Les rues du centre d’Alger ont été à nouveau noires de monde vendredi, le 10e consécutif de protestation à travers l’Algérie, contre les figures du « système » restées au pouvoir après la démission le 2 avril du président Abdelaziz Bouteflika.

Vendredi matin, les premiers manifestants réunis dans le centre de la capitale brandissaient des pancartes rappelant que la source du pouvoir doit être le peuple. Ce sont les fameux articles 7 et 8 de la Constitution algérienne. Ce que répètent les manifestants, c’est : « Nous voulons un changement de régime, nous voulons qu’ils partent tous ».

Il y a aussi des critiques contre les annonces d’ouverture d’enquêtes pour corruption. Certains manifestants demandaient la libération d’Issad Rebrab, le patron de Cevital. D’autres ont une banderole où ils demandaient pourquoi Saïd Bouteflika, le frère du président, n’avait pas été arrêté.

« Nous sommes désolés, Gaid Salah, ce peuple n’est pas dupe, on a dit : il faut qu’ils  partent tous ». C’est ce chant qui a résonné une bonne partie de l’après-midi dans le centre-ville de la capitale. Les manifestants ont interpellé directement le chef d’état-major, en lui demandant notamment de partir et de rendre le pouvoir au peuple.

« Le peuple veut une justice indépendante »

Cette semaine, des hommes d’affaires ont été incarcérés dans le cadre d’enquêtes préliminaires sur des affaires de corruption. Le chef d’état-major avait affirmé que cela répondait à une demande du peuple. Mais les manifestants n’étaient pas convaincus aujourd’hui. Sur plusieurs banderoles, il était écrit : « Le peuple veut une justice indépendante ». Une dame portait une pancarte demandant à ce que l’ancien ministre Amar Ghoul soit jugé pour la corruption qui entoure le chantier de l’autoroute est-ouest.

Aperçue aussi une pancarte de solidarité avec le quartier de la Casbah, parce que cette semaine cinq personnes sont décédées dans l’effondrement de leur bâtiment. Dans la foulée, le préfet d’Alger avait été limogé et une minute de silence est prévue en mémoire de ces victimes au cours de la manifestation cet après-midi.

Enfin, il y a aussi des revendications qui sont liées à la liberté de manifester. Depuis hier, des barrages de forces de l’ordre filtrent les entrées de la capitale. Le vice-président de la Ligue de défense des droits de l’homme raconte qu’on lui a interdit d’entrer dans la ville et qu’on lui a demandé de faire demi-tour.

C’est un dispositif policier similaire aux semaines précédentes qui a été déployé dans la capitale. Et comme la semaine dernière, le tunnel des facultés, un endroit emblématique de la mobilisation, est resté bloqué par les forces de l’ordre.

En début de soirée, les rues se sont vidées à Alger. Dans les têtes de nombreux manifestants, il y a désormais le ramadan qui arrive dans une dizaine de jours. Toutes les personnes rencontrées dans la manifestation ont affirmé qu’elles poursuivront leur mobilisation malgré le jeûne.

RFI