Dans cette communauté de la Guinée forestière où les prénoms sont fonction du rang de naissance, des événements, les patronymes tirés des noms des localités, la célébration du mariage n’est pas si difficile comme dans certaines communautés guinéennes. Là , tout dépend de ce que les futurs conjoints ressentent l’un pour l’autre.
En effet, le mariage coutumier en pays Kissi se déroule en quatre étapes à savoir : ‘’döho löho’’ ou étape ‘’taper à la porte, ‘’gnouna waïndö’’ ou demander la main de la fille, ‘’cooli barfayayi’’ ou fiançailles et ‘’fouro djiyo’’ ou la dot.
Dans la communauté Kissi, pour demander la main d’une fille, le prétendant expose généralement ses sentiments à une vielle femme. En allant la voir, il part avec un joli complet, souvent traditionnel, plus une somme symbolique que celle-ci devra remettre à la fille concernée. Ainsi, la prétendante amènera ce complet et la somme qui l’accompagne à sa mère pour l’en informer. La mère à son tour informera son mari. Si les deux s’accordent sur quelque chose, ils demandent l’avis de la fille. Si elle est consentante, elle retournera aussitôt voir la vieille pour lui en signifier. Ce qui ouvre du coup la voie à la deuxième étape des démarches. Ainsi, le prétendant trouvera alors un homme, souvent un sage, qui s’ajoutera à la vieille femme pour le reste des démarches. Si par contre la fille s’oppose, elle retournera aussitôt à la vieille le complet et la somme symbolique que celle-ci lui avait donnés.
Première étape : ‘’Döho löho’’ ou étape ‘’taper à la porte’’
La famille du prétendant viendra dans sa future belle famille avec des noix de cola et du vin en main pour demander la main de la fille. La future belle famille peut aussi, au lieu d’envoyer du vin de palme, donner un montant pour la bouteille du vin de palme, un autre pour le bouchon de la bouteille afin de la fermer hermétiquement. Cette pratique traditionnelle est une manière de barrer la route à d’autres potentiels candidats. Les colis envoyés à cette occasion sont irremboursables. Même si la famille rejette la demande, le prétendant ne peut demander la restitution de ces colis.
Deuxième étape : ‘’Gnouna waïndö’’ ou demander la main de la fille
Le chemin étant complètement balisé par les premières démarches, la deuxième étape de la démarche s’ouvre. Cette étape proprement dite, est l’étape de l’attache des dix noix de colas pour demander la main de la fille. Elle se fait sur fond d’une grande cérémonie dont la date, tout comme chez les autres communautés de la Guinée, est toujours proposée par la famille du prétendant. Si la future belle famille n’y voit aucun inconvénient, la date est alors avalisée. Par contre, si la future belle-famille trouve cette date trop juste, elle peut demander un report pour lui permettre de mieux se préparer.
Dans certaines familles, ces deux étapes, c’est-à-dire ‘’döho löho’’ ou taper à la porte et ‘’gnouna waïndö’’ ou demander la main de la fille se font au même moment.
Troisième étape : ‘’Cooli barfayayi’’ ou fiançailles
Le prétendant envoie trois complets aux démarcheurs : un pour le père, un pour la mère et le troisième pour la fille. Les complets du père et de la mère seront accompagnés de sommes symboliques. Les objets et sommes d’argent envoyés passeront toujours par les mains de la fille avant d’aller aux ayants droits. Cette implication de la prétendante à toutes les étapes des démarches du mariage, c’est pour qu’elle ne puisse pas dire un jour que c’est à contre cœur qu’elle a été donnée en mariage. Il donnera également un montant, en fonction de ses moyens et à travers ses démarcheurs, comme contribution pour les cas sociaux que sa future belle famille a connus fraîchement, notamment les cas de décès. La famille de la prétendante prendra un temps afin d’étudier le prétendant.
Une fois qu’un consensus est trouvé par rapport à la date de la célébration du mariage, le prétendant envoie dix noix de colas accompagnées par d’autres attaches de colas dont le nombre varie en fonction de ses moyens pour saluer les personnes dont l’aval est indispensable à la célébration du mariage.
Quatrième étape : ‘’Fouro djiyo’’ ou la dot
Le jour de la célébration du mariage, la famille du prétendant vient avec dix noix de colas plus une somme symbolique, des habits accompagnés de sommes d’argent dont les montants varient, pour la fille, le père, la mère, les belles-mères (marâtres) et autres. C’est ainsi que le mariage est célébré.
Il est à préciser que le port d’habit blanc le jour de la célébration du mariage coutumier n’est pas exigé aux futurs mariés. Ils peuvent porter les habits de leur convenance.
Bref, le respect de ces valeurs traditionnelles dans la célébration du mariage fait la garantie et la beauté du mariage en pays Kissi.
Si j’ai oublié ou laisser certaines étapes importantes, veuillez m’en excuser car, je ne suis pas de cette communauté. C’est à travers mes recherches que j’ai pu collectionner les informations que je viens de publier. Bref, cette communauté m’intéresse à plus d’un titre parce qu’elle est voisine à la mienne du côté de Kissidoudou, ma préfecture natale.
Par Sayon MARA, juriste