Un ami m’a raconté une histoire très intéressante. Il dit: «Quand Amadou Hampathe Ba parlait un jour, un petit-fils lui dit: «Vous qui êtes là à parler, vous n’avez même pas de licence. » Il lui répondit: «C’est vrai que je n’ai pas de licence mais j’ai du bon sens. »

 

En Afrique en général et en Guinée en particulier, nous avons beaucoup de diplômés, qui ont fait des grandes études et dans les grandes universités à travers le monde, mais ils manquent généralement du bons sens. Cette attitude qui peut les permettre d’évaluer positivement les effets de ce qu’ils pensent extrapoler chez nous ou nous les imposer parce que les autres les font tout simplement. Combien de dégâts ont-ils fait chez nous? Combien de fois la survie de notre société a été et continue d’être menacée? Leurs costumes, cravates et manières de parler à l’occidentale ne les poussent guère à les répondre.

 

Pour commencer, c’est élémentaire qu’à chaque fois qu’une loi, même votée par le référendum, mais qui menace la survie de notre société, doit être écartée, suspendue, changée, … jusqu’à ce que nous comprenions pourquoi elle crée de tells problèmes à nous et pas aux autres. Avant tout, nous n’avons guère besoin d’être des juristes pour savoir qu’il y’a derrière chaque loi, l’esprit des législateurs, le texte lui-même et sa portée dans la société. Le seul fait que les manifestations prétendues pacifiques ont causé les pertes violentes de plus de cent jeunes guinéens et de nombreux dégâts matériels très importants est largement suffisant pour arrêter cette manière de revendication pour le moment jusqu’à ce qu’à ce que nous sachions ce qui s’est réellement passé. C’est vrai que les manifestations causent aussi des dégâts matériels même dans les pays les plus industrialisés occasionnellement, mais elles n’y tuent pas une, deux, trois personnes, … par manifestation jusqu’à y avoir plus de cent victimes humaines en une seule décennie. L‘autre facette est que toutes ces victimes des manifestations ont d’une part ou autre des connotations ethniques et régionales.

 

Par exemple, j’ai été témoin d’une manifestation de rue à New York. Les policiers ont donné une itinéraire précise aux manifestants et marchaient derrière eux. En même temps, ceux qui ne manifestaient pas vaquaient librement à leurs affaires de deux côtés de la rue. Subitement un manifestant a rejoint un des côtés de la route en voulant y faire aussi ses démonstrations, un policier lui dit: «Si tu ne quittes pas là bas, je serais obligé de t’arrêter pour obstruction de la voie publique ». Et il a immédiatement rejoint les autres. On sait tous que nous ne manifestions généralement point en Guinée pour faire passer un message, c’est pour détruire, empêcher les autres de vaquer librement à leurs affaires et donner l’image d’un pays en guerre au monde avec les concours des cailloux et balles perdues. Il faut ajouter que même si certains leaders politiques ne mettent pas gens dans les rues pour les faire des dommages collatéraux, ils savent quand même s’en servir sournoisement. Sans oublier que personne ne peut vraiment nous dire les raisons réelles des manifestations politiques en Guinée et en quoi elles ont apporté quelque chose de positif à notre société ou ont y changé quoi au juste. Si un juriste n’a pas compris ça et continue de brandir la loi ou les principes supposés universels, il est soit de la mauvaise foi ou ne voit que ses intérêts personnels, soit il n’aime pas l’avenir paisible de notre pays. Il est étonnant de rencontrer des juristes qui ont étudié le droit mais n’ont probablement pas su sa première raison d’exister.

 

Quant aux raisons actuellement brandies par le FNDC pour les reprises de manifestations, ce sont des purs enfantillages. Tout d’abord, le fait que certains Guinéens ont cru à ce groupe qui a prétendu défendre quoi que ça soit en Guinée dormaient et continuent de le faire. Le régime de notre fameux professeur n’avait point commencé à violer la constitution en 2020. Les principaux leaders politiques ne l’avaient pas non plus respecté depuis 2010. On connaît tous que les tenues des élections en Guinée, les changements des membres de la CENI, les acceptations des résultats ainsi que les installations des élus, … ont été fait en Guinée depuis 2010 selon les accords politiques et pas en accord avec la constitution et le code électoral. Où étaient-ils ces fameux membres du FNDC?

 

La seule raison qui a été derrière la création de ce FNDC en 2020 était politique et rien que la politique. Un troisième mandat d’Alpha Conde mettrait fin aux ambitions politiques des certains leaders et il fallait l’empêcher coûte que coûte. Personne ne les en veut pour ça mais qu’ils ne nous disent pas qu’il s’agissait d’un combat pour la constitution qui n’a jamais été respectée depuis sa promulgation. Et quand on se battait depuis 2010 pour plus de respects des accords que les lois.

 

Aujourd’hui encore, on nous parle du manque de dialogue ou que la durée de la transition est trop longue, la CRIEF est orientée, … Nous sommes tous d’accord que nous ne devrions jamais faire cent pour cent confiance aux militaires. Et c’est pourquoi les organes de la transition doivent subir de pression à la fois nationale et internationale pour qu’ils posent chaque jour un pas allant à nous assurer que la transition prendrait fin à la période indiquée. Cependant nous ne devrons jamais menacer l’avenir de notre pays en utilisant un moyen de revendication qui est synonyme de victime humaine et de destruction des biens publics et privés.

 

Par ailleurs, la seule raison encore derrière les éventuelles reprises de «marches pacifiques » est encore politique et rien que la politique. Il faut se battre maintenant pour protéger certains qui ne veulent pas que leurs histoires ou celles de leurs leaders peu glorieuses soient révélées à la face du monde. Si non aucun Guinéen ne doit encore être dans la rue pour ça, et aucun Guinéen ne doit perdre son bien pour ça. Si j’étais personnellement un leader politique, j’aurais utilisé les trois ans pour mieux organiser mon parti, l’implanter partout, et faire en sorte de gagner ces élections au lieu de penser à réveiller les démons des marches prétendues pacifiques et quand on sait tous qu’elles ne seront jamais sans violence.

 

Pour la durée de la transition, si le CNT qui représente l’Assemblée nationale a adopté la durée de la transition, quand il est constitué des membres qui est l’image sociale et politique de notre pays, même si nous aurions aimé une période un peu plus courte, il ne serait pas mieux de l’accepter et attendre jusqu’à ce l’évolution de la situation nous prouve d’une autre chose avant de faire quoi que ça soit. Et si cela arrivait, le combat serait national dans ce cas et vaudrait la peine d’être menée. Tel n’est point le cas aujourd’hui. Nous sommes tous d’accords – chacun de nous dans son fort intérieur – que les manifestations ne risquent point de changer cette durée mais peut encore compliquer la situation socio-économique du pays.

 

Le cadre du dialogue, on se demande de quel dialogue parle t-il quand les organes de la transition sont déjà tous en place et sont fonctionnels. Pour les éventuels contenus de la nouvelle constitution et les autres lois organiques relatives à l’élection, nous ne pouvons pas mettre un CNT en place et penser écrire directement une constitution avec ses membres dont certains nous représentent. Au cas où nous ne serions pas contents de son contenu – un débat qui n’a aucun mérite aujourd’hui – nous dirions à nos militants de voter non; et si nous ne faisons éventuellement pas confiance aux résultats d‘un éventuel référendum, il ne sera rien de participer aux autres élections. Une fois encore, le CNT devrait être un lieu approprié du dialogue car il est l’image du pays. On craint que le parallélisme insensé dans le dialogue d’ici et là ne nous donne encore des accords par ici et la charte de la transition par là. Ainsi l’histoire de la confusion et la destruction caractériserait encore les trois prochaines années.

 

Pour les actions de la CRIEF, il est très tôt de dire qu’elle est orientée ou ne vise que des civils. On doit attendre au moins au milieu de la transition pour en juger. Nous croyons que les membres du CNRD, du CNT et du gouvernement savent naturellement que l’histoire peut se répéter s’ils se sont servis encore du peuple au lieu de le servir. Demain, Certains seront naturellement à leurs places. Personne n’a besoin de manifester pour ça aujourd’hui.

 

Notre dernier message aux organes de la transition, nous pouvons faire beaucoup de choses à la fois et c’est pourquoi nous avons plusieurs ministères. Certains peuvent réconcilier les Guinéens, penser à améliorer la situation économique du pays, faire des enquêtes et punir les coupables des infractions économiques et autres, … et d’autres peuvent proposer un plan d’actions détaillé et dans le temps de toutes les actions à mener une à une jusqu’à la fin de la transition de trois ans. Le CNT peut débattre là-dessus et adopter une version finale. Le président pourrait ainsi mettre en place un comité de suivi qui évaluera ainsi périodiquement ce plan et attirera l’attention des organes de la transition à chaque fois que les corrections seront nécessaires pour éviter tout retard du calendrier. Les confrontations ne nous serviront pas et si nous avons juste besoin d’écouter certains qui ne vivent que de troubles, ne respirent jamais tranquillement tant qu’on est dans la paix, pourraient sacrifier notre bonheur général à chaque fois ils pensent que leurs intérêts personnels sont menacés, le prix à payer ne serait jamais élevé. Il y aurait sûrement beaucoup de choses à discuter au-delà de la durée de la transition. Aussi, il est important pour notre survie que la justice soit une justice qui est non-orientée et non-discriminatoire. Les mêmes faits ou faits similaires et leurs auteurs respectifs doivent subir le même sort selon les mêmes lois en vigueur; et les membres de la transition doivent eux-mêmes être des exemplaires.

 

Au cas où ces gens mettent en exécution leur plan saugrenu, la prudence exige que vous faites en sortes qu’aucun policier ou gendarme n’y va avec les armes à feu (même si nous savons déjà qu’ils ne sont pas les seuls armés en Guinée). Vous faites aussi en sorte que les organisateurs signent pour nous dire qu’ils seront capables de dire à leurs manifestants se tenir à leurs consignes (marche pacifique veut dire marcher pacifiquement. Nous ne nous attaquons pas aux biens publics et privés et ni aux autres qui veulent vaquer librement à leurs affaires); s’ils n’arrivent pas à le faire, ils seront tenus responsables de ce qui arrivera. On peut être sûr aucun d’entre eux ne le signera. Une fois encore, les marches maintenant, quel que soit les noms qu’ils les donnent, n’ont pas de sens, ne changeront rien du tout et malheureusement la situation socio-économique de notre pays serait encore compliquée, et son futur serait sans toute compromis. Nous espérons nous être trompés sur le sentiment du Guinéen quand il entend les mots « marche pacifique ».

 

Par Ibrahima Kandja Doukouré, New York