« Nul n’a le droit d’effacer une page de l’histoire d’un Peuple car, un Peuple sans histoire est un Peuple sans âme », Alain Foka.

La date du 27 août 1977 fait partie des grandes dates de notre Pays qui marque, en effet, ce jour historique où les braves femmes de Guinée d’alors, notamment celles de Conakry, se révoltèrent contre les abus de la Police économique. C’était un samedi dans la capitale guinéenne.

Tout est parti d’une altercation entre une dame du nom de Saramba Kéïra et un agent de la police économique. Le traitement que ce dernier infligea à la bonne dame, ne plut guère aux autres femmes du Marché M’Ballia, plus connu sous le nom du Marché Madina, et ne laissa guère aucune femme indifférente. Tout d’un coup, elles prirent la rue en scandant des slogans hostiles à la police économique et prirent la direction de la Présidence de la République.

Le Président Ahmed Sékou TOURE, informé de la situation et ayant appris que les femmes se dirigeaient vers Kaloum, a instruit les Ministres de l’intérieur et de la Défense, selon plusieurs témoignages, de ne pas les bloquer sur leur chemin.

Ayant constaté la présence massive des femmes et vu la détermination qui se lisait sur le visage de chacune d’elles, le Président AST sortit et les reçut. Il les écouta. Quand elles exprimèrent leurs préoccupations, à savoir les tracasseries de la police économique, sur le champ, en grand homme d’Etat, il se leva et dit : « La police économique, à bas ! » Ainsi, la police économique fut supprimée. Des applaudissements retentirent de partout et chaque femme regagna du coup sa maison le sourire aux lèvres.

Pour rappel, la prohibition du commerce privé en 1975 à travers un acte du pouvoir central d’alors ayant prévu que tous les produits agricoles devraient être livrés par les coopératives de l’Etat, est à l’origine de cette révolte des femmes.

Cependant, contrairement à ce que beaucoup racontent,  le Président AST n’avait aucunement autorisé les Forces de Défense et de Sécurité à réprimer les manifestantes. Ce qui a d’ailleurs permis à celles-ci de se rendre à la Présidence de la République sans entrave majeure. Des sources dignes de nom en font foi.

Par contre, certains individus, de connivence avec certains syndicalistes du transport routier, voulurent récupérer ce mouvement des femmes en manipulant des badauds. Ils mirent des véhicules à la disposition de ces jeunes pour aller saccager des commissariats de police. Aucune femme n’était mêlée à ces actes de vandalisme.

En effet, pendant que les femmes se dirigèrent vers la Présidence de la République, ces jeunes manipulés se livraient aux pillages des commissariats en hautes banlieues de Conakry. C’est surtout parmi ces jeunes gens qu’il y a eu des blessés, parce que les Forces de Défense et de Sécurité devraient freiner leur élan en vue de protéger les autres commissariats. Mais, aucune source digne de nom ne fait état des pertes en vie humaine ce jour.

Naturellement, c’est parmi les gens qui se livrèrent au vandalisme, comme dit un peu plus haut, et les commanditaires de la manipulation des jeunes (réactionnaires tapis dans l’ombre) qu’il y a eu des blessés et des interpellations, parce que c’étaient des actes qui n’avaient rien à voir avec le mouvement des femmes.

En clair, nous sommes tous conscients qu’il faut affronter notre vécu commun pour la manifestation de la vérité. Mais, en l’affrontant, il faut l’affronter sous ses aspects de gloire et de douleur. Et non de prendre un bout qui arrange et laisser les autres portions. Cela ne fait que renforcer davantage la dissension autour du passé de notre patrimoine commun.

Par Sayon MARA