Dans une interview exclusive accordée à notre correspondant basé à Kindia, le procureur du tribunal de première instance de la place a fait le point de la situation dans les affaires de crime qui ont marqué la ville ces dernières semaines. De l’étudiante Aminata SYLLA sauvagement tuée à son domicile le 04 mars dernier, à l’élève N’Fan Amara SYLLA mortellement poignardé à la poitrine au quartier Wondy, Damou  CAMARA donne de larges informations sur les enquêtes au moment où les populations de Kindia s’indignent sur ce qu’elles qualifient de silence des autorités judiciaires.

Dans l’entretien qu’il nous a accordé, le Procureur a tenté de recadrer les choses.

« Il faut un peu peser les mots. Kindia n’est pas une ville de non droit »,telle est d’entrée la réplique du procureur du TPI de Kindia à la question de savoir si les services de sécurité n’ont pas tendance à démissionner face aux cas récurrents crimes dans la ville. Sur le silence observé par la justice dans les récents cas de crimes, le procureur donne des raisons. « Si vous dites que le Parquet ne communique pas, oui c’est vrai. Mais retenez qu’autant on communique, autant le criminel prend ses dispositions. On veut qu’il s’oublie car les enquêtes sont en cours. La police a fait un énorme travail sur les différents cas », a laissé entendre Damou CAMARA.
Sur le cas de l’étudiante tuée, l’enquête a connu quelques avancées.
« Nos services ont retrouvé à côté du corps d’Aminata SYLLA son téléphone verrouillé. Avec le concours des techniciens, on a fait cinq jours à Kindia sans pouvoir le déverrouiller. Le policier chargé de l’enquête s’est transporté à Conakry où il a réussi à déverrouiller le téléphone. Il a ensuite exploité les messages et appels. On a pas vu tellement de traces de menace ou quoi que ce soit dans le téléphone. Tout de même, les enquêtes ont été orientées sur certaines personnes », explique le procureur du TPI. À date, cinq personnes proches de la victime sont provisoirement détenues à la maison d’arrêt de Kindia. « Elles sont détenues parce qu’il y a des enquêtes autour d’elles. Même hier on a eu des révélations. Aujourd’hui je viens de communiquer avec l’officier de police judiciaire chargé de l’enquête, demain il va passer réinterroger ces personnes sur ces nouvelles révélations reçues. Elles ne sont pas là-bas parce que seulement c’est elles qui étaient dans la maison mais il y a des vérifications en cours. Si on trouve au finish que certains parmi eux n’ont rien à avoir dans cette affaire, bien entendu il n’y pas de raison qu’on continue à les garder. Mais pour le moment, tout le monde est gardé », insiste t-il.
Quant au cas de l’élève de 10e poignardé à Wondy, un des auteurs a été arrêté annonce le procureur. Le second en cavale est activement recherché par les services de sécurité.
Sur ces dossiers brulants, le procureur dit comprendre l’empressement des populations mais évoque la complexité des enquêtes. « L’insécurité telle que les gens veulent interpréter ce n’est pas cela. C’est des crimes qui arrivent au moment où on ne s’attend pas. Le cas de l’élève c’était au cours d’une organisation de leur l’école. On ne peut  pas mettre un policier devant chaque porte sinon il y a la patrouille nocturne en ville, que les gens fassent confiance aux services de sécurité ils ne sont pas en train de dormir », lance le procureur.

Aux familles, proches et amis des victimes, le procureur promet de rendre justice dans ces affaires. À la population, Damou CAMARA appelle à la sérénité dans la ville.

Aboubacar  Wayé Touré depuis Kindia pour maguineeinfos.com