Casser les biens privés ou publics ce n’est pas bien. Personne ne s’assied, ne réfléchit pour conclure qu’il veut devenir un casseur, aucun individu n’a une vocation de casseur. Nous sommes tous formatés pour avoir un métier, travailler, se marier, avoir des enfants, et vivre tranquillement.

Mais il y a des circonstances, ou casser a une dimension thérapeutique, ça soigne, ça apaise, ça expulse le trop plein d’énergie, le trop plein de frustrations, de colères accumulées, même si c’est à court terme.

Si vous n’avez jamais cassé, vous ne pouvez comprendre. Personnellement je n’ai jamais cassé de biens, mais j’ai lancé des cailloux en direction des militaires, à ENTAG et à DIXINN, chaque caillou que je catapultais avec mon petit bras au poids d’une plume me procurait un réel plaisir.

Une manifestation de jeunes en colère ne sera jamais une procession religieuse. Continuez à prendre nos jeunes pour des chrétiens marchant avec la croix d’un point A et B en guise de pèlerinage à Boffa.

Continuez à croire que nos jeunes sont des vieux à la retraite qui manifestent pour une revalorisation de leur pension, ou nos mamans qui manifestent pour l’agrandissement ou le nettoyage d’un marché.

Si une manifestation devait se conclure sans casse, ce sont les dirigeants mêmes qui pousseraient les jeunes à manifester, juste pour les divertir, les occuper, détourner leur attention, tellement que ça ne servirait à rien.

Rares sont les gouvernements qui se plient à une manifestation sans casse, quand la manifestions est sans casse, le gouvernement ne craint rien, ne capte pas le message 5/5

Il ne faut pas voir les conséquences, celles-ci faussent le raisonnement, poussent à adopter une position socialement plus confortable. En effet, quoi de plus beau, convenu, que d’apparaitre comme un homme de paix en condamnant toute violence, toute casse ? Quelqu’un qui joue au dalai lama, condamne systématiquement la casse et quelqu’un comme moi qui refuse de condamner, le choix de la société est vite fait, je deviens à coup sûr un infréquentable, un cerveau malade.

Pour ne pas fausser le raisonnement, il faut aller à la source, c’est-à-dire s’attaquer au principe de la manifestation, à la légitimité de la manifestation, ce sont ces deux éléments-là, qui doivent guider notre raisonnement.

60 ans sans électricité. Pendant mes années collège, je vécu la même chose que les jeunes d’hier, cette privation de regarder le foot en famille à cause des coupures d’électricité, je vécu la même chose en tant que lycéen, la même chose en tant que universitaire, et ça continue toujours.

60 ans que ça dure dans un pays qui ne manque pas d’eau, ni argent, ni ressources.

Le désastre, ce ne sont pas ces biens transformés en cendres, le vrai désastre, est un désastre humain, celui de nos dirigeants incapables en 60 ans de nous offrir l’électricité.

Ceux qui disent aux casseurs « Ce n’est pas en cassant que vous aurez l’électricité », sachez que ce n’est nullement la pensée des casseurs. Ils cassent juste pour transmettre un message, la façon dont ce message sera reçu par le destinataire n’est pas leur affaire. Les jeunes aussi vous posent une question à leur tour : « Si nous ne cassons pas, aurons-nous l’électricité ? »

La vérité, est qu’ils cassent ou qu’ils ne cassent pas ils n’auront pas l’électricité. Cette casse était la chose la plus prévisible dans notre pays, donc tout État normal aurait planifié la mise en place d’espaces géants dédiés avec grands écrans pour la projection des matchs durant tout le tournoi. On aurait même pu imaginer que chaque commune de la capitale mette en place un espace dédié, les plus passionnés, les plus irritables, auraient été captés par ces espaces dédiés.

Au lieu de cela, on sait que la CAN arrive, on sait que c’est la coupe du continent, on sait que notre équipe nationale participe, on sait que c’est la seule compétition que même ceux qui n’aiment pas le foot regardent, mais on s’assoit, on croise les bras, on attend en espérant peut être que les sorciers libèrent un peu d’électricité.

60 ans sans électricité est une honte
60 ans sans électricité est une torture d’État
60 ans sans électricité est un sadisme d’État
60 ans sans électricité, c’est ça la vraie casse
60 ans sans électricité est un sabotage
La destruction de locaux d’EDG est un sabotage proportionnel
Moi, je ne condamnerai que la destruction des biens privés.
Vive les jeunes de Conakry
Vive le foot
Vive l’électricité

Rousseau Sow