Après des mois d’attente, la durée de la transition, le noeud gordien de discorde entre les acteurs politiques, fut annoncée par le CNRD à l’issue des concertations nationales, auxquelles toutes les composantes de la nation ont pris part.
Ces propositions de date qui seront soumises au Conseil National de la Transition, qui fait office d’assemblée nationale, pour approbation telle que prévoit la charte en son <<article 77>> ne cesse de susciter grand tollé entre une frange de la classe politique et le CNRD.
Pour cette frange la transition politique ne peut avoir qu’une seule visée, celle d’organiser des élections inclusives, transparentes, et crédibles.
Tant disque pour d’autres, au-delà de cette vision réductrice et erronée de la transition en l’unique but électoral, une transition politique se veut réformatrice, restauratrice, de surcroît dans un contexte sociopolitique délétère tel que c’est le cas en Guinée. La corruption, l’injustice, la confiscation de la libre expression, la mal gouvernance, les atteintes aux libertés fondamentales et à l’intégrité physique de la personne et autant de maux caractérisant un pouvoir dictatorial rétrograde, nous ont amené à cette transition. La situation présente donc est marqué par la crise de confiance et l’incurie d’une élite majoritairement corrompue animatrice d’une classe politique qui s’est illustrée par son ambivalence, sa myopie politique et même sa malsaine manipulation des couches populaires pour des desseins égoïstes inavoués: la conquête du pouvoir, pour « s’en mettre plein les poches ».
Sans l’once d’un doute cette seconde position paraît plus pertinente au regard de notre histoire socio politique. Du parti état au pluralisme politique, l’échiquier politique continue à succomber sous la spirale omniprésente de violences, des ravages de l’ethno stratégie et du replis identitaire pour ne citer que cela, détériorant ainsi ce vivre ensemble entre nos communautés, qui ont toujours cohabitées en parfaite symbiose depuis des lustres.
La transition, s’adresse à ce lourd héritage d’une classe dirigeante et politique qui ont monumentalement échouées. Ce sont ces mêmes acteurs qui récidivent avec ces malheureuses pratiques qui nous conduiront encore vers un précipice, et mettre en péril toutes nos potentielles chances de bâtir une Guinée unie et prospère dotée d’institutions fortes et légitimes.
Fédérer les efforts pour que cette transition ne connaisse pareille mésaventure une fois de plus, doit être notre réel objectif. Car les réformes courageuses et impopulaires engagées depuis le cinq septembre ne sauraient être entreprises par un président démocratiquement élu, à fortiori par un président issu d’un suffrage à l’instant présent, où nous n’avons que des partis ethno stratégiques.
Ces quelques kyrielles de réformes: foncières, administratives, assainissement à la fonction publique visant l’emploi, assainissement financier et économique avec la CRIEF et tant d’autres signaux positifs qui ne sont pas exhaustifs méritent un accompagnement des uns et des autres pour une transition réussie. Voilà à notre entendement ce qui devrait être la préoccupation première de tous, en lieu et place des élucubrations des politiques quant à la durée de la transition.
Kader Diaré
Juriste publiciste