Pour accéder à la profession d’avocat en Guinée, il existe deux voies: le Doctorat en Droit ou le Certificat d’Aptitude à la Profession d’Avocat. Selon la loi, toute personne titulaire d’un Doctorat en Droit, s’il en fait la demande, doit être inscrit au Tableau de l’ordre des Avocats.
Dans les faits, toutes les personnes qui empruntent cette voie (surtout si elles ne sont pas proches des dirigeants du Barreau) doivent batailler dur pour obtenir leur inscription. J’en connais plusieurs qui attendent depuis des années que l’on veuille bien les inscrire. Il y a quelques années je suis moi-même intervenu en faveur d’un docteur que l’on avait commencé à fatiguer. Le fait est que très souvent les dirigeants du Barreau ne veulent tout simplement pas admettre les docteurs. D’ailleurs ils songeraient à faire pression sur l’Etat afin de supprimer cette voie d’accès.
L’autre voie d’accès à la profession d’avocat en Guinée c’est le CAPA. Pour obtenir celui-ci il faut normalement passer un examen annuel organisé par le Ministère de la Justice, le Barreau et l’Université Publique de Conakry. Cette autre voie non plus ne plaît pas aux dirigeants du Barreau de Guinée. Cet examen annuel n’a donc jamais été vraiment organisé parce qu’un groupe d’avocats veut décider de qui peut intégrer ou pas le Barreau de Guinée.
Je connais beaucoup de juristes dont certains sont même devenus ministres à qui on a refusé l’accès au Barreau alors même que l’intellect de ces personnalités est de loin au dessus de ceux qui ne veulent pas les y admettre.
Les compatriotes qui ont réussi à intégrer des barreaux étrangers (plus competitifs et plus prestigieux que le Barreau de Guinée) battaillent dur pour se faire inscrire alors même qu’une interprétation de bonne foi de la loi sur les avocats les autorise effectivement à s’inscrire au Barreau de leur pays.
La triste réalité est que nous sommes actuellement face à une situation d’une gravité expectionnelle: la profession d’avocat est prise en otage par des gens qui se croient suffisamment forts pour décider qui peut être avocat en Guinée et qui ne peut pas l’etre. Pour parvenir à leurs fins, leur technique est simple: ne pas organiser l’examen annuel d’admission à la profession.
En d’autres termes, les examens organisés par le Barreau de Guinée ces dernières années ne sont pas reguliers. Ils sont organisés dans des conditions opaques et donc en violation de la loi sur la profession d’avocat et du décret relatif à l’organisation de l’examen d’accès à la profession d’avocat. En d’autres termes, il s’agit de grosses farces.
Pour mettre un terme à cette situation inacceptable, il n’y a pas mille manières de s’y prendre: Il faut la dénoncer afin d’obtenir la soumission du Barreau de Guinée à la loi du pays et non à celle des caids.
Par Sékou Oumar CAMARA, Associé – Gérant
SOC’S LAWYERS SARL