Bilia Bah est homme de culture mais d’un talent caché dans l’ombre. Élancé et de teint brun, timide et avec une chevelure tignassée, ce jeune fait partie des talents guinéens, mais peu connus par le public. Après avoir passé un beau temps de sa belle enfance en Côte d’Ivoire, Bilia rentre au pays, précisément dans la préfecture de Pita. Ce jeune qui a incarné des valeurs culturelles depuis son enfance, est de nos jours responsable d’un espace culturel pluridisciplinaire dénommé Les Studios Kirah, sis à la minière dans la commune de Dixinn.

C’est précisément dans le quartier Koko de Bouaké en Côte d’Ivoire, que cet homme de culture Guinéen a fait son enfance si heureuse. Fasciné par ce brassage culturel guinéo-ivoirien, il a vite embrassé le monde culturel, comme pour dire que c’est le milieu qui transforme l’homme. De retour au pays, Bilia s’est difficilement familiarisé à la préfecture de Pita qui l’a pourtant vu naître. Un fait qu’il explique par une timidité assez fort de sa part.

« Après la Côte d’Ivoire, je suis revenu en Guinée particulièrement à Pita. Au début, j’étais très nostalgique car c’était un décalage entre Bouaké et Pita. A l’époque, j’étais très turbulent en Côte d’Ivoire. Mais une fois en Guinée,   je me suis retrouvé  très calme. Je pense que c’est là qu’a  commencé ma timidité. Il m’a fallu deux ans au moins, avant de me faire des amis », s’est-il rappelé.

Scolarisé en Côte d’ivoire, il a fait ses études élémentaires à Bouaké. Avant de poursuivre ses études au pays natal. Du collège Djissouma au Lycée Oustoyah dans la préfecture de Pita, le véritable parcours culturel du jeune commence là. Avec ses amis Prince Co (Paix à son âme) et Tely, ils créent un groupe de Rap pour véhiculer leurs messages.

«  Au-delà de ce groupe de Rap, mes amis et moi, n’avons pas aussi tardé de mettre en place une structure dénommée le « Club Culturel de  Pita » (CCP)»

A travers cette structure, ces hommes de culture organisaient des événements un peu partout dans la contrée. Et c’est à partir de cette ère, que l’envie de la culture de cet artiste s’est beaucoup plus fait sentir surtout à travers l’aspect « évents de la culture et à la musique ».

« Après le bac, c’était des années d’insouciance et autres. On devrait faire le concours mais moi personnellement, je ne voulais pas avoir ce concours d’accès à l’université. J’étais plutôt dans l’optique de vraiment faire le rap  et sortir un album», a indiqué M. Bah.

Bilia Bah, responsable de l’espace culturel pluridisciplinaire  »Les Studios Kirah »

Engagé et animé par la culture pour son pays, Bilia a toujours tenu à atteindre son objectif. C’est pourquoi après l’obtention du concours d’accès à l’université, il a continué sur le même chemin: « On m’a orienté à Kankan département, mathématiques-physique. Après j’ai arrêté mes études, je suis revenu à Conakry pour continuer mon rap et le théâtre. A un moment donné, on a sorti l’album et finalement on s’est retrouvé à la radio Nostalgie en tant qu’animateurs culturels. C’est suite à tout cela que je me suis dit de tout arrêter et me consacrer uniquement au théâtre. Ce qui m’a du coup poussé à faire des formations un peu partout, comme au Togo et au Bénin ».

Déterminé à aller plus loin encore, il postule pour le visa pour la création de l’Institut Français de Paris (Culturesfrance à l’époque) « J’ai postulé pour une résidence d’écriture et devenais ainsi le premier guinéen, si je ne me trompe, à l’avoir en 2008 pour la Comédie de Saint-Etienne. J’ai écrit ma première version de pièce intitulée ‘’Le château de la ruelle’’ qui a été montée par Souley Thiaguel. Avec le soutien de l’Ambassade de France, j’ai pu faire tourner le spectacle dans 10 universités de la Guinée. Au fur et à mesure, j’ai mis en place l’Univers des mots et aujourd’hui, nous sommes là au Studios Kirah créé en 2010, issue de la collaboration avec OSIWA », s’est-il félicité.

Souvent, avant de s’engager dans un domaine quelconque, il est nécessaire d’avoir des motivations bien conçues et objectives. Pour cet homme de culture à la fleur de l’âge, tout est parti d’un constat qu’il ne s’est pourtant pas rendu compte.

« Je pense que mon premier contact avec la culture, c’est quand je suis rentré de la Côte d’Ivoire. J’ai commencé à écrire mes souvenirs sans me rendre compte, par exemple des journées que je passais avec mes amis. Celui qui m’a influencé et amener à l’écriture c’est mon grand frère, Thierno Amadou, qui faisait des lettres modernes à l’Université. Il me qui me lisait ses  textes alors que j’étais encore jeune. De passage, je le remercie sincèrement. Mon choix également de la culture, s’explique par la soif de  combattre l’injustice afin de jouir d’une réelle démocratie pour une société plus juste et équitable. Je pense que lorsqu’un artiste africain s’exprime, c’est qu’il y a une urgence parce qu’il faut contribuer à avoir plus de justice dans notre pays », a-t-il révélé l’origine de son engagement pour la culture.

De la musique au théâtre, Bilia s’est tiré d’affaires avec attention. Cet ancien étudiant en maths physique à l’Université de Kankan, trouve qu’il n’y a pas mal de raisonnement et logique dans les maths. Pour lui, raconter une histoire, c’est comme si l’on devait faire tout le processus pour trouver un inconnu « X » dans une équation.

Les Studios Kirah, un espace culturel pluridisciplinaire

Ce parcours artistique de M. Bah, l’a permis de faire pas mal d’activités avant de diriger un espace culturel afin d’aider pleins de jeunes à s’épanouir. « J’étais animateur radio à Nostalgie, une option qui m’a aidé d’abord à vaincre ma timidité. Après je me suis retrouvé en train de vendre mes projets. En plus, j’ai fait de la musique et aujourd’hui, je gère un espace pluridisciplinaire où tout se pratique. Un lieu qui va permettre à la jeunesse guinéenne de s’intégrer davantage dans la culture. J’avoue que tout ça m’a forgé à être un homme de culture », a martelé l’auteur.

Obtenir un bon résultat à son entendement,  n’est pas égal à l’acquisition de tout. De ses dires, le combat n’a fait que commencer et il est encore loin d’être terminé. C’est pourquoi il compte dans ces années suivantes, développer les Studios Kirah et l’Univers des mots, ces deux de ses projets phares en  chantier qui lui tiennent à cœur.

« A l’image des Studio Kirah de Conakry, on envisage implanter d’autres dans les régions administratives, pour accompagner les artistes», a promis Bilia Bah.

L’art étant une voie sure pour les jeunes de se faire entendre positivement et de montrer leurs talents cachés dans le monde. C’est pour cette raison, il  les invite à la persévérance, à la motivation afin d’atteindre le niveau international et vendre positivement l’image de la Guinée.

Pour maguineeinfos.com, Mamadou Adama Barry