Qui peut sauver le soldat, Mamadi Doumbouya ? Plus personne au point où en sont les choses. Le 5 Septembre dernier, les Guinéens attendaient le messie, c’est le fossoyeur qui est arrivé. Ils espéraient la rédemption, c’est la déliquescence qui s’est amplifiée.
Quel que leader que ce soit, la Guinée n’en finit pas de sombrer comme si par une mystérieuse punition divine, elle était en proie à une malédiction virulente et interminable. Quel pays, mon dieu ! A chaque envol, la chute ! A chaque rêve, l’hydre de la désillusion et du cauchemar ! Mais arrêtons cette déplorable manie de tout renvoyer au Ciel.
Il ne nous a fait que du bien, le bon dieu : un bijou de pays aussi riche en minerais, que sa nature est splendide ! Tu craches en l’air, ça pousse ! De l’or et du diamant, partout où tu mets les pieds ! Et par chance, des ethnies pacifistes dans l’âme et soudées par l’Histoire, dans une Afrique où le démon du tribalisme est parfois plus mortel que la peste !
Avec un peu plus d’intelligence politique, avec un peu plus de générosité de cœur, nous aurions fait de cette terre, un petit coin de paradis. Hélas, nos enfants crèvent de faim, il faut une semaine pour aller de Conakry à N’Zérékoré. Pour le moindre rhume, nos concitoyens sont obligés d’aller squatter les hôpitaux de Dakar, de Tunis ou de Paris. La faute à qui ? Inutile de poser la question. Tout le monde sait que la Guinée n’a qu’un seul et unique problème : ses dirigeants !
On a cru un moment que Mamadi Doumbouya allait faire exception. Qu’il allait aider notre peuple groggy par 63 ans de dictatures catastrophiques à retrouver une vie politique normale après une Transition brève et intelligente. Au lieu de ça, il s’est occupé de réhabiliter le sanguinaire Sékou Touré sans un mot de compassion pour ses nombreuses et innocentes victimes.
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Combien de fois doit-on répéter que le rôle d’un président de Transition, c’est d’expédier les affaires courantes et d’organiser les élections ? Mais de toute évidence, la Transition est le dernier souci de cet homme, passé, en quelques mois, maître dans l’art de la diversion.
Avez-vous remarqué, on ne parle plus que de la récupération des biens immobiliers de l’Etat, de la vidéo d’Alpha Condé (ce pseudo-malade qui fait la fête à Dubaï avec les complicités que l’on sait) et depuis quelques jours, de quelque chose qui tient plus du lamentable folklore que du débat politique : les Assises Nationales.
Dans un pays où le discours public se nourrit de la démagogie héritée du PDG et des sermons hypocrites des prêtres et des marabouts, il est facile de parler comme l’a fait Mamadi Doumbouya en ouvrant ces Assises dont il est le seul à connaître les tenants et les aboutissants : « Les plaies sont là, béantes. Il est temps qu’on les nettoie… Évidemment, des cicatrices resteront. Elles seront les témoins de nos folies passées…Mais, elles seront surtout l’expression la plus nette de nos pardons respectifs. »
Mamaya, que tout ça !
Non, colonel, on ne peut pas ériger des stèles pour les bourreaux et demander aux victimes de pardonner ! La seule manière de nous guérir de nos folies passées, c’est de nous soumettre tous à la thérapie de choc de la vérité et de la justice.
Le mot Guinée et le mot justice sont-ils seulement compatibles ? De toute façon les Guinéens savent pourquoi vous avez prononcé ce discours larmoyant. Pour faire oublier l’essentiel : le délai de la transition et la composition du CNRD.
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C’est triste, Lieutenant-Colonel Doumbouya : après avoir raté votre destin, vous qui aviez si bien commencé, vous êtes en train de rater celui du pays.
Tierno Monénembo