Depuis plus de trois jours maintenant, les programmes de la Radio Espace Foutah sont à l’arrêt. Pour causes, les travailleurs de ce média local sont en grève. Ils réclament à la Direction générale une amélioration des conditions de vie et de travail. Une réclamation qui, pour le moment, tombe dans une oreille inattentive. Beaucoup d’auditeurs de ce média qui a une audience considérable et très suivi ont été surpris de l’arrêt spontané de ses programmes.

Le Rédacteur en chef de la Radio, qui égrène un chapelet de difficultés auxquelles ils sont confrontées au quotidien, au sein de leur rédaction, déplore un manque de volonté de la Direction générale.

«On a demandé une amélioration des conditions de travail d’abord. Vous n’êtes pas sans savoir que nous sommes en train d’évoluer au sein d’une rédaction où les gens ne sont pas soumis par la passion. Parce que si c’était pas par la passion, y a des choses qui ont été faites qui n’auront jamais pu voir le jour. On a des gens qui ont utilisé à date, au moins quatre ordinateurs personnels pour le travail de la radio. On a des gens qui ont utilisé des enregistreurs personnels pour le travail de la Radio. On a des gens qui ont utilisé de la connexion personnelle pour le travail de la radio. On a des gens qui, malgré que les salaires sont petits et que les salaires retardent, prennent dans leurs maigres moyens pour pouvoir faire fonctionner la radio, lui donner une image respectable», a révélé Ousmane Tounkara chez nos confrères de foutahnews.

Ces journalistes qui n’ont pas hésité de décrire la dégradation de leurs conditions de travail, disent pourtant ne pas demander la lune à leur employeur. Mais, ils aspirent comme tout travailleur, à une amélioration salariale étant donné que la radio engrange une rentabilité considérable.

«Ce n’est pas trop demander que de demander l’amélioration des conditions de travail. L’autre chose qu’on a demandée, c’est l’amélioration des conditions de vie. Chaque personne cherche à s’améliorer. Si la radio ne rapportait rien à Lamine Guirassy, il aurait abandonné de longue date, ce n’est pas que par amour des gens, ce n’est pas que par amour du métier de journaliste qu’il le fait, c’est parce que y a des retombées positives», renchérit le rédacteur en chef qui selon lui, a poussé Lamine Guirassy, PDG d’Hadafo Médias, à investir ailleurs.

«Lorsque vous parlez de radio Espace Foutah, partout où il passe, y a des témoins sonores. Partout où il passe, il s’enorgueillit du travail de la radio Espace Foutah qui lui a donné le courage d’investir ailleurs. Alors qu’il rende pas en monnaie de singe le travail et le sacrifice qui ont été faits par ces gens-là. C’est pas trop lui demander d’augmenter le salaire des ses employés qui se sont saignés à blanc pour que la radio Espace Foutah rayonne au milieu de tous les autres médias ici», analyse t-il.
L’objectif premier de ces grévistes composés de journalistes et de techniciens réunis au sein d’un collectif, était de faire un débrayage et non une grève. Leur requête n’ayant pas été prise en compte par la Direction, ces confrères ont décidé d’appuyer sur le champignon.

«Au départ, on voulait un débrayage parce que nous sommes conscients des enjeux, nous sommes conscients qu’Espace est venu s’ancrer dans le quotidien des auditeurs. Quand on fait rupture d’émissions, y a comme une dépendance qui est là qu’ils réclament. Et donc, on ne voulait pas sevrer brutalement les auditeurs mais, le mépris de la Direction générale, le mépris de la Direction locale nous a poussé à durcir le ton», justifie notre confrère.

Face à l’indifférence de la Direction Générale à leur réclamation, les employés de ce média qui a conquis les cœurs de ses auditeurs, ont décidé de faire une grève illimitée. Ils soutiennent qu’ils ne vont pas courber l’échine et n’excluent pas d’ailleurs, de réclamer Lamine Guirassy, PDG du groupe Hadafo Médias, comme leur interlocuteur direct.

«Ce n’est plus un débrayage, il est question d’une grève illimitée parce qu’on s’est heurté à un mur de béton, on s’est heurté à des gens qui sont sans cœur et qui n’ont pas d’oreilles et donc, on a décidé d’aller comme ça. On est passé par tout ce qu’on pouvait faire de normal, de légal, pour pouvoir toucher leur sensibilité, on n’est pas parvenu humainement et socialement. On a d’autres cartes en mains et on finira par réclamer la négociation qu’avec Lamine Guirassy», avertit Ousmane Tounkara.

En attendant qu’une issue à ce problème soit trouvée entre les protagonistes, les programmes habituels du média sont pour le moment interrompus, mais la Radio reste synchronisée avec la Radio espace Conakry. Nous apprenons d’ailleurs, que les grévistes auront ce samedi un entetien à huis clos avec l’Inspection générale du travail de Labé. Quant aux auditeurs, ils doivent encore garder leur mal en patience.

Mamadou Aliou Diallo pour maguineeinfos.com