Depuis près d’une décennie, le paysage socio-politique guinéen est resté figé autour d’un schéma triangulaire qui oscille entre : la mouvance présidentielle, l’opposition républicaine et les organisations de la société civile. Ces trois acteurs ont créé dans le pays, une sorte de tripolarisation du débat politique, et ont favorisé la montée en puissance du populisme, à cause justement, des intérêts égoïstes qu’ils s’octroient dans chacune de leurs prises de position.
De nos jours, les politiques, y compris certains acteurs sociaux sont devenus plus affairistes que des serviteurs par excellence du peuple. C’est pourquoi, les premiers (les politiciens), en poursuivant leurs intérêts, ont adopté dans ces derniers temps, une démarche peu catholique vis-à-vis du peuple, au nom duquel d’ailleurs, ils croient se battre. Et les seconds (acteurs sociaux), sont devenus impuissants face aux défis imminents qui sont les leurs ; ils ne se limitent dorénavant qu’aux effets d’annonce. Malheureusement, ces tohu-bohus interviennent à un moment où les véritables enjeux socio-politiques sont entrains de se profiler à l’horizon. Est-ce que pouvons-nous nous y attendre à la continuité de ce système ou à un renouvellement de la classe politique guinéenne dans un futur proche ?
En effet, l’élection du Pr. Alpha CONDE à la tête de notre pays a été accueillie par bon nombre d’observateurs comme un ouf de soulagement et un moment de rupture par rapport aux autres systèmes de gouvernance que le pays ait connu depuis son indépendance. Ces systèmes de gouvernance, y compris les hommes qui leur entretenaient ont été critiqués et combattus par lui durant tout le long de son combat politique. Mais comme disent les sages, la montagne n’a accouchée qu’une souris. Car ces hommes et leurs pratiques sataniques qu’il a combattus pendant quarante ans se sont donné rendez-vous au cœur de sa gouvernance. Pour preuve, durant son premier et deuxième quinquennat, les mêmes hommes ‘‘cadres’’ ont été nommés et reconduits, parfois, aux mêmes postes de responsabilité avec les mêmes résultats qui de mon point de vue, sont dans une large mesure médiocres ou insuffisants par rapport à la préoccupation majeure de la population. L’on peut se demander si cet état de fait est dû à un problème d’homme pour faire fonctionner le système ? Ou c’est le système lui-même qui est défaillant ? Mais une chose me paraît évidente, c’est que, ceux qui sont entretenus par ce système, n’ont aucun intérêt qu’il soit démantelé, car la survie de leurs nids en dépend. Et ceux qui entretiennent ledit système, voudront à tout prix sa pérennité afin qu’ils puissent préserver leurs empires battus sur le dos de la population. Dans tous les deux cas, seule la prise de conscience du peuple pourra sauver la République.
Alembert a définit la politique comme « l’art de tromper les hommes ». Et Platon pour renchérir, déclara que « c’est l’art d’élever les troupeaux ». Au fait, je n’affirme pas d’emblée que ces définitions sont la voix de l’évangile, mais, j’estime qu’elles ont un attrait avec la démarche ou la conduite de certains acteurs politiques de notre pays. A la lecture des scènes qui se déroulent au vu et au su de tout le monde, nous pouvons affirmer que le pays est très mal barré. Car l’amateurisme, la corruption, la médiocrité, l’impunité, le népotisme, la malversation financière et le clientélisme sont devenus incontestablement l’une des caractéristiques de la gouvernance sous Alpha CONDE. De nos jours, la transhumance politique est devenue une pratique récurrente sur l’échiquier politique guinéen. Raison pour laquelle, certains politiciens guinéens peuvent changer de vestes et de discours d’une minute à l’autre à cause justement d’un ‘’décret’’ ou d’une somme faramineuse provenant du grand champion en titre de meilleur sectionneur de pilons ou du cercle restreint de la majorité présidentielle. Dès lors, leur volonté de défendre le peuple sera sans succès et, les discours tenus à cet effet, ne sont que des belles rhétoriques mensongères qui trompent à la fois la conscience et la vigilance de la population.
Cette magouille est de nos jours entretenue par non seulement, certains hauts perchés placées au sommet de l’Etat, mais aussi et surtout par certains cadres ‘’tapis dans l’ombre’’ qui œuvrent du jour au lendemain à ce que le pays reste dans cette ornière. Ils tiennent à tout prix garder leurs postes (leurs privilèges), maintenir leurs influences et protéger leurs biens mal acquis sur le dos de la pauvre population. Pourtant, nul n’ignore la dangerosité de ce système par rapport au processus de développement socio-économique de notre pays ; pire par rapport à son vaste chantier de démocratisation. Mais « on peut tromper une partie du peuple tout le temps, mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps ».
Pour lutter contre ce système, y compris ces crocodiles aux yeux rouges qui l’entretient ou qui sont parfois entretenus par lui, il faut inéluctablement la mise en place d’un certain nombre d’initiatives citoyennes. A défaut, les mêmes pratiques seront encore et encore dénoncées, mais sans un résultat satisfaisant. Ces initiatives se présentent comme suit : une classe politique éclairée et visionnaire, des organisations de la société civile indépendantes et inclusives, une jeunesse dynamique et responsable, et, le tout couronné par l’unité du peuple, en dépit de nos diversités linguistiques ou communautaires. C’est en cela que la République sera sauvée contre tout danger !