L’éloignement des positions entre les acteurs de la vie publique de notre Guinée en cette période transitoire est un secret de polichinelle. Sur un certain nombre de questions liées à la conduite de la transition en cours les acteurs politiques, sociaux et le CNRD ne soufflent plus dans la même trompette. Sur la durée, le chronogramme et la composition du CNRD de nombreuses divergences sont perceptibles et mettent dorénavant les parties prenantes à couteaux tiré. Pendant ce temps des graves sanctions planent au dessus de la Guinée. Face à un tel climat, une question mérite d’être posée, une seule question. Cette de savoir à qui profiteront-ils les conséquences de ce qui adviendra ? S’il m’était donné de répondre à cette interrogation, je dirais sans coup férir que c’est malheureusement notre pays qui, dans son entièreté, en payera le prix fort. Jamais le radicalisme n’a résolu de manière définitive une crise de ce genre. Qu’il s’agisse du CNRD, des acteurs de la société civile ou des leaders politiques, chacun dans un sursaut patriotique doit inéluctablement lâcher du lest afin que notre pays sorte gagnant de cette imbroglio politico-diplomatique. Dans quelques jours la CEDEAO prendra des sanctions contre la Guinée du fait du manque de lisibilité dans la transition. A ce propos il me plait ici d’en appeler à la sagesse et à la clairvoyance des autorités de la transition en leur disant qu’il les incombe et à eux seuls d’œuvrer en sorte que la Guinée, sous cette transition, ne soit pas soumise à des sanctions économiques de quelque nature que ce soit. Nous vivons déjà un moment difficile et donc politiquement très sensible pour ne pas davantage aggraver une équation déjà complexe. Il n’est de secret pour personne qu’une batterie de sanctions contre la Guinée dans le contexte actuel aura pour conséquence fâcheuse d’attiser les frustrations internes et conduira sans doute à des remous dont nul ne connait les tenants et les aboutissants. Il revient donc aux autorités en place de prendre de la hauteur afin d’apaiser le climat sociopolitique à la satisfaction de tous.Aux acteurs de la société civile de prendre en toute responsabilité leur bâton de pèlerin en vue de rapprocher les positions. Encore une fois le jusqu’auboutisme n’est jamais la solution en pareil circonstance. C’est pourquoi la société civile en pareille circonstance a un grand rôle à jouer. Il s’agit d’un rôle de médiateur afin d’amener les uns et les autres à bouger de leurs positions initiales. Ceci est une mission qui leur est sacrement dévolue. C’est aussi un devoir patriotique dont chaque bon guinéen devrait s’acquitter.A la classe politique, à laquelle j’appartiens aujourd’hui, il revient de cerner l’aspect critique de la situation que traverse actuellement le pays. Nous venons de loin, de très loin. La Guinée sort d’une décennie de gestion chaotique. Pour ce révéler de cette situation elle a besoin à coup sûr d’une certaine stabilité. Les revendications de la classe politique sont sans doute légitimes ; il nous faut de la lisibilité de cette transition. Mais cela peut s’obtenir autour de la table de dialogue. Tout n’est pas parfait, loin s’en faut. Mais il faut savoir d’où l’on vient et qu’avons-nous à faire durant cette transition. Tout est prioritaire et le CNRD est animé à juste titre de l’intention de bien faire. C’est vrai il ne les revient pas de tout faire mais, convenons-en, ils doivent de toutes façons jouer leur partition et laisser des traces indélébiles qui marqueront les esprits pour longtemps et de manière positive.
Par Dr Mouctar Diallo
Président du Parti des Socio-travailleurs de Guinée (PSTG)