Le passage de la CEDEAO en Guinée pour demander la libération du Président déchu, Alpha Condé, après son renversement au pouvoir fait réagir plus d’un. N’ayant pas obtenu gain de cause et après avoir rendu compte à l’Institution, des chefs d’États mêmes sont désormais annoncés en Guinée. Ils tenteront sans doute de plaider pour la libération sans conditions de leur ancien homologue. Face à cette arrivée annoncée, les acteurs politiques guinéens commentent diversement l’information. Si certains n’en veulent pas voir une seule de ces têtes en Guinée, d’autres se montrent très amicaux.

 

C’est le cas du Président du Rassemblement Pour la République. Dans un entretien téléphonique qu’il nous a accordé ce lundi, Diabaty Doré apprécie l’arrivée d’une mission de chefs d’États africains sur le sol guinéen. Mais, notre interlocuteur souhaite déplore le mode d’intervention de ces Présidents. Ce cadre de l’ANAD dénonce une volte-face de la CEDEAO et de l’Union Africaine.

« Je crois que c’est important, ce n’est pas la première fois en Afrique où il y a eu de coup ’État, la CEDEAO ou l’Union Africaine constitue toujours un groupe de chefs d’États et même des médiateurs. Au Mali par exemple, c’est l’ancien Président nigérian GoodLuck Jonathan qui est le chef de mission de la CEDEAO qui suit de près la transition malienne pour que la junte puisse respecter le délai de l’organisation des élections. Donc, moi je crois qu’ils viendront voir Doumbouya et son équipe, mais aussi faire des plaidoiries par rapport à la libération de leur ancien homologue Monsieur Alpha Condé. Et c’est une solidarité Africaine. Chez nous quand la case du voisin brûle, il faut que les voisins viennent pour éteindre le feu. C’est extrêmement important qu’ils viennent aux côté du peuple de Guinée », avoue t-il.

Cependant, cet autre allié de taille de Cellou Dalein Diallo voit un manque de crédibilité dans la plupart des démarches entamées par ces Institutions.

« La CEDEAO n’est plus crédible aux yeux des peuples africains. L’Union Africaine n’a plus de crédit, puisque lorsqu’on était en pleine crise, personne n’a levé le petit doigt pour sauver la Guinée en disant à Monsieur Alpha Condé d’arrêter. Vous voyez par exemple le deux poids, deux mesures au Mali et au Tchad? », interpelle notre interlocuteur.

Sans respect des lois qui régissent les États, nul peut empêcher un militaire de se mêler dans les affaires politiques, selon le Président du RPR.

« Personne ne peut exiger à un militaire de quitter et laisser la place aux civils, parce que c’est souvent deux poids, deux mesures. Je pense que la CEDEAO doit revoir ses copies, elle doit exiger aux chefs d’États africains le respect de la constitution. Mais tant que les mandats ne sont pas respectés dans nos pays, je crois qu’il faut s’attendre à l’arrivée des militaires dans les affaires de la Démocratie. Personne ne peut les empêcher de venir dans les affaires. Donc je pense que la CEDEAO doit bien travailler pour le respect des mandats dans les différents pays », propose l’opposant au 3ème mandat d’Alpha Condé.

Par ailleurs, Diabaty Doré dit à notre micro avoir noté quelques actes prometeurs dans les toutes premières actions du CNRD, même s’il précise qu’il est trop tôt pour juger la crédibilité de la junte militaire.

« Une transition reste toujours une transition. C’est trop tôt de dire si on fait confiance à la junte militaire ou pas. Vous savez ils n’ont pas encore déroulé leur feuille de route. Ils ont juste tenu leurs discours. Je voudrais qu’ils restent derrière ça. Mais j’ai tiré trois mots qui m’ont retenu l’attention dans leurs discours: le rassemblement du peuple de Guinée, il n’yaura pas de chasse aux sorcières et l’organisation d’une bonne élection transparente et crédible. Mais on va attendre de voir les institutions de la transition, pour voir si on va les faire confiance ou pas. Après cela, on donner notre opinion sur la crédibilité de cette équipe », indique le Président du Rassemblement Pour la République.

Pour l’heure, les consultations se poursuivent entre les nouvelles autorités militaires, les institutions internationales et les forces vives de la Guinée.

Siradio Kaalan Diallo et Benoît Bangoura