La nationalité des victimes n’est pas encore clairement établie, mais les autorités confirment qu’elles sont majoritairement originaires d’Afrique subsaharienne. Ce mardi 2 juillet au soir, le centre de détention de Tajoura, un quartier situé dans l’est de Tripoli, la capitale de la Libye, a été la cible d’une frappe aérienne qui a fait 40 morts et plus de 80 blessés. L’attaque est attribuée aux forces du maréchal Khalifa Haftar, en déroute depuis leur tentative de prise de la capitale pour tenter d’en déloger le Premier ministre Fayyez Al Sarraj. Les forces loyales de ce dernier auraient utilisé le centre de détention comme dépôt d’armes et de munitions ce qui en a fait une cible potentielle dans la guerre que se livrent les deux camps

Deux frappes à cinq minutes d’intervalle. Sur les images partagées sur les réseaux, le centre de Tajoura, situé dans la banlieue est de Tripoli, n’est plus qu’un amoncellement de pierres, d’objets personnels ensanglantés et de parties de corps des victimes. Elles sont le symbole de la violence de l’attaque qui a visé ce centre qui accueillait 120 migrants placés en détention. Le bilan provisoire de l’attaque fait état de 40 morts et 82 blessés. Il pourrait s’alourdir dans les prochains jours.

Accusations contre démentis

Quelques heures après le raid, les accusations succèdent aux démentis. Dans un communiqué publié dans la foulée, le Gouvernement d’union nationale (GNA), dirigé par Fayyez Al Sarraj, a accusé l’Armée nationale de libération(ANL) du maréchal Khalifa Haftar. A l’appui de son accusation, les menaces de raids aériens proférées par l’ANL après l’échec de son offensive lancée il y a trois mois pour s’emparer de la capitale libyenne. Du côté de l’ANL, on dément la paternité de cette attaque, directement imputée aux milices associées au GNA.

Entre les deux, la vérité se trouve peut-être ailleurs. Lorsqu’ils sont arrêtés, la plupart des migrants qui tentent la traversée vers l’Europe sont débarqués dans des centres de détention sur le sol libyen dans l’attente de leur rapatriement, quand les milices ne s’emparent pas de leur sort. Selon l’Organisation internationale des migrations, ils seraient près de 6000 migrants, essentiellement en provenance de l’Afrique de l’Ouest ou de l’Est, dont la détention est dénoncée comme illégale par les organisations internationales.

«Protéger les migrants vulnérables»

La situation des migrants détenus s’est aggravée en marge des combats aux portes de Tripoli avec l’offensive lancée par le maréchal Khalifa Haftar en avril dernier. La zone du raid sur Tajoura est une grande concentration de sites militaires utilisés par l’armée régulière. Certains de ces centres sont dénoncés comme étant des lieux d’exposition et de stockage d’armes et de munitions qui feraient des centres des cibles stratégiques. Le coût humain qui accompagne les raids sur les centres est malheureusement lourd.

Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union africaine, a fait savoir «sa ferme condamnation» du raid et demander l’ouverture d’une enquête. «Le président de la Commission réitère son appel en faveur d’un cessez-le-feu immédiat et invite toutes les parties à assurer la protection et la sécurité de tous les civils, en particulier des migrants bloqués dans des centres de détention», rapporte le communiqué. Ce dernier lance un appel à «la communauté internationale de déployer des efforts humanitaires urgents pour protéger les migrants vulnérables et de redoubler d’efforts pour exhorter toutes les parties à cesser immédiatement les hostilités et à retourner à la table des négociations».

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