savez, on est venu trouver que le Guinéen ne s’intéressait plus à ce qu’on appelle l’affaire des taxes, d’impôts. Et lorsqu’on parle de développement d’une commune, c’est d’abord cela, la mobilisation des ressources internes. Nous avons trouvé que les sources de recette en grande partie sont gérées par les personnes privées, et ce combat nous l’avons mené dans l’intérêt de la population de Kissidougou. Aussi, beaucoup de nos routes données pour circuler étaient transformées pour le commerce. Nous avons également trouvé qu’au niveau de notre commune, les ordures pouvaient faire un mois voire deux mois et au beau milieu du marché non transportées au dépotoir. Dans cette même lancée, nous avons trouvé que la décharge finale était inaccessible. Aussi, malgré les efforts fournis par le professeur Alpha Condé à travers le cinquantenaire, nous avons trouvé que Kissidougou avait besoin des infrastructures au niveau de la commune. Nous avons vu au sein de la commune que la salle de délivrance n’est pas une salle appropriée pour célébrer le mariage ou autre fête. Encore, nous avons trouvé que l’assainissement n’était pas pris à deux mains, et je crois que cela est une priorité. Par la suite, les lampadaires qui étaient donnés à la population étaient abandonnés sans nettoyage. Alors nous avons su que la population ne pouvait pas. Mais nous, avec nos propres initiatives, nous avons tendu la main à nos partenaires de proximité comme la SOBRAGUI. Alors nous sommes en train de prendre les dispositions pour voir comment les nettoyer.
Etant jeune maire dites-nous comment se passe la collaboration entre vous et la jeunesse de Kissidougou ?
Je dirai grand merci à la jeunesse de Kissidougou pour sa forte contribution. Je leur ai dit dès le départ qu’il ne s’agit pas de vous battre pour que je sois le maire. Mais si vous refusez de m’accompagner je démissionne. Alors c’est pour dire que tout va bien jusque-là et je suis rassuré que tout ira bien. C’est pourquoi, et vous, et moi et tous les fils de Kissidougou, c’est un défi qui nous intéresse tous, ceci pour le bonheur des populations de notre commune sans distinction.
Depuis votre prise de fonction jusqu’à nos jours, qu’est-ce que vous avez concrètement fait allant dans le sens du développement local ?
D’abord, je vais signaler la situation du dépotoir d’ordures situé à Sogbon. A notre installation, nous avons trouvé que cette localité avait barré la route aux motos cyclistes qui transportaient ces ordures pour ne plus les déposer là, car en vrai dire, il ne faisait plus bon vivre. Et lorsque nous nous sommes rendus sur les lieux, le chef de secteur nous a fait comprendre qu’ils n’avaient barré pas cette route parce qu’ils ne voudraient pas ma tête. Mais parce qu’ils se sont trop plaints et il n’y a pas eu de suite favorable. Et lorsque je me suis rendu pour constater les faits, je leur ai donné raison et aujourd’hui tout va bien. Nous avons aussi introduit une journée d’assainissement de la ville de Kissidougou. Nous avons rendu propres les deux lieux qui nous faisaient honte, la résidence du préfet et la grande mosquée qu’on vient de donner à la population de Kissidougou. Encore, contrairement aux moments passés, nous avons pu ouvrir des emprises de routes, du quartier Sobgèla jusqu’à Korodou. Nous avons également remarqué que les accidents avaient commencé à prendre le dessus et nous avons mis un sens interdit qui était fonctionnel depuis que nous nous étions enfants et aujourd’hui tout le monde respecte ces nouvelles règles. Sur le plan sécuritaire, le banditisme était devenu monnaie courante. Alors la commune, en accord avec la justice et la sécurité ont tenu une réunion pour dire que chacun n’a qu’à jouer son rôle. Le stade préfectoral qui était devenu un nid des bandits, a été mis sous contrôle et ce réseau a été démantelé. Et la commune aussi vient de terminer la session budgétaire au compte de l’année 2019 où on a invité tout le monde, les conseillers, la population ainsi que vos amis de la presse, pour que les populations à la base sachent comment va être utiliser l’argent qu’elles contribuent. Alors, je me fais le devoir de vous informer que Kissidougou a bénéficié d’un montant de deux milliards huit cent un million de l’ANAFIC, une structure mise en place sous l’initiative présidentielle afin d’accompagner les collectivités pour l’investissement. Voilà donc en quelque sorte ce petit ramassé que je pouvais faire.
Alors qu’est-ce qu’on peut retenir sur vos projets en court, moyen et long terme ?
Au titre des projets, nous avons déjà la facilité de la circulation au niveau de Kissidougou, la sécurité de la population et de leurs biens, l’hygiène au niveau de notre ville, la cohésion sociale, la paix et la quiétude. Nous avons le stade qui est aussi dans notre PAI, c’est-à-dire comment mettre fin à cette tombée abusive du mur au niveau de sa clôture afin de réparer définitivement. Et, vous voyez actuellement l’état de l’école primaire Amilcar Cabral comment il est. J’ai aussi exposé quelques recommandations pour l’extension des réseaux électrique dans les quartiers périphériques comme Korodou 1 et 2 ainsi que Limania.
Tout récemment, le président a alloué des fonds à tous les nouveaux maires, dites-nous de ce que vous comptez-faire de cette somme pour le bien-être de la population à la base ?
Avec ce montant donc, nous comptons rénover l’école primaire d’Amilcar Cabral, achever le marché de Sogbèla, mettre un pont entre Yasasfè Koura et Yassafè Kôrô, mais aussi, la construction d’une salle de fête au niveau de la commune. Bref, ce montant est déjà planifié.
Alors l’avant dernière question monsieur le maire, dites-nous comment se passe la collaboration entre vous et les autres maires des communes rurales de votre localité ?
Je vais vous informer déjà qu’il y a un système de communication entre nous. Chaque jour on se concerte, bien que je sois leur point focal ici. Par exemple, le Plan Guinée doit apporter des soutiens au comité local de développement et ces maires n’avaient pas d’agréments. Alors, j’ai mené des démarches dans ce sens car, ce n’est pas seulement la commune urbaine qui doit bénéficier. Alors Dieu merci aujourd’hui, chacun détient son agrément en main et cela nous permet d’accélérer le processus, pour que les PDL puissent avoir le financement à partir de Plan Guinée. Aussi, on est en train de démarcher ensemble auprès de cette même institution afin de réactualiser nos PDL qui vont expirer à partir de 2020. Alors c’est pour vous dire qu’il y a une bonne collaboration entre nous et c’est grâce à cela que j’ai été choisi par mes paires parmi les 4 maires sur les 42 afin de représenter la région de Faranah au niveau national. A Conakry, j’ai été tout de même élu comme premier Secrétaire général de l’Environnement, de l’Agriculture et du Développement durable, chose qui fait que je figure sur la liste des 23 maires élus comme membres du bureau exécutif parmi les 342. Mais il faut le dire que tout ceci a été possible grâce à notre union depuis ici à Kissidougou. C’est pourquoi dès qu’on a demandé un maire conseiller par préfecture, j’ai donc dit qu’on ne pouvait pas tout prendre dans la commune urbaine, ce qui a fait que nous avons choisi le plus doyen des maires de notre circonscription, qu’est Jean Baptiste Feindouno de Kondiadou pour être dans ce bureau en tant que conseiller.
Qu’est-ce que vous voulez faire passer comme message en guise de mots de fin que je n’ai pas touché ?
D’abord, je vous remercie en tant que journaliste, mais aussi la population de Kissidougou pour avoir fait confiance à nous les 37 conseillers. Ces mêmes remerciements sont aussi pour ces 37 conseillers qui ont accepté de m’élire en tant maire de cette commune. J’ai dit qu’on ne sera pas une commune d’ethnocentrisme, de politique ni régionaliste, mais celle du développement et au service de tout le monde. Alors tout le monde n’a qu’à venir afin de poser les bonnes actions pour l’intérêt de nos populations. Je profite avant de terminer, dire que si chacun voit quelque chose qui ne va pas dans l’épanouissement de notre commune, puisse venir nous proposer les bonnes actions car on est au service de tout le monde. Partout, au décès, baptême et ou mariage, qu’ils viennent nous parler puisque tout le monde n’a pas la chance de venir au bureau mais chacun peut certainement avoir une proposition qui peut plaire à Paul ou Pierre. Donc, je finis par dire que nous sommes ouverts à tous et nous sommes rassurés qu’ensemble, notre commune va se retrouver.
Interview réalisée par Sâa Robert Koundouno