On peut lire souvent des commentaires sur la démocratie et des critiques régulières sur le principe de l’alternance au pouvoir. Ce qui est frappant, c’est que ceux qui font ce genre de critiques et qui semblent en avoir des

<< opinions tranchées >> se refusent à mon avis, d’expliquer suffisamment les principes avec lesquels ils seraient en désaccord, même si je suppose qu’ils les connaissent. Ils font donc du << simplisme >> là où justement ils devraient aller plus en profondeur. Je veux dire que les principes démocratiques ne sont pas nés ex-nihilo. Ils ne sont pas tombés du ciel. Chaque principe part de constatations à travers de milliers d’années de la vie des hommes en société. Des systèmes de gouvernance qui se sont succédé à travers le temps. Mais si l’on n’est pas d’accord sur ses principes, il ne suffit pas de dire << Non et non >>; il faudrait en plus de cela prouver ou démontrer que des alternatives existent et qu’elles << fonctionneraient >> tout simplement, sans oublier de faire des illustrations qui mettraient en << déroute >> ces principes sur lesquels l’on s’est décidé de << condamner >>. Parce que ce n’est pas que nos États ont << échoué >> leur << démocratisation >> que celle-ci serait contre nous. Si l’on connaît l’évolution de la démocratie occidentale, on se rendrait facilement compte que la démocratie est un processus lent, certes, mais CONTINU. D’ailleurs c’est une ignorance de croire que la démocratie est un concept occidental. Je vous prie d’aller au-delà de ce que cette école ou ces médias << traditionnels >> peuvent nous apprendre.

Dire de l’alternance politique qu’elle n’est pas nécessaire, revient à ignorer ce dont elle implique au-delà du changement de tête à l’Exécutif, dans les formations politiques. C’est-à-dire ne pas faire dépendre la survie d’une nation des volontés ou de la vie même d’une seule personne. Ne pas prendre le risque de mettre tous à la merci d’une seule personne par la simple volonté de celle-ci. Même dans les monarchies constitutionnelles modernes qui résistent << encore >> au temps, force est de constater qu’il ya eu des << aménagements >> qui tendent à limiter le pourvoir d’un monarque élu ou héréditaire comme Chef d’État ( pouvoir symbolique ), tout en assurant une alternance politique par le fait de donner les pouvoirs réels à un Premier Ministre, seul responsable devant le Parlement ( c’est souvent un régime parlementaire ). Le refus d’alternance dans un système qui le prévoit met ainsi branle, automatiquement et systématiquement l’équilibre des pouvoirs. Et dès lors que la séparation des pouvoirs et << l’équilibre >> recherché sont affectés, c’est tout le système qui l’est par le << piétinement >> ou la *caporalisation des institutions républicaines.

Si chez nous, des démocrates <<< autoproclamés >> qui, une fois au pouvoir ne veulent pas laisser le processus de la démocratie faire son chemin, en se présentant ainsi en << hommes providentiels >>, comme si sans eux ce serait le chaos, et, comme si la mort pouvait << prévenir >> ou s’ils pouvaient en échapper, c’est parce qu’au fond, notre système démocratique ne procède pas de ce que la démocratie désigne : LE POUVOIR DES PEUPLES. Nous adoptons des lois qui n’ont rien à avoir avec nos sociétés, des élections dont les résultats donnent victorieux ceux dont les peuples n’ont pas élu… Ces hommes et femmes ne représentent personne ! Ils ne sont que les défenseurs des intérêts qui échappent aux peuples dont ils disent tirer le mandat de représentation. Ce sont les soldats des pions d’un échiquier plus grand. Ce n’est pas de la démocratie, mais une farce, un système d’exploitation des peuples africains par leurs propres fils. Et, comme le disait brillamment Aliou Bah, << Aussi longtemps qu’on manipulera les élections, nous aurons des dirigeants qui ne se sentiront pas redevables vis-à-vis des populations, mais des lobbys et des réseaux qui leur ont porté au pouvoir. >> ! CE N’EST DONC PAS LA DÉMOCRATIE QUI EST EN CAUSE, MAIS NOTRE FAÇON DE LA PERVERTIR.

Aucun homme, quel qu’il soit ne devrait <<s’éterniser >> au pouvoir. Si l’on est incapable de préparer des générations à suivre notre chemin et passer le flambeau, c’est qu’on n’aura rien bâti…Ce qui marque les esprits et qui transcendent des siècles, voire des milliers d’années, on l’appelle HÉRITAGE. Le plus grand héritage d’un homme d’État, la grandeur de cet homme donc, ce n’est pas de se rendre indispensable. C’est permettre au contraire qu’il ne soit pas le seul et le dernier à porter sa vision. C’est-à-dire préparer la relève et, encore une fois, passer le flambeau ! Même s’il faut noter avec précaution que si l’alternance politique est une condition nécessaire à la démocratie que << nous >> voulons, il demeure qu’elle n’en soit pas une condition suffisante. D’autres éléments devraient aussi nécessairement pris en compte, au rang des lesquels on pourrait citer le principe de la laïcité et la proclamation des droits et libertés des citoyens.

Par Ali CAMARA