L’un des problèmes majeurs de notre pays, c’est que sa jeunesse a arrêté de lire depuis des années. Avec sa part de responsabilité qu’il convient de relever, notre système d’Éducation scolaire et sociale doit passer à la barre. Il doit répondre de ses crimes ! Nous sommes devenus une jeunesse paresseuse à la lecture; une jeunesse qui ne peut plus lire entre les lignes. Une jeunesse qui se prive de la belle dissidence de l’esprit, du goût de la liberté, de la pertinence de l’esprit critique – pourtant des valeurs que l’Afrique ancestrale porte en elle en signe de victoire sur le monde – cette jeunesse-là a déjà trop longtemps arrêté de se réveiller, de reprendre conscience, de voir clair et par là, incapable de s’émanciper des préjugés, des vérités préétablies ainsi que des rancoeurs qui lui sont étrangères, elle est devenue une victime perpétuelle par sa propre faute, celle d’avoir refusé de prendre son destin en main. Elle se plaît donc dans les facilités, les accusations et refuse l’autocritique. C’est comme ce jeune ethno, un jeune perdu, une âme répugnante et certainement un mauvais croyant, un << kafr>>. Entendez un « double ignorant » : celui qui, par concomitance ignore et ignore qu’il ignore. Il vit dans les ténèbres, arrogant et excessif, cet imbécile endurci ! Un poison dont il faut se défaire, une vermine dont il faut désavouer par tous les dieux !
Si nous sommes d’accord que tous les grands réformateurs, penseurs à travers le monde, étaient ou sont des jeunes pour la plupart, par contre, tenez-vous bien, une jeunesse
<< ignare >>, << inculte >>, est inutile au changement escompté. C’est d’ailleurs tout le contraire, c’est-à-dire une force de régression, un danger permanent… Une jeunesse si pressée et sans monture pourrait-elle aller si loin dans le désert que nous devons traverser, pour espérer trouver quelconques terres, belles et verdoyantes ? La jeunesse guinéenne ferait mieux d’activer le bouton de la responsabilité.
Nous avons besoin en Guinée d’une vraie et profonde révolution idéologique, sociologue, de la conscience historique, car la politique n’est en réalité que la partie immergée de l’iceberg. Si nous n’arrêtons pas de PENSER, de PARLER, d’AGIR en terme d’ethnie, de religion, si nous n’arrêtons pas de faire des fixations sur nos différences, pour enfin enrichir ce qui unit, nous allons finir par brûler la Guinée. Nous en serions en ce moment tous des perdants. La Guinée, ce n’est ni le Mali ni le Tchad. Notre pays est bien plus fragile que tous ces deux-là.
Que cela soit su et inculpé…
Par Ali CAMARA