Le mea-culpa de certains magistrats qui prenaient la parole en face des nouvelles autorités au lendemain de la prise du pouvoir m’avait donné un brain d’espoir quant à un futur radieux de notre appareil judiciaire. Les pratiques d’alors perçues comme les maux qui gangrènent l’éclosion d’un véritable État de droit en Guinée me paraissaient comme une partie sombre de l’histoire de l’appareil judiciaire qui connaîtrait son épilogue dans les jours à venir.
Force est de constater qu’avec les événements récents, cet espoir s’est consumé à une vitesse éclair en laissant place aux doutes et hésitations. À date, les dossiers pendant devant la CRIEF sont particulièrement ceux qui emportent toutes les attentions dont les traitements sont les plus mitigés et laissent place à toutes sortes de suppositions mêmes celles plus invraisemblables.
J’ai l’impression que le judiciaire n’a jamais été aussi arrimé à l’exécutif qu’il l’est aujourd’hui. L’indépendance du judiciaire doit cesser d’être une ambition pour devenir une réalité. Nous devons être en mesure de nous enorgueillir d’avoir une frange importante de magistrats indépendants pour espérer un État de droit avec tous ses corollaires.
Une question me taraude l’esprit : comment peut-on questionner la gestion publique sans audits ni enquêtes préalables tout en maintenant les personnes suspectées en détention le temps de mener ces enquêtes ? On enseigne en droit : la forme annonce le fond et/ou commande celle-ci !!!
Par Me Elhadj Fodé Kaba CHÉRIF
Avocat au Barreau de Guinée