Depuis plus d’une décennie, il n y a de cesse cette interpellation dans le débat public sur les agissements regrettables des militants de partis politiques en Guinée, notamment ceux de l’UFDG et du RPG- arc-en-ciel. La sortie de Jacques Lewa Leno n’était donc pas inédite. Mais elle a le courage – dans un style ironique – de dire les choses sur le chaud, avec un tableau sévère mais juste. M. Leno dit exactement ce que pensent une bonne frange de la population, au-delà bien sûr des militants de l’UFDG qui restent mobilisés derrière Cellou Dalein Diallo quelques soient les motifs finalement.
Mais on n’oublie souvent dans notre pays qu’il existe des guinéen(nes) qui n’ont que faire des partis politiques. Il y a plus de 12 millions guinéens et jamais un Président de la République n’a été élu avec plus de 3 millions de voix. Contrairement aux informations sur les réseaux sociaux et les agitations dans les grandes agglomérations, c’est dire que la majorité de notre population – qui vit en zone rurale – a des préoccupations autres que les querelles politiciennes. On devrait donc commencer par inculquer qu’ils sont plus nombreux ces guinéens qui ne votent pas, d’autant plus qu’ils sont plus nombreux également ceux qui ne s’enregistrent pas dans le cadre des opérations de vote.
Cellou Dalein Diallo ( puisque c’est de lui qu’il s’agit aujourd’hui ), à l’instar de ses pairs de l’échiquier politique guinéen, a tout intérêt d’éviter cette escalade de la violence, en appelant très clairement ses militants à rester chez eux, au calme et à plus de sérénité. Il me semble également qu’il devrait éviter le discours asymétrique. Dire une chose, se réclamer d’une chose et la minute d’après dire le contraire. Sinon, comment pourrait-on interpréter ce genre de propos : « […] Je souhaite que la paix règne au moins jusqu’à l’épuisement des voies des recours […] » Voilà ce qu’il disait dans sa première réaction à la presse nationale après avoir quitté « de justesse » sa résidence. Même si je suis partisan du bénéfice du doute, ce genre de discours peut laisser cours à des interprétations graves. C’est pourquoi j’en appelle à la mesure de la parole politique. Chaque mot, chaque tournure de phrase a bien une valeur dans l’opinion publique. Et il est de la responsabilité des hommes politiques d’enseigner et encadrer leurs militants par leurs agissements et leurs prises de parole.
Pour finir, je veux espérer que nos hommes politiques réussiront à élever le niveau du débat politique en Guinée. Parce que trop longtemps on n’a cessé de parler de politique pour se consacrer à l’accomplissement politique. Parlons de la république et des valeurs qu’elle devrait incarner. Notre salut en dépend !
Par Ali Camara