L’augmentation des prix mondiaux des carburants et des denrées alimentaires a rendu encore plus compliqué le quotidien des 10 000 habitants de Kroo Bay, l’un des plus grands bidonvilles de Freetown, la capitale du pays.
Les Sierra-Léonais des bidonvilles de Freetown, qui subissent les coupures récurrentes d’électricité, les pénuries d’eau, le non traitement des eaux usées et les services de santé insuffisants, doivent aujourd’hui lutter contre la faim. En effet, le conflit en Ukraine a entraîné une flambée des prix des produits de première nécessité.
Sept photos de John Wessels, qui s’est rendu à Freetown le 15 avril 2022, illustrent ce propos d’après un reportage de l’AFP.
La Sierra Leone est l’un des dix pays au monde dont l’indice de développement humain des Nations unies (qui agglomère plusieurs données : PIB par habitant, espérance de vie, niveau d’éducation…) est au plus bas. Malgré ses richesses naturelles en diamants, le pays reste extrêmement pauvre et la guerre en Ukraine déclenchée par la Russie fin février 2022 a accentué cette situation et fragilisé la vie de ses 7,5 millions d’habitants.
L’Agence de régulation des produits pétroliers a relevé fin mars 2022 les plafonds de l’essence et du gazole respectivement de 34% et 40% par rapport à janvier, invoquant des difficultés d’approvisionnement liées à la « détérioration de la situation géopolitique en Europe ». Si le gouvernement est intervenu pour amortir le choc et faire en sorte que le surcoût sur les importations ne soit pas entièrement répercuté à la pompe, cela n’a pas empêché les chauffeurs de taxis et de camions de se mettre en grève.
De plus, le Programme alimentaire mondial des Nations unies, qui a déclaré le 14 avril que l’Afrique de l’Ouest faisait déjà face à une « crise alimentaire et nutritionnelle sans précédent » à cause des conflits, du changement climatique et du Covid-19, dit avoir besoin « de toute urgence » de 951 millions de dollars supplémentaires au cours des six prochains mois pour cette zone. Et ajoute : « Le nombre de personnes souffrant de la faim aiguë dans la région a quadruplé en trois ans, atteignant cette année son niveau le plus élevé depuis 10 ans. »
Selon la Banque mondiale, 43% des Sierra-Léonais subsistent avec moins de 1,9 dollar par jour. Et la forte hausse des prix de produits aussi essentiels que le riz, l’huile ou les carburants liée au conflit à l’est de l’Europe rend la vie quotidienne encore plus compliquée pour les habitants les plus pauvres, comme ceux du bidonville de Kroo Bay à Freetown.
Dans ces quartiers miséreux, les plus démunis assurent ne plus avoir de quoi nourrir leurs familles. « Il faut qu’on nous aide », implore une mère de trois enfants dont le mari a perdu son emploi pendant la pandémie de Covid-19. « Avec un seul repas, tard le soir, c’est à peine si on survit. (…) On n’a pas de nourriture, pas d’eau, pas d’électricité », explique-t-elle à l’AFP.
Un épicier souligne que tous ses fournisseurs ont augmenté leurs tarifs. Il déclare : « Ce n’est pas nous qui sommes responsables de la hausse des prix, c’est un problème mondial. » Un sac de riz de 50 kilos qui coûtait l’équivalent de 27 euros se vend à présent 32 euros, une hausse de 20%. Un autre homme, enseignant à Freetown, déclare: « Nos salaires ne suffisent pas à payer la nourriture, les vêtements et les factures de la maison. (…) Nous sommes pauvres et nous avons faim. »
La banque centrale a chiffré début avril 2022 à 17,6% l’inflation du mois de février. Le président Julius Maada Bio a déclaré récemment : « La guerre en Ukraine n’est pas notre affaire, mais nos compatriotes souffrent. » Elu en 2018 en ayant fait vœu d’agir pour aider « les gens ordinaires », le président aura du mal à tenir la promesse faite pendant sa campagne de s’attaquer au problème de la pauvreté et de la faim, précise l’AFP.
Franceinfo avec AFP