A l’image de plusieurs plateformes sur les réseaux sociaux dans le cadre de la sensibilisation, de l’éducation et de l’information sur les faits sociaux, Dr MoSidi FOFANA, gynécologue médical et sexologue a mis en place il y a près de 4 ans, une plate-forme dénommée CAFE@SEXO@DESPUDIQUES qui parle de la sexualité sans tabou ni complexe avec plus de 40.000 membres à travers le monde. Cette structure fête ce samedi 08 janvier 2022, ses quatre ans d’existence au complexe Firts à 15h.
Ce matin, notre rédaction a rencontré Docteur MoSidi FOFANA communément appelé par les Pudiques Sexy Doctor ou le père de la sexualité positive pour parler de la plate-forme, de sa création en passant par ses objectifs, perspectives jusqu’à maintenant. Au micro de maguineeinfos.com, le seul guinéen diplômé en sexologie, a fait un zoom sur cette question qui est toujours restée tabou.
Au cours de notre entretien, MoSidi FOFANA évoque les conséquences de la sexualité non débattue. Il dégage par ailleurs, une piste de solutions qui permettront de circonscrire ce complexe autour de la question.
En souhaitant HAPPY PUDIQUES DAY A TOUS LES PUDIQUES, Lisez ci-dessous, l’intégralité de l’interview!
C’EST QUOI CAFE@SEXO@DESPUDIQUES ?
C’est une plateforme d’éducation sexuelle inspirée d’un esprit de marque dénommé ESPRIT CAFE. Joignant l’utile à l’agréable, c’est un groupe qui permet et entretient des débats interactifs entre ses membres « PUDIQUES » dans un rapport cordial et convivial basé sur le respect mutuel, la courtoisie et la détente. Nous comptons à nos jours près de 44 000 pudiques.
L’amour est une aventure extraordinaire et le couple à deux une invention incroyable, mystérieuse, étonnante à laquelle nous rêvons tous. Mais il nous manque le mode d’emploi. Et celui que nos parents nous ont transmis n’est pas toujours très accompli et harmonieux… Comment trouver le chemin vers l’autre ? Comment enchanter et apprivoiser son cœur ? Puis comment faire pour rester en amour aussi longtemps qu’on le désire ? Ce défi improbable et redoutable est celui auquel les hommes et les femmes sont confrontés au quotidien.
Le café sexologique est un lieu idéal pour communiquer et améliorer la compréhension entre hommes et femmes. Il permet de poser des questions, de parler de ses appréhensions et difficultés avec d’autres et de reprendre confiance en soi en trouvant des moyens pour apprivoiser et surmonter ses craintes face à la sexualité. Dans des debats adaptés aux diverses sensibilités de ses membres « pudiques », il offre la possibilité de se libérer, pudiquement ou peu, de ses tabous sexuels en parlant de sexe ouvertement en groupe, dans le respect, la courtoisie Et dans une ambiance détendue bon enfant. Il permet aussi de prendre conscience que chacun a en soi une polarité masculine et féminine et qu’il est important de concilier les deux pour trouver l’harmonie avec soi-même et dans son couple. L’homme doit apprendre à exprimer ses émotions et ses sentiments, à laisser parler son cœur.
CAFE@SEXO@DESPUDIQUES, c’est surtout pour aider à briser les tabous qui nous rongent vie et santé en général, mais aussi contre fausses idées, mythes et charlatanisme qui abiment notre vie sexuelle, relationnelle, amoureuse…en particulier ! C’est aussi et surtout lutter contre – ou aider à éradiquer – EXCISION, POLYGAMIE, MARIAGE PRECOCE, VIOL …
SXDR partage ses expériences, expertise, émotions et raconte comment se déroulent ces rencontres d’un nouveau type, en les illustrant avec des dialogues rebondissant entre différentes personnes. Pour donner envie au lecteur d’y participer, les encourager à se lancer et leur donner l’envie d’oser ouvrir le débat sur ces choses si fondamentales et importantes dans notre vie que sont l’amour et la sexualité.
D’OÙ VIENT L’IDÉE DE CRÉATION DE CE GROUPE ET QUEL EST VOTRE PARCOURS ?
Les origines du groupe cafésexo sont multiples. Le manque de liberté de parole autour de la sexualité dans ma famille et mon pays d’origine, la Guinée, a certainement initié ce processus.
Puis mes études en SANTÉ PUBLIQUE INTERNATIONALE orientée sur l’information et la médiatisation de la santé. Mes spécialisations en GYNÉCOLOGIE MÉDICALE et MÉDECINE DE LA REPRODUCTION… Au décours desquelles, je me suis souvent posé la question à savoir pourquoi, en Afrique en général et en Guinée en particulier, la sexualité est-elle toujours un sujet tabou ? Complètement abandonnée dans les mains amatrices des marabouts, des mains arnaqueuses des charlatans, voire dans celles des criminelles exciseuses traditionnelles…? Personne ou presque personne n’en parlait publiquement. Même pas les médecins. Ceux qui osaient aborder la question sur la toile ou dans les quartiers, le faisaient sous forme de plaisanteries, de coquetteries qui tournaient le plus souvent en dérision. Mieux pour leur curiosité, la propagande de fausses rumeurs. Tout pour pervertir que d’éduquer.
Fin 2012, un autre fait important attira particulièrement mon attention. Ce fut une émission sur RFI, Priorité-Santé dans sa rubrique « sexualité ». Une émission spécialement dédiée à l’Afrique francophone, et assurée par une certaine Docteur Catherine Solano. Certes, j’avais l’habitude d’écouter des émissions radiotélévisées sur la sexualité en France, mais celles de Dr Solano attiraient mon attention à plus d’un titre. J’y ai pris goût. Et je ne ratais plus aucune émission de celle qui est finalement devenue une collègue. On a fréquenté la même faculté et appartenons à la même famille scientifique, l’AIUS. Je suis à l’écoute tous les jeudis, pendant les 45 minutes que dure l’émission. De cette habitude, une idée m’occupait la tête. À savoir, pourquoi ne pas m’y lancer et tenter à mon tour de servir mon pays et l’Afrique au mieux ? Etant un gynécologue à l’origine, je me suis dis que je regorge de toute une base solide pour y arriver. Pour ce faire, je m’inscris en 2013 à l’Université Claude Bernard Lyon 1 en vue d’un DIPLÔME INTER-UNIVERSITAIRE DE SEXOLOGIE médicale que je décrochai avec mention en 2016, après 3 années d’études hardies et méritées. Quelques mois après, je devins membre titulaire de L’AIUS-France (Association Interdisciplinaire post Universitaire de Sexologie). Depuis ce moment, la sexologie m’est devenue un métier à part entière, avec pour activités principales la sexologie clinique et la santé sexuelle pour femmes, hommes, adolescents… ainsi que l’éducation sexuelle pour tous…
Décembre 2017, très tôt un samedi matin, les réseaux sociaux guinéens sont envahis par une triste nouvelle en provenance de la capitale, Conakry. Selon plusieurs témoignages oculaires et quelques victimes directes, d’innocentes femmes traverseraient une mésaventure inouïe au vu et au su de tout le monde. Une certaine N’na Fanta Sosso, une pseudo-thérapeute clandestine surnommée « femme qui « donne » des enfants » sévirait de plein fouet les femmes désireuses de bébés, qu’elle séduisait avec une fausse promesse de les aider à devenir enceintes. Selon les premières informations reçues, des centaines de femmes en complicité avec leurs maris incultes, viendraient solliciter des services de cette femme arnaqueuse. Des enquêtes menées en direct sur le terrain, parfaitement concluantes, corroboraient avec les premières rumeurs. La méthode de la criminelle consistait à « gaver » les pauvres dames avec des mélanges de décoctions vraisemblablement toxiques aux conséquences médicales dangereuses voire létales. En effet, après quelques jours de « thérapie », elle réussissait à leur faire gonfler le ventre, ce qui avait le don de leur assurer l’apparence d’une femme enceinte. Le ventre devrait augmenter de volume au fur et à mesure du traitement. Au lieu de neuf mois, ses victimes devraient patienter de deux à trois ans ou plus avant d’espérer « accoucher » à une date infinie et inconnue. Elle ne travaillait pas seule. Elle agissait en collaboration dynamique avec un faux médecin qui lui servait d’échographiste, le seul recommandé à faire cet examen, selon les témoins. Elle déconseillait tout autre praticien pour ses relais prénatals, y compris tout le reste du bilan de routine. Son arme de dissuasion était simple et efficace, avec des propos tels que : » si tu pars chez un autre médecin autre que celui-ci, tu perdrais ton bébé. » Comme conséquences d’empoisonnement chronique, beaucoup de femmes moururent, d’autres s’en sortirent avec de graves complications médicales plus ou moins irréversibles. Après avoir suivi et entendu tous ces témoignages, je fus pris de rage et je n’arrêtais plus de sensibiliser, informer, alerter tous les compatriotes abonnés sur mon profile. Matin comme soir, je ne dormais que quelques heures pour reprendre le combat le jour suivant. Je recherchai et obtins deux numéros de téléphone du Capitaine Thieboro, chargé de brigades anti-drogues et grand banditisme que je n’ai pas tardé à informer. Ce dernier déjà au courant n’a pas tardé à se saisir de l’affaire, après seulement quelques minutes d’échanges téléphoniques avec moi. Le combat est alors mené sur les deux fronts : sur la toile et sur le terrain. Quelques jours après, la dame Sosso est arrêtée, puis jugée avant d’être condamnée pour cinq années de réclusion criminelle, qu’elle continue de purger jusqu’à nos jours.
Au vu de ce qui précède, une seule chose me taraudait l’esprit. Le niveau très bas de connaissance, le niveau très élevé d’ignorance chez les compatriotes, sur leur corps, leur santé en général, et dans le domaine sexuel et reproductif en particulier. Après l’arrestation et la condamnation de la dame arnaqueuse, j’eu de longues discussions et débats sérieux avec des amis et connaissances virtuels d’alors. Parmi eux Adama Dian Diallo fut celle avec qui je suis arrivé à une conclusion fondatrice du groupe cafesexo. En effet, avec elle, je pris l’engagement ferme de me lancer dans une nouvelle aventure qui consisterait à aider mes compatriotes à sortir de l’ignorance, à se séparer des fausses idées, et à s’éloigner de l’obscurantisme… afin de minimiser leurs impacts à la fois négatifs et inhibiteurs dans le domaine spécifique de la sexualité et reproduction humaines. Elle approuva et s’engagea à me soutenir et m’accompagner dans cette nouvelle mission. Ainsi naquit le groupe CAFE@SEXO@DESPUDIQUES, crée le 27 décembre 2017.
Et pour mieux démarrer, l’on se retrouva entre quelques amis plus ou moins proches, pour mettre en place une toute première équipe de gestionnaires qui porta le nom de « La Team Sexy ». Notre goût du débat public et notre plaisir de créer des liens, notre complémentarité dans nos différences mais aussi notre curiosité pour le vécu du couple… nous conduisirent à la création de l’un des groupes les plus utiles et positifs sur la toile. Les hommes et femmes qui se confient en anonymat sont souvent semblables aux différents hommes et femmes qui viennent consulter en cabinet.
Mes activités de consultant dans différents débats sur la sexualité et la vie de couple m’ont fait découvrir au fil des années l’incroyable diversité des questions de patients et patientes qui sont toujours nouvelles et différentes et qui complètent le débat. Tout ce parcours et toutes ces passions me poussent à élargir mon domaine de pratique avec mon admission récente au DIPLÔME UNIVERSITAIRE DE MÉDECINE ESTHÉTIQUE ET RÉPARATRICE GÉNITALE (DUMEG) à la faculté de médecine de Creteil.
PARLEZ- NOUS DE LA GESTION ET DU DÉROULEMENT DE CETTE PLATE-FORME DE PLUS DE 40.000 MEMBRES ?
L’expérience d’animer ces cafés (débats sur la sexualité) en groupe est très enrichissante. Elle ressemble beaucoup à ce que j’ai expérimenté en pratiquant la co-thérapie systémique avec des couples et les familles. Cet exercice commun permet de développer une grande connivence et une confiance réciproque. Il offre la possibilité de se mettre par moments en position « méta » d’observateur, soit de prendre du recul par rapport à ce qu’il se passe. Enfin, cela donne un sentiment de sécurité et allège les responsabilités en partageant le leadership du groupe.
Nous tenons beaucoup à ce que nos cafés (posts ou publications) aient une dynamique interactive. Nous ne sommes pas là pour donner une conférence ou un cours théorique dans la plupart des cas. Nous ouvrons la discussion en permettant à chacun de proposer des posts à part entière, d’assurer l’animation avec les autres membres dans les commentaires. Nous avons observé que notre attitude chaleureuse et détendue met les gens à l’aise dès le début de l’échange. Nous proposons des posts sous forme de questions ouvertes afin de permettre une participation plus ou moins active entre membres de tous âges et de toutes sensibilités. Nous exposons chacun nos arguments et les expériences à la fois à partir des entretiens privés (inbox), des expériences personnelles et professionnelles. Nous partageons ouvertement nos observations et questions sur le sujet, volontiers de manière contradictoire, afin de provoquer la discussion. Nos confidences publiques encouragent l’émergence des témoignages des personnes présentes. Chacun peut choisir de s’exprimer de manière anonyme, ce qui favorise la prise de parole et des aveux parfois très intimes. Nous sommes réellement curieux de savoir comment les gens qui ne viennent pas nous consulter en cabinet vivent leur sexualité.
Notre expérience de sexologue et de gynécologue permet de gérer des situations émotionnellement difficiles. Que les gens expriment de la tristesse, leur détresse, leurs déceptions ou désillusions, de l’énervement ou de la colère. Certaines personnes partageant en public des expériences de vie très douloureuses : des échecs, des difficultés relationnelles, des histoires d’infidélités, des ruptures, des divorces, des épreuves existentielles ou même des situations d’abus, ayant engendré beaucoup de souffrances. Ces témoignages poignants réveillent beaucoup d’empathie de la part des autres personnes présentes, qui offrent spontanément des conseils, des propositions de solutions, leur soutien et leur réconfort.
Il nous arrive de poser les questions à certaines personnes quand nous voyons que le commentaire initial n’est pas explicite et qui dénote un besoin de parler et se libérer. Ou nous pouvons demander des précisions ou des détails à une personne qui vient de témoigner, si nous avons l’impression qu’il serait utile qu’elle en dise plus. Nous laissons toujours la possibilité de ne pas répondre si la personne ne se sent pas prête ou n’a pas envie de le faire.
Il est très important de bannir tout jugement de valeur pendant toute la durée du débat. Chacun est libre de faire ce qu’il veut dans sa vie intime, pour autant que cela se passe entre adultes consentants. Il nous arrive de faire des liens entre différents témoignages ou de solliciter d’autres participants pour développer un sujet qui nous paraît pertinent.
En sexologie, l’information, la déculpabilisation, la dédramatisation et le sens de l’humour sont des outils thérapeutiques très utiles et précieux. Et nous sommes bien placés en tant que sexologue pour voir combien de fois l’épanouissement sexuel contribue à la bonne santé et à la qualité de vie des individus, quels que soit leur âge, leur genre ou leur situation.
QUELS SONT LES OBJECTIFS ATTEINTS DEPUIS SA CRÉATION ET QUELLES SONT LES PERSPECTIVES DANS UN FUTUR PROCHE ?
De par les témoignages recueillis, on peut dire aujourd’hui sans risque de se tromper que le pari est réussi à plus de 90% chez la plupart des pudiques, de nombreux couples constitués et des mariages célébrés grâce au groupe. Mais ça ne s’est pas passé sans embûches.
Je me rappelle des premiers jours du groupe, des premières adhésions, des premiers cafés, de la création de la charte, de nos premières querelles entre administrateurs, des premières sanctions. Le groupe avait crée un tel engouement, auprès des jeunes et des moins jeunes si peu habitués aux discussions sur la sexualité que d’aucuns ont cru à un lieu de dépravation. Pour ceux qui étaient là au tout début, bon nombre parmi les membres ne pouvaient pas se mêler au débat tellement semblait osé, beaucoup cachaient leur adhésion. Il a fallu un travail ardu, beaucoup de determination pour insuffler la discipline que nous vivons aujourd’hui au café. Le niveau de connaissances sur la sexualité et la vie intime étaient très bas, avec des membres armés que de fausses idées populaires et d’autres souffrant de blocages de tout genre.
Aujourd’hui à la veille du 4ème anniversaire du groupe, je suis ému de lire tous ces témoignages qui convergent sur une chose. Discuter de la sexualité sans tabous, démystifier la sexualité sans la banaliser. Les débats qui se déroulent dans le respect et la courtoisie, dans le respect des principes et les règles conformément à l’esprit café de notre charte. Les administrateurs ne s’occupent que de l’approbation des posts et des demandes d’ajout. Le reste tout se passe avec presque zéro heurt ou harcèlement entre les membres.
Et quand je lis certains témoignages qui affirment :
-Avoir banni l’excision,
-Avoir adopté la fidélité,
-Avoir opté pour la monogamie,
-Avoir arrêté avec les douches intimes,
-Avoir banni les violences conjugales,
-Avoir institué une communication fluide dans le couple,
-Etre devenu meilleur amant,
-Avoir une meilleure connaissance des jeux érotiques et de la séduction,
-Etre devenu plus à même de donner et de recevoir du plaisir,
-Avoir une vie sexuelle et de couple plus épanouie,
-Avoir même découvert le fameux POINT G,…
Je ne peux que me réjouir.
Concrètement et techniquement, avec le groupe, les codes ont beaucoup changé conformément au tableau ci-dessous sur des sujets étudiés, débattus et appris :
1. Sur les rapports homme-femme, les femmes deviennent de plus en plus entreprenantes face au conjoint ou dans le couple
2. La lubrification intime vaginale ainsi que les pertes blanches normales, autrefois criantes et mystifiées, sont devenues valorisantes, apprivoisées voire recherchées
3. Des zones érotiques autrefois gardées secrètes dans le royaume du tabou sexuel sont enfin dévoilées dans les jeux des couples
4. Les connaissances sur l’anatomique et physiologie de l’intimité sont devenues routinières, y compris importance et rôle du clitoris, grandes et petites lèvres, vagin, point G, point P… importance et rôle
5. Les questions mathématiques résolues sur la normalité concernant la taille du pénis, durée du rapport sexuel, nombre de tours ou de coups normal pendant le coït
6. Sexualité pendant la grossesse et allaitement éclairées et les couples libérés
7. Question sur la vierge épanouie et la sécurité virginale
8. Question de performance sexuelle angoisse de performance
9. Question relative à un orgasme féminin
10. Vagin atonique, sensation du vagin « apparemment »trop large
11. Question relative à l’hygiène intime
12. Rôle des facteurs psycho-environnementaux sur la lubrification vaginale, cycle menstruel et panne sexuelle…
13. Mécanisme et problématique du couple
14. Habitudes culturelles des mariages traditionnels et de la sexualité des jeunes filles : mariage précoce, forcé et les msf
15. Le fantasme, les rêves érotiques et la masturbation dans la sexualité
16. Les infections sexuellement transmissibles prévention et prise en charge
17. La prévention de grossesse indésirables et le planning familial
18. Question du cycle menstruel et les règles
19. Les pratiques sexuelles dangereuses : serré-serré, intrusions intime d’objects étrangers…
20. Lutte contre les fausses idées reçues et les tabous nocifs
21. Les agressions sexuelles, facteurs accélérateurs
22. Le périnée et la rééducation périnéale dans la sexualité
23. Question d’une éducation sexuelle à l’école
24. Quelques notions importantes sur la sexualité de la femme, de l’homme et du couple…
25. Les codes qui changent, la nouvelle sexualité et les types de couple
Dans le futur proche, nous comptons aller plus vers le terrain avec des débats mensuels médiatisés autour des thèmes de société et d’actualité. Nous comptons également mener une concertation nationale avec l’implication élargie de tous les acteurs impliqués pour la conception, la mise en place et l’intégration d’une éducation sexuelle à l’école et à travers les langues nationales dans les communautés profondes.
DE NOS JOURS, NOUS ASSISTONS DE MANIÈRE RÉCURRENTE À DES VIOLENCES SEXUELLES DANS LE PAYS, DITES-NOUS QUELLES SONT LES CONSÉQUENCES PSYCHOLOGIQUES ET LES MÉCANISMES DE PRISE EN CHARGE ? QUELLES SOLUTIONS PROPOSEZ-VOUS ?
A- LES CONSEQUENCES D’AGRESSIONS SEXUELLES (ADOLESCENCE)
-Les victimes d’agression sexuelle peuvent subir des conséquences diverses à différents moments de leur vie (dans les jours, les mois, voire les années suivant l’agression). Les conséquences ou réactions de la victime sont le résultat de plusieurs facteurs : l’âge de la victime, la relation avec l’agresseur, le type d’agression subie, la durée et la fréquence des agressions sexuelles, le degré de violence utilisé au moment de l’agression sexuelle, les réactions de l’entourage lors du dévoilement, l’aide disponible…
Même si chaque victime d’agression sexuelle vivra à sa manière les suites d’une agression sexuelle, certaines conséquences affectent la plupart d’entre elles. Voici quelques exemples de conséquences fréquentes :
-troubles anxieux ou moments d’angoisse ;
-troubles du sommeil ou cauchemars ;
-perte de mémoire ou flash-back ;
-difficultés sexuelles (baisse du désir, dégoût pour la sexualité, douleurs lors des relations sexuelles) ;
-déni (minimisation de l’impact de l’agression ou refus d’admettre ce qui s’est produit) ;
-dissociation ou dépersonnalisation (impression de ne plus habiter son corps) ;
-troubles alimentaires ;
-problèmes de concentration ;
-douleurs chroniques ;
-difficultés relationnelles ;
-infections transmises sexuellement et par le sang (ITSS) ou grossesse non désirée ;
-problèmes de dépendance ;
-problèmes financiers ;
-émotions contradictoires, idées suicidaires, automutilation ; etc.
-Les enfants victimes d’agression sexuelle, plus particulièrement, ont souvent tendance à adopter des comportements sexuels précoces.
D’autres réactions sont souvent présentes chez les victimes, par exemple, elles peuvent :
-craindre l’agresseur ou garder un contact plus rapproché avec lui ;
-craindre les répercussions de la dénonciation ;
-penser que personne ne les croira ;
-croire qu’elles ont une part de responsabilité dans l’agression ;
-penser que la dénonciation ne servirait à rien ;
-ignorer à qui en parler ;
-craindre le système judiciaire ;
etc.
-Dans les cas d’inceste (agression sexuelle entre membres d’une famille), les victimes peuvent également craindre d’être tenues responsables de l’éclatement de la famille si elles parlent de ce qui s’est produit.
B- LES CONSÉQUENCES PSYCHOLOGIQUES ET ÉMOTIONNELLES DE L’ABUS SEXUEL (À L’ÂGE ADULTE)
-Si vous avez vécu une agression sexuelle pendant l’enfance ou l’adolescence, à moins d’avoir reçu une aide appropriée, vous subissez peut-être encore aujourd’hui les effets du passé : anxiété, dépression, cauchemars, isolement, culpabilité, flashbacks, distorsions cognitives, faible estime de soi, méfiance, tendances suicidaires, automutilation, actes illégaux et problèmes de consommation.
À l’âge adulte, d’autres conséquences sur la vie amoureuse et sexuelle peuvent s’additionner aux précédentes.
– Mauvais choix de partenaire : choix d’un partenaire abusif ou manipulateur, qui freine l’épanouissement du soi.
– Difficulté avec l’intimité : difficulté avec le dévoilement de soi au partenaire, ou même avec l’engagement amoureux et toute la vulnérabilité qu’il implique.
– Difficultés à aimer : problème à être amoureux de quelqu’un, à aimer de manière vraie, authentique et inconditionnelle, sans fuir à la moindre insatisfaction.
– Difficulté à se laisser aimer : esquive des personnes qui éprouvent des sentiments amoureux et qui proposent de vivre une relation de manière plus sérieuse.
– Peur de l’abandon : incapacité à se laisser aller à ce que l’on n’est, à ses pensées et émotions sans crainte d’être jugé, à être vrai.
– Difficulté à faire confiance : incapacité de croire en l’autre et en son amour, de se sentir en sécurité dans la relation, peur d’être trompé ou trahi.
– Vision plus négative de la sexualité : perception de la sexualité comme étant « quelque chose de mal » voire de bestial, un abus ; croyance que l’on doit avoir une vie sexuelle pour retenir le partenaire.
– Difficultés à distinguer la sexualité de l’amour : l’amour sans sexe, le sexe sans amour. Difficulté à érotiser le partenaire amoureux ou à avoir une vie sexuelle sans amour.
– Questionnement sur l’identité sexuelle : questionnement sur la masculinité ; fausse croyance voulant qu’un homme un « vrai » ne peut être une victime.
– Questionnement sur l’orientation sexuelle : certains hommes se demandent pourquoi leur agresseur, de sexe masculin, les as choisis.
– Manque de désir sexuel : il est souvent dû à une vision négative de la sexualité ; négation du désir sexuel et, pour certains, évacuation complète de la sexualité et du désir.
– Trouble de l’excitation sexuelle : difficulté à être excité sexuellement puisque l’excitation sexuelle rappelle le plaisir et que la victime a souvent de la difficulté à concevoir le plaisir dans la sexualité.
– Anorgasmie : difficulté à atteindre l’orgasme parce que cela implique de se laisser aller sexuellement au plaisir et de s’abandonner aux partenaires, ce qui est souvent difficile pour les victimes.
– Troubles de la douleur : douleur ressentie lors des rapports sexuels puisque la personne est incapable de se laisser aller et de s’abandonner. Difficulté à être excitée sexuellement.
– Hypersexualité, promiscuité sexuelle : sexualité omniprésente, souvent avec des partenaires inconnus et parfois dans des endroits où la sexualité se pratique de manière anonyme tels que des saunas ou des peep-shows. Ces contextes reflètent la séparation entre l’amour et le sexe.
C- LES SOLUTIONS POSSIBLES
◼DÉNONCER OU PAS : L’IMPORTANT C’EST D’EN PARLER !
Quels que soient leur âge ou leur statut social, les victimes d’agression sexuelle vivent souvent une grande confusion après les événements. Les émotions par lesquelles elles passent sont propres à chaque personne et peuvent être influencées par différents facteurs tels que l’âge, le sexe, le type d’agression subie, etc.
◼ À QUI EN PARLER ?
Parfois, certaines victimes ont le besoin de se confier, mais ignorent à qui parler de leur agression. Dans ces situations, la meilleure action est de communiquer avec la ligne-ressource pour les victimes d’agression sexuelle à un numéro vert mis ou à mettre en place. Des personnes-ressources sont précisément là pour les aider.
Le simple fait d’en avoir parlé avec la personne au téléphone peut faire une grande différence. On appelle cette étape LE DÉVOILEMENT DE L’AGRESSION.
Par la suite, les victimes peuvent se sentir plus en mesure d’en parler à un ami ou à un membre de leur famille ou de consulter une autre personne ressource (professionnel de la santé, psychologue, autres intervenants, etc.).
Si les victimes se sentent incapables d’en parler avec une personne de leur entourage, elles peuvent écrire le récit de leur agression, soit le garder discrètement pour soi ou le confier à un ami. L’important est de ne pas garder cet événement secret et d’essayer de noter tous les détails possibles, par exemple : la date, le lieu, l’heure à laquelle s’est produit l’événement,
les vêtements que portait l’agresseur, l’état dans lequel se trouvait l’agresseur, les paroles prononcées, les gestes commis, les sons ou les conversations provenant d’une autre pièce, l’absence ou la présence de personnes à proximité, ou tout autre élément pertinent.
Ces informations pourraient s’avérer utiles si les victimes décidaient, plusieurs mois ou années plus tard, de dénoncer leur agresseur à la police.
◼DÉNONCER UNE AGRESSION
Se faire agresser sexuellement étant un événement très difficile à vivre, l’idée de dénoncer l’agression à la police peut effrayer la victime au premier abord. En effet, il n’est pas rare que les victimes décident de dénoncer leur agresseur plusieurs mois, voire plusieurs années, après les faits. Raison de plus pour en parler à quelqu’un ou pour écrire les détails après l’événement.
La dénonciation d’une agression sexuelle implique non seulement d’expliquer son histoire à de nombreux inconnus, mais aussi de devoir confronter son agresseur en cour. De plus, la perception des victimes par rapport au système judiciaire (sa lourdeur et le peu de condamnations des agresseurs) peut aussi freiner la volonté de celles-ci.
Malgré cela, la dénonciation peut aussi être synonyme d’une grande délivrance pour la victime. Effectivement, les sentiments de honte et d’injustice ressentis après l’agression pourraient être remplacés par des sentiments de fierté et de reprise de pouvoir sur sa vie.
◼RÔLE DES PROCHES
Dévoiler ou dénoncer une agression sexuelle exige une grande dose de courage des victimes, car elles devront raconter quelque chose d’intime et, en quelque sorte, revivre cet événement traumatisant en le racontant.
Si la victime d’une agression sexuelle vous choisit comme personne de confiance pour l’écouter ou l’accompagner, assurez-vous :
-de rester calme et ouvert ;
-d’écouter attentivement le récit ;
-de croire ce qu’on vous dit ;
-d’éviter de juger ;
-de valoriser le courage d’en parler ;
-de déculpabiliser la victime.
Vous pouvez jouer un rôle important dans la guérison de la victime en la soutenant et en lui proposant de l’accompagner dans ses démarches si elle décide de dénoncer son agresseur à la police.
◼Consultez, consultez, consultez !
Cherchez un sexologue clinicien qui se spécialise auprès des victimes d’agression sexuelle. N’hésitez pas à lui poser des questions sur son expérience et son approche. Une piste : ceux qui se spécialisent ont soit travaillé dans un centre pour victimes, soit écrit ou parlé dans les médias sur le sujet.
IL FAUT AGIR PENDANT LES 5 PREMIERS JOURS SI POSSIBLE
Après l’agression et pendant les 5 jours suivant celle-ci, il est possible de faire des prélèvements d’ADN ;
Plus de 5 jours après une agression, les prélèvements ne sont plus possibles, mais un examen médical est tout de même recommandé. Certaines lésions pourraient être observables, et l’examen permettra de s’assurer de la bonne santé physique et psychologique de la victime.
◼Même si tous vos problèmes ne découlent pas forcément des agressions subies, ne minimisez pas les impacts de celles-ci.
◼ Ne vous sentez surtout pas coupable, peu importe le contexte de l’agression sexuelle et l’identité de l’agresseur. Personne ne cherche à se faire agresser sexuellement et personne ne mérite de se faire agresser sexuellement, peu importe son habillement, son attitude, ce qu’il a consommé. L’agresseur porte seul la responsabilité de ses gestes.
◼Tout le monde mérite d’être heureux d’aimer et d’être aimé. Le fait d’avoir été agressé sexuellement à certes joué sur votre confiance en vous et dans les autres. Vous avez probablement peur d’être trahi de nouveau. Cependant, en pensant ainsi, vous vous privez aussi de rencontrer de bonnes personnes qui sauraient vous accompagner dans votre vie et y apporter un peu de bonheur.
◼Évitez de vous détruire par des pensées suicidaires notamment, et des comportements tels que la consommation de substances diverses, l’automutilation, la compulsion sexuelle. Une partie de vous a été victime d’agression sexuelle, mais il y a une partie qui veut vivre et s’en sortir.
En ayant des pensées et de comportements destructeurs, vous donnez du pouvoir à votre agresseur, car vous prolongez les effets des dommages qu’il a initiés. Cherchez plutôt de l’aide.
◼L’agression sexuelle a probablement laissé un goût amer de la sexualité, surtout si vous avez été agressé en bas âge. Si vous avez une séparation à faire ce n’est pas entre le sexe et l’amour, mais plutôt entre l’agression sexuelle et la sexualité.
L’agression sexuelle a servi à une seule personne qui a pris ce qu’il voulait bien prendre en imposant ses besoins et désirs. La sexualité est un échange entre deux personnes au cours duquel chacune trouve son compte par l’entremise du plaisir et de l’affection.
MOT DE LA FIN
Je dis d’abord HAPPY PUDIQUES DAY à tous les membres pudiques, que chaque célibataire se trouve un ou une partenaire presque idéal(e) et que les couples continuent à s’épanouir et profiter des différentes leçon de CAFE@SEXO#DESPUDIQUES. Je conseille chacun à mieux apprendre en ayant recours à des sites professionnels et crédibles, d’éviter l’usage dépravé des réseaux sociaux et de ne s’adresser qu’aux véritables spécialistes en sexologie pour des questions concernant leur santé sexuelle.
Enfin je ne peux terminer mon discours sans témoigner ma fierté et reconnaissance envers les administratrices de la Team Sexy. Je salue particulièrement Djéné Magassouba et toutes les autres autres membres dont Bijou Falessafé, Doufin Traoré, Djouhé Bah, BettyZahra Soumah… et tous les autres qui ont assuré la gestion du groupe depuis près de trois ans avec abnégation et professionnalisme. Je vous remercie
HAPPY PUDIQUES DAY À TOUS LES PUDIQUES
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