L’actuel chef de l’état guinéen, le professeur Alpha Condé, est aux affaires depuis l’année 2010 suite à des élections dites démocratiques. Ce conformément à la constitution du pays qui stipulait entre autre que le chef de l’état est éligible pour une durée de 5 ans avec 2 mandats au plus. Cette loi du pays insistait aussi sur le fait que toute éventuelle révision de son contenu ne devrait transgresser ce particulier passage qui d’ailleurs est, peut-on dire, le seul connu du guinéen lambda.
Le Professeur Alpha Condé a donc bénéficié de la confiance de ses compatriotes deux fois et a alors juré deux fois de défendre, respecter et faire respecter l’essentiel de cette loi du pays. Lors de sa prestation de serment le Président de la cour constitutionnelle le mis en garde très tôt contre les sirènes révisionnistes. Celui-ci sera demi de ses fonctions dès l’entame du second mandat d’Alpha Condé.
Mr Condé commença par semer le doute sur son intention de respecter le principe sacro-saint de notre constitution, à savoir léguer le pouvoir après son deuxième mandat. Aux multiples questions relatives à son intention après son second mandat, il indique qu’il revient au peuple de Guinée de donner la bonne réponse. Mais dès le début de l’année 2019, c’est-à-dire 2 ans avant l’expiration de sa dernière magistrature, il mit en marche une machine à exécution de son désir de se maintenir au pouvoir après 2020.
L’objet de ce texte est d’ouvrir un débat sur l’opportunité ou non, le bénéfice ou le danger encouru par les uns et les autres y compris lui-même Mr Alpha Condé et son parti le RPG. Pour ne pas heurter certains esprits cherchons plutôt à répondre à la question. En quoi un
mandat de plus pour Mr Alpha Condé est opportun et/ou bénéfique ?
Une réponse honnête et sincère à cette question requière une conscience patriotique accrue, une souvenance des circonstances ayant conduit l’arrivée de Mr Condé au pouvoir, un rappel des conséquences des 26 ans de pouvoir de Sékou Toure et des 24 ans de Lansana Conte suite à une révision constitutionnelle. Une réponse durable et honorable à cette question demande aussi de sacrifier ses intérêts particuliers au bénéfice des intérêts supérieurs de tous les compatriotes, l’intérêt des générations présentes et futures. La bonne réponse à la question ne demande aucune passion, aucun parti pris. Un tel positionnement est aujourd’hui difficile pour plusieurs d’entre nous. En effet, quelqu’un qui bénéficie des avantages ou de la protection du régime actuel peut être tenté de souhaiter sa pérennisation; quelqu’un qui résonne ethnie peut être pour ou contre le pouvoir de Mr Condé ; en fonction des convictions politiques des gens peuvent en être pour ou contre ; celui qui ignore ou ne considère pas l’histoire de la Guinée indépendante peut garder une certaine indifférence à cette question si importante.
Dans la suite du texte nous essayons de proposer une réponse non partisane et personnellement désintéressée.
1. Selon les arguments qu’il est un bon chef d’Etat, et qu’il doit achever ses chantiers
Ceux qui estiment que le Président Alpha Condé a fait des œuvres si gigantesques pour le pays qu’il faille le maintenir au pouvoir ne se rappellent pas que lui-même fit son mea-culpa plus d’une fois face à ses manquements par rapport aux attentes de ses compatriotes. Ce sont ces manquements qui le firent changer d’équipe gouvernementale trois fois déjà.
Il a opté pour deux gouvernements parallèles: un, sous la coupe d’un dit premier ministre, et un a’ la présidence avec une pléthore de ministres et ministres conseillers sur le dos du contribuable guinéen. Parlons un peu de ses gouvernements sous la coupe des premiers ministres. Nous connaissons très peu de l’utilité des autres.
Le premier de ces premiers ministres fut Said Fofana qui brilla par sa politesse et sa dévotion à son chef. Pas par sa capacité de manager une équipe gouvernementale autour d’un programme de développement. Il sera changé pour absence de résultats et remplacé par le jeune Youla. Ce gouvernement est dédié aux jeunes et aux femmes. Les multiples mouvements politiques qui firent échouer le gouvernement Said ajoutés aux grèves des travailleurs ne donnèrent pas de chance à Youla. Ce fut le moment d’espérer avec un gouvernement « à l’écoute du peuple » de Kassory Fofana. A plusieurs reprises le Président reconnu lui-même l’incompétence de ses ministres, ce qui est la cause d’absence de résultats tangibles face aux attentes de ses concitoyens. Il n’a aussi cessé de blâmer le virus Ebola et les multiples marches de l’opposition et des syndicats. Pour le choix d’hommes et de femmes capables de fournir les résultats attendus, il regrettera le décès de son frère qui connaissait mieux les guinéens.
Aujourd’hui, certains guinéens, ceux qui avaient conduit notre pays a’ la présidence à vie sous Lansana Conte, avec les conséquences que l’on connait, les mêmes reviennent nous chanter que notre président est le meilleur, qu’il doit achever ses chantiers. Ces messiers veulent faire oublier au peuple de Guinée que le Président Alpha est entrain de continuer les programmes de développement du pays à partir du point d’arrêt de son prédécesseur et que son successeur débutera la’ où il s’arrêtera. Qu’il ait fait assez ou peu. C’est cela’ la vérité. Le reste est du bluff.
Ceci n’est qu’un rappel, supposons que le Président Alpha Condé ait ouvert plusieurs chantiers, à condition qu’il poursuive endetter la Guinée sur le dos de nos enfants et petits-enfants. Accordons-lui ce crédit. Mais peut-il nous dire quand est ce que les chantiers d’un pays s’achèvent ? Les Etats Unis, le Japon, la France, la Chine, l’Allemagne, le Sénégal, le Ghana, … ont-ils achevé leurs chantiers de développement ? Les chantiers pour le développement d’un pays ne finissent jamais. Donc notre Président devrai être la’ tant que la Guinée existera. Est-ce possible?
Mais plus concrètement, considérons quelques secteurs prioritaires de notre vie quotidienne pour analyser notre progrès sous la magistrature de Professeur Alpha Condé
D’abord notre système éducatif. Les différents ministres qui s’y sont succédés ont apporté très peu à ce secteur vital. Notre système éducatif, a-t-il évolué comparativement à ce qu’il était du temps du Général Conte ? Niveau des élèves, compétitivité au niveau sous régional et international. Nos étudiants, continuent-ils à envier une formation au Sénégal, au Ghana, au Maroc, en France, aux US, … Le niveau de nos élèves en langue française, anglaise, sciences exactes s’estil différencié à tel point qu’il faut conserver notre cher Prési ? Notre système éducatif d’aujourd’hui réduit-il le chômage des diplômés ? A-t-il freiné l’exode oh combien risqué vers l’Europe et ailleurs ? Les récurrentes grèves des personnels du système éducatif du Président Condé sont-elles de nature à espérer mieux ? Comparons la qualification des cadres formés sous le Président Alpha et ceux sous le défunt Sékou Touré. Qu’en est-il des infrastructures et équipements scolaires et universitaires des ères Conté et Condé? L’on pourrait se féliciter d’une recrudescence d’écoles privées. Mais les enseignements qu’on y donne sont-ils les meilleurs ? Souvent les apprenants y vont par absence d’écoles publiques, ce, surtout à Conakry où le cout de transport pour joindre une école publique est bien plus exorbitant que les cours privés. Y a-t-il réellement de quoi justifier une présidence à vie de nos actuels dirigeants?
Ensuite nos infrastructures routières, d’habitat. Nier le développement des infrastructures d’hôtellerie relèverait d’une certaine malhonnêteté. Cependant notons que celles-ci ne servent directement qu’à des étrangers et quelques guinéens nantis. Le guinéen moyen ne niera pas l’impact des taxes et autres redevances à condition d’une bonne gestion de celles-ci. Les autres types de bâtiments à usage privé se multiplient, mais ce, depuis le régime libéral prôné par le Président Conte’ en 1985. Ces constructions se seraient même accrues si la sécurité des personnes et de leurs biens était assurée par le pouvoir Condé. Pour le commun des guinéens l’inoubliable façade de l’habitat sous le régime du Président Alpha est sans doute la destruction « sans état d’âme » de nombreux bâtiments de citoyens comme ceux de Kaporo rail.
Le développement des infrastructures routières est nettement en deçà des attentes malgré les gros endettements auxquels le pouvoir soumet les fils et filles du pays. En effet, comparativement au désenclavement en Haute Guinée par les grands ponts construits du temps de Conte, des réalisations d’aérogares et de routes au Sénégal par Macky Sall et en Côte d’Ivoire par Ouattara, de quoi regretterions nous une fin heureuse de Mr Condé qui respecterait l’essentiel de notre loi fondamentale ? Nos chantiers routiers qui ne sont en général que de simples resurfaçages de nos routes disparaîtront avant que nos enfants n’aient fini de rembourser les dettes à eux léguées. Ces colossales dettes auront surtout servi à nous déposséder de nos ressources minières, enrichir d’autres pays. Des chantiers comme l’autoroute Coyah-Dabola, les ronds-points Cosa et Bambeto ne sont-ils pas annoncés que pour compléter les listes de chantiers inachevés du Président ?
Venons-en à d’autres secteurs comme
L’eau et l’électricité. Occulter l’amélioration de la desserte en électricité ne serait pas honnête.
Comparaison faite par rapport aux régimes précédents. Mais vus le temps, les attentes, les opportunités et potentialités, les résultats sont-ils honorables ? Absence d’électricité dans nos villages, desserte saisonnière et temporaire pour les centres urbains qui en ont, tape à l’œil électrique dans nos chefs-lieux de CRD, sont les caractéristiques de notre société EDG.
Quant à la desserte en eau potable, les résultats sont minables. Dadis Camara a fait mieux en un an. A Conakry la capitale et les villes de l’intérieur, les populations du château d’eau de l’Afrique survivent grâce aux multiples forages réalisés par de simples citoyens. Ne faisons pas cas de sommes colossales de devises investies dans les secteurs eau-électricité sur le dos du contribuable guinéen. Les couts de barrages en construction dépassent les normes connues au niveau mondial.
L’élevage et l’agriculture. Le secteur de l’élevage est le plus malheureux oublié du pouvoir actuel. Les cadres du régime se battent tous pour éviter d’occuper le poste de ministre au niveau de ce secteur. Son budget est moins de 1 pour mille. La politique agricole a-t-elle réduit de manière significative les importations de denrées agricoles, ou a-t-elle accru les exportations de fruits, de légumes conformément aux potentialités existantes, ou a-t-elle amélioré le panier de la ménagère ? Existent-ils des projets agricoles à la dimension de justifier une présidence à vie ?
Du domaine de notre santé. En dehors de notre vulnérabilité face à des épidémies comme Ebola, nos populations font-elles confiance à notre système de santé ? Puisque c’est avant tout, ça d’abord. Même nos médecins se font soigner au Sénégal, à côté. Pour le moindre mal, le guinéen s’envole pour Dakar, Tunis, Rabat ou ailleurs. Le guinéen n’a pas confiance à son système de santé. De ce point de vue le pouvoir actuel est-il enviable ? Ne tergiversons pas sur les infrastructures et équipements, encore moins sur la performance et le professionnalisme de notre personnel sanitaire.
La question d’assainissement de nos villes à commencer par la capitale semble sans réponse. Les conséquences sur la vie et la santé de nos concitoyens sont sans appels: noyades, épidémies, décès.
La sécurité des personnes et de leurs biens sous le pouvoir de notre bon président. Comparé à tous les pouvoirs qui ont précédé Mr Alpha Condé, jamais la question de sécurité n’a été si préoccupante: vols à mains armées, kidnappings (jamais connu avant), viols, destruction massive de biens…, la population est désemparée jusqu’au dernier village. Les forces de sécurité ne sont promptes que pour protéger le pouvoir et le malfaiteur mais rarement la victime.
De la cohésion sociale. Sans langue de bois, quel est l’effort fourni par notre président pour réconcilier les guinéens divisés pour qu’il soit au pouvoir? La politique de diviser pour régner aura été l’outil dont le président Condé s’est le plus servi durant ses deux mandats. En a-t-on besoin pour notre nation ?
La justice. Notre système judiciaire a-t-il évolué ? La justice est-elle indépendante ou assujettie au pouvoir pour inspirer confiance ? Est-elle équitable ? Les dirigeants, respectent-ils la loi, ou bien la loi les respecte ? Le pouvoir, veut-il réécrire notre loi fondamentale pour se maintenir ou non ? La réponse donnée nous édifiera sur une nécessité de pérenniser ou non un tel système. Les démissions des ministres de la citoyenneté Gassama Diaby, et de la justice, Check Sacko en disent long.
La corruption et les détournements des deniers publics. Ils se sont quasi généralisés à travers le pays. Le nier ferai un manquement.
La monnaie et le fisc. La monnaie et le fisc sont normalement des outils très importants pour réguler l’économie dans un pays. En Guinée aujourd’hui, il existe une très grande masse monétaire à telle enseigne qu’il devient très difficile de lire nos montants en GNF. L’on se souviendra qu’un ministre de l’éducation et un député avaient été incapables de lire les montants des budgets de leurs secteurs respectifs tant les valeurs nominales sont énormes pour des valeurs réelles modestes. Le Président Condé est arrivé au pouvoir quand le dollar valait 700 000GNF. Aujourd’hui le ratio est de 1 pour 10 000 soit une perte de valeur par rapport au dollar qui avoisinera 50% au cours de ses deux mandats. Les prix ne font que galoper pour le guinéen lambda. Ceci est, en partie, dû à un système fiscal inadéquat. Les augmentations de salaires suite aux grèves des travailleurs suivies des majorations des prix de carburants en sont pour d’autres. Tout ceci concoure à une paupérisation continue de la population qui apprend tous les jours que le taux de croissance du PIB est positif, voire même de deux chiffres.
Nos ressources minières seraient aujourd’hui valorisées selon de meilleures normes. Pour le commun des guinéens, l’impact de nos ressources minières est plutôt négatif. Les zones minières qui devraient être des régions où il fait bon vivre sont plutôt des zones d’interminables tensions sociales pour chômage des jeunes, manque d’infrastructures, manque ou absence d’électricité, désordre environnemental. Nos ressources minières nous épargnent elles de payer le carburant cher par rapport aux pays voisins, nous épargnent elles de payer des frais médicaux inadéquats, nous ont-elles permis de bénéficier de bonnes écoles pour nos enfants, ou de bonnes routes ?
L’emploi ou plutôt le chômage. Le Président Condé a fait de l’emploi jeunes un slogan jusqu’à en créer un département ministériel. Disons d’abord que dans pays on parle de l’emploi tout court et non de l’emploi jeune ou de l’emploi femme et on en détermine le taux par rapport à la population apte à travailler. Certains parlent de Work Force ou Labor Force. Les ministres en charge de l’emploi ont-ils connaissance du nombre de bras valides dans le pays pour déterminer le taux de chômage ? Nous crions à tort et à travers qu’il y a chômage ou emploi sans aucun repère. Aucun des ministres de l’emploi n’a voulu se soumettre à cet exercice aussi informateur et utile pour le pays. Et ils s’évertuent à dire qu’ils travaillent.
Conclusion n°1: le bilan économique et social du Président Alpha Condé n’est pas si élogieux à abandonner notre route vers la démocratie pour le maintenir au pouvoir après le temps à lui dévolu. Donc, une mandature à lui de plus est inopportune.
Justificatif: il a lui-même reconnu plus d’une fois le manque de résultats tangibles. Les démissions du gouvernement de personnalités cotées fidèles au régime constituent aussi des signaux forts.
2. De notre expérience commune des mandats à vie
Nous, guinéens, devons être des donneurs de leçons pour les présidences à vie. Nous en avons vécues les conséquences a’ plusieurs reprises.
Le Président Sékou Touré mourut au pouvoir après 26 ans. Il fut l’un des plus puissants présidents au monde avec un parti unique, le PDG, que l’on considérait absolument inébranlable. Dès sa mort, tout son système s’écroula en une semaine. Le pays se retrouva sans pouvoir légitime, une junte militaire s’accapara de la présidence. La suite, on la connait : chasse aux sorcières, règlements de comptes, éliminations physiques de hauts cadres civils et militaires du précédent régime, suppression de tous les symboles de la dite nation telles la constitution et l’assemblée.
Lansana Conté devenu Général pris la commande. Il fit écrire une nouvelle constitution après 10 ans de pouvoir. Constitution dimensionnée a’ sa taille pour qu’il soit élu pour 5 ans deux fois de suite. Ce fut sans connaitre ses ambitions et surtout celles de son entourage. C’est quasiment les mêmes qui encombrent Alpha Condé aujourd’hui. Ils firent réécrire une autre constitution pour permettre au Général d’achever ses chantiers pour la Guinée. Ceci fut fait en 2001. Il fut ré-réélu. Ce nième mandat fut légendaire pour Lansana Conte et ses concitoyens. Tout le monde se rappellera des sanguinolentes grèves de janvier et février 2007. Le peuple de Guinée, comme un seul homme, se leva contre celui qui finissait ses œuvres bienveillantes. Notons que le parti dont il se servait était le PUP. Le Général mourut au pouvoir après 24 ans de règne. Tout s’effondra de nouveau. Une nouvelle junte avec à sa tête Moussa Dadis Camara prit le règne.
Dadis tenta de suivre le chemin de son prédécesseur. Le peuple dit non. Dans une confusion une main invisible le déposa au Burkina Faso. Les Forces Vives firent écrire une autre constitution par un organe, le CNT, la nième depuis notre indépendance. Cette dernière constitution se vit essoufflée par le nombre de lois que nous écrivons et réécrivons dans le seul dessein de maintenir quelqu’un au pouvoir. Elle trancha : un mandat de 5 ans deux fois au plus. Ceci ne doit être modifié.
Le Président Alpha Condé prit fonction dans ces conditions. A l’approche de la fin de son second quinquennat, ceux qui avaient poussé Lansana Conte et l’ensemble du peuple de Guinée dans les circonstances que nous connaissons, surtout au ternissement de l’image de Lansana et du PUP, les mêmes reprennent leur sale besogne : une constitution de nouveau pour permettre à Alpha d’achever ses œuvres.
N’en avons-nous pas assez ? Les acteurs politiques de ce pays doivent mettre de l’eau dans leur vin. Ils doivent avoir un peu de pudeur vis-à-vis de la population guinéenne qui n’est pas leur propriété. Les ressources de ce pays ne sont non plus leurs propriétés exclusives. Combien de générations de ce pays vont passer leur temps à écrire et réécrire des textes rien que pour faire plaisir à un groupe d’hommes insatiables ?
Conclusion n°2 : les leçons tirées de notre histoire ne nous recommandent pas d’opter pour une présidence à vie. Une mandature à lui de plus est plutôt maléfique.
Justificatif : perpétuels recommencements, règlements de comptes, partis politiques éphémères,…
3. Pour le RPG
Si le RPG veut se pérenniser, il doit tirer les leçons sur ce que le PDG et le PUP représentent aujourd’hui et surtout ce qui en est la cause. Notre loi fondamentale ne dit pas qu’un parti politique ne se succède pas à lui-même. Si le Président Alpha a des acquis, c’est bien à l’actif du RPG. Il serait alors louable que ce parti qui a tant d’acquis et d’atouts, à commencer par le soutien du Professeur Alpha Condé, puisse présenter un autre candidat pour les échéances de 2020. Ceci aurait le double avantage d’achever les chantiers du prédécesseur et de sauver notre démocratie balbutiante. Ceci mettra aussi en exergue l’effort interne fourni par le président pour pérenniser son parti. Ce sera un bel exemple pour la Guinée. Jusqu’ici, en Guinée, certains hommes malins se servent juste d’un parti pour accéder et se maintenir au pouvoir pour le reste de leur vie. C’est égoïste non !
Autrement le RPG navigue entre deux navires tous risqués.
Si Alpha est maintenu, il mourra au pouvoir et le RPG mourra avec lui comme le PDG et le PUP.
S’il périt dans la course, plusieurs cadres du parti périront avec lui et le parti s’effondrera. On ne le souhaite pas pour un parti qui a consenti tant de sacrifices.
Conclusion n°3 : le RPG n’a rien à gagner en essayant de reconduire Mr Alpha Condé. C’en est plutôt maléfique.
Justificatif : le PDG et le PUP en sont les meilleures références.
4. Qu’en est-il pour le Professeur Alpha Condé lui-même
Le Professeur Alpha Condé s’est longtemps battu pour des ambitions politiques. Ce, avec passion et détermination, avec patience et conviction, avec persistance et prise de risques. Il a su suivre son destin, Dieu l’a aidé. Il a combattu Sékou Toure qui l’a condamné par contumace et qui mourra laissant Alpha vivant. La même Alpha affrontera Lansana Conte qui l’emprisonnera deux ans durant, mais laissera Alpha vivant saint et sauf. La lutte pour le pouvoir en Guinée, il la mènera avec et contre des condisciples comme Siradjou Diallo, Bah Mamadou, Alpha Sow, Jean Marie Dore et autres qui mourront tous pour laisser Alpha seul vivant. Ce fut comme si le bon Dieu lui défrichait le chemin. Ainsi, en 2010, de son âge et de son expérience politique, il était seul sur le ring pour la conquête de la présidence de la république. En face de lui, des candidats plus jeunes, même beaucoup plus populaires. Mais expérience aidant, confondu avec le destin que Dieu le prédestinait, il conquit le pouvoir et s’installa à Sekoutoureya. Son score aux primaires n’était que 18%. Son challenger en avait 44.
Il dirigea le pays non sans difficultés face à une opposition majoritaire, complétée par des mouvements syndicaux pas des moindres, des cadres peu orthodoxes, tout ceci avec une expansion surprise du virus Ebola qui séjourna deux ans en Guinée. Mais il s’en sorti, se battant quasiment seul en manipulant tout le monde d’autre. Il gouverna donc seul. Avec des ministres souvent défaillants ou même très défaillants. Il eut presque toujours le dessus sur ses opposants qu’il parvint à diviser. Même chose vis-à-vis des syndicats. Il fournit peu d’efforts pour l’unité nationale qui, peut-être, lui serait peu arrangeante. Deux mandats de suite avec beaucoup d’honneur sur la scène internationale, puisqu’il parvint à conquérir également le poste de Président de l’Union Africaine, ce que ses prédécesseurs présidents guinéens n’avaient pu décrocher malgré leur long séjour au palais de la colombe comme on le dit. Il influença la scène internationale notamment avec la Cope 21. Il voyagea à travers le monde entier, et régulièrement. Bref il fut honoré et respecté au niveau international en dépit de quelques affrontements avec l’opposition à l’étranger. L’on puisse dire qu’il a eu plus que prévu.
Cependant, il ne combla pas les attentes des guinéens dans les domaines des services sociaux de base comme indiqué plus haut. Sa gestion des questions politiques laissent à désirer. Des centaines de jeunes opposants tous peuhls moururent pour des fins politiques. Son parti ne vainc à des élections qu’en Haute Guinée. Dans les autres régions du pays, et particulièrement à Conakry, pour gagner il faut les manigances d’Alpha lui-même.
C’est dans cette conjoncture pas très reluisante au plan intérieur que le Président de la République, par son entourage immédiat, est en train de cautionner, comme son ainé le Général Lansana, d’ailleurs à l’aide des mêmes personnages, une autre réécriture de notre loi fondamentale pour se maintenir après 2020. Donnons-lui raison en tant que chef africain. Les honneurs, l’argent, le commandement, les voyages de luxe, et j’en passe, sont toujours très tentants et ne sont pas faciles à abandonner surtout dans des pays où les lois sont modifiables par la seule volonté d’un chef autoritaire. Donc humainement, en tant qu’africain l’on peut lui concéder son plan. Notre propos ici concerne ce qu’il peut en tirer comme profit ou perte. Opportunity cost, disent les économistes.
Dans cet exercice il y a un seul qui joue. C’est le professeur Alpha Condé.
Mais il y a 4 acteurs qui perdent ou qui gagnent. Ce sont : le Professeur joueur, son entourage, le RPG, la Guinée.
Trois variantes possibles pour le match :
1. Le Professeur ne joue pas, il renonce à son projet et respecte la constitution
2. Il joue et il réussît à modifier la constitution pour devenir président à vie
3. Il joue et il perd, le peuple ou l’armée prend le dessous
Pour chacune de ces trois variantes deux possibilités s’offrent à chacun des 4 acteurs : un gain ou une perte.
Première variante : Mr Alpha Condé renonce à son projet et respectant notre constitution
Qu’est ce qu’il gagnera ?
• L’honneur, le respect et la confiance de tous ses compatriotes
• L’honneur, le respect et la confiance au niveau international
• Le privilège et tout le droit dû à un ancien chef d’Etat selon nos lois
• Les guinéens lui oublierons ou pardonnerons tous les abus de gouvernance commis
• Le repos, la liberté et l’absence de stress
• Respectueusement, il sera le conseiller de plusieurs chefs d’Etat y compris le nôtre
• Il aura le temps et les moyens de collaborer avec les institutions internationales comme les nations unies pour aider le continent africain, ou gérer sa propre fondation.
• Il se sera surtout débarrassé du lourd fardeau de porter la responsabilité d’avoir tripatouillé la constitution de son pays et les conséquences qui en découlent
• La confiance et la survie de son parti
• La liste n’est pas exhaustive.
Qu’est ce qu’il perdra ?
• Définitivement rien, au regard de tout ce qu’il gagne
Quant au RPG, il n’aura rien perdu de sa crédibilité. Il a la possibilité de se choisir un autre candidat pour les échéances de 2020. Avec le soutien du Professeur Alpha Condé, rien n’exclut a’ priori, qu’il gagne les élections.
Le peuple de Guinée quant à lui, continuera joyeusement son chemin vers la démocratie car l’alternance tant enviée se sera définitivement installée. Aussi, notre pays sera, en fin, inscrit sur la liste des pays réellement démocratiques comme le Ghana. Nous aurons la confiance du monde entier et particulièrement des bailleurs de fonds, et j’en passe.
Cependant, l’entourage immédiat non RPG du Professeur Alpha perdra. Oui, en effet ceux-là ne gagnent qu’autour d’un chef d’Etat qui s’est battu corps et âme pour accéder au pouvoir. C’est seulement après qu’ils s’approchent pour sucer le peuple et tromper le chef. Ils n’ont aucun autre idéal. Demander leur. Ils étaient du PUP du temps de Conté, du CNDD avec Dadis, et maintenant du RPG-Arc-En-Ciel en niant éhontément leur appartenance aux précédents systèmes. Ceux-là perdront définitivement puis qu’ils ne pourront plus s’adapter.
Deuxième variante : le Président Alpha prend le risque, joue et réussit à modifier notre constitution
Qu’est ce qu’il gagnera ?
• Obsession du pouvoir satisfaite, du moins pour un temps, mais il n’y aura plus de mois de noce puis qu’il a déjà vécu. Il n’aura rien de nouveau. Il a tout eut au cours des 10 ans règlementaires. Il en eut plus que prévu.
• Il pourrait jouir temporairement de la dictature qu’il lui faudra désormais instaurer pour pouvoir gouverner
Qu’est ce qu’il perdra ?
• La paix
• La confiance et le respect de ses concitoyens
• La confiance et le respect au niveau international
• La stabilité de son régime
• Bref, il ne sera plus qu’un gestionnaire de crises avec tous les risques envisageables : coups d’Etat, soulèvements populaires, etc.
Quant au RPG, il ne sera plus qu’une coquille vide, puis que le président à vie ne gouverne que par dictature avec son administration. En plus, les militants qui se feront distingués courent les mêmes risques que le chef dictateur. Le RPG perdra toute crédibilité et disparaitra avec le dictateur. Le PDG et le PUP servent de référence.
Le peuple de Guinée, quant à lui, vivra la frayeur, l’instabilité, l’inflation monétaire, le chômage des bras valides, l’insécurité. La suite des situations de ce genre est connue. Ou le chef part par suite de renversement militaire, ou il meurt au trône et un soldat s’empare du pouvoir et nous revenons à la case de départ. Il faudra écrire encore et encore d’autres constitutions.
Dans cette variante, même l’entourage immédiat du Professeur court un grand risque puis qu’un dictateur doit changer régulièrement d’équipe.
Troisième variante : Alpha Condé joue et échoue, c’est-à-dire qu’il force la situation, le peuple résiste et prend le dessus. L’avantage de cette variante par rapport à la précédente est que les évènements pourraient se dérouler plus vite avec beaucoup de sous variantes plausibles. Mais voyons d’abord qui gagne quoi avec cette hypothèse.
Le navire du Professeur Alpha Condé aura chaviré avec tout son équipage composé de: son entourage immédiat et le RPG.
Le peuple de Guinée se contentera de bénéficier d’une victoire de la vérité sur la fausseté. Mais la suite sera hypothétique car l’option militaire sera incontournable.
Conclusion n°4 : Le Président Alpha Condé n’a aucun intérêt évident à faire réécrire notre constitution en vue de se maintenir au pouvoir après 2020.
Le RPG non plus
La réécriture de notre constitution est, aujourd’hui, plutôt inopportune et maléfique pour tous.
Conclusion Générale
Réécrire notre constitution pour un maintien du Président Alpha Condé au trône après 2020 ne peut constituer qu’un écueil pour tout notre peuple y compris le Professeur Alpha lui-même. C’est justement pour nous éviter ce péril que le CNT verrouilla le passage relatif au mandat présidentiel. La Guinée est aujourd’hui vraiment à un tournant décisif de son histoire. Chose due à ce contentieux créé par les auteurs d’un troisième mandat. La balle est dans les mains du Président Condé, lui qui doit parier ou non, lui qui a le choix entre risquer pour très peu ou nous conduire tous de l’avant dans l’honneur y compris lui-même. Il joue aussi son destin dans cette affaire.
Le Peuple de Guinée, quant à lui, doit se tenir debout, uni pour dissuader son Président de le trainer dans la boue. Les guinéens lui ont fait confiance, puis renouveler cette confiance une seconde fois tel que définie par notre loi à tous. Il a fait pour la Guinée tout ce qu’il a pu. Il veut en ajouter, mais la loi c’est la loi. Il doit nous montrer que le respect de la loi par ses garants est la chose la plus importante dans un pays. C’est la meilleure des choses qu’il a à nous offrir en plus. Nous lui en seront éternellement reconnaissants. S’il choisissait l’autre option, l’histoire jugera et le peuple de Guinée retiendra.
Adresse au Président Professeur Alpha Condé
Professeur Alpha Condé, je vous aime pour votre combativité, je vous respecte en tant que président, c’est pourquoi, je vous prie de ne pas affronter le peuple de Guinée quand il a raison et que vous n’en avez pas. Les guinéens vous ont choisi deux fois de suite conformément à notre loi fondamentale. C’est vous qui avez recyclez tous ceux qui vous poussent aujourd’hui vers le chemin de l’erreur. Ils étaient tous tapis dans l’ombre lorsque vous vous battiez pour le pouvoir après l’ère Conté. Certains avaient même fui. Dites-leur que s’en est fini. S’ils ont joué franc avec vous ils n’ont qu’à rejoindre le RPG et battre campagne pour un candidat que vous leur proposerez et que vous soutiendrez, qui peut être pourra gagner les élections de 2020. S’ils ont joué le faux, le peuple les attend. Ne souillez pas vos 50 ans de combat historique. Professeur Alpha Condé, Dieu vous aime. Il a fait partir à l’outre-tombe tous ceux avec lesquels vous cherchiez le pouvoir pour vous garder saint et vous octroyer ce pouvoir que vous aviez tant convoité. Vous avez été le plus brillant président de l’Union Africaine. Le Président Sékou a rêvé obtenir ce poste. Dieu n’a pas voulu. En léguant le pouvoir en 2020, vous partirez haut les mains, avec tous les honneurs. L’histoire retiendra que vous êtes le premier ancien président guinéen vivant. Ceci aussi est important dans votre cursus Mr le Président. Vous continuerez à voyager à travers le monde tout joyeux et très respecté. Vous aurez innover. L’innovation vaut mieux que le déjà vu. En vous maintenant au pouvoir, si vous le réussissez, vous n’aurez rien fait de nouveau. Vous complèterez tout honteux la liste des chefs d’Etat africains ayant tripatouillé la constitution de leur pays. Si vous échouez, vous aurez tout mis dans les ordures, je ne vous le souhaite pas. Président Condé, ne faites pas votre temps comme un vulgaire homme, continuez à inscrire votre si belle histoire. Vous serez un véritable héro.
Annexe : Atouts et contraintes du Professeur Alpha Condé s’il optait pour le forcing
Atouts: les forces de l’ordre qui pourraient lui être soumises, des agents de l’Etat, les moyens financiers publics, la corruptibilité de certains leaders d’opinion, quelques gouvernants à l’étranger.
Facteurs contraignants: le peuple aguerri des années 2007, les forces vives remobilisées, les leçons tirées des situations en Algérie, au Burkina, au Soudan, etc., les puissances occidentales qui ne soutiendraient pas ouvertement de tels agissements