La décision du collectif d’avocats de la défense de Kassory Fofana visant à boycotter le procès programmé le 15 mars, prochain dans cette affaire de détournement de deniers publics, corruption, enrichissement illicite entre autres reste toujours maintenue? Me Djibril Kouyaté, avocat de l’ancien premier ministre répond à la question avec beaucoup de méfiance. Cet avocat que nous avons eu au téléphone et qui nous a dit qu’il n’a plus mandat de parler au nom de Kassory, soutient que la décision de se présenter ou pas à un procès revient à l’accusé et non à son conseil.
Les membres du collectif d’avocats de la défense d’Ibrahima Kassory Fofana sont tous unanimes que le procès programmé par le Procureur spécial Aly Touré est semblable à une parodie de justice. Par conséquent le 22 février dernier, le collectif a annoncé qu’il ne participera pas à un procès. Cette décision a-t-elle changé ou pas?
« Nous sommes en matière pénale, le rôle de l’avocat, c’est de conseiller et assister son client. Il ne représente pas le client. Donc, partir ou pas, l’avocat ne fait que suivre son client. Et puis en la matière, même si l’avocat ne va pas, il y a ce qu’on appelle la commission d’office. On peut toujours commettre d’office les avocats pour assister les clients. Et dans tous les cas, le procès n’attend pas non plus le justiciable. Il y a d’autres voies par lesquelles la justice peut toujours passer et rendre une décision. Et au justiciable d’exercer des voies de recours. La justice ne fonctionne pas comme l’administration ou comme autre institution. Il y a toujours des mécanismes pour rendre une décision aux justiciables d’exercer des voies de recours », explique Me Djibril Kouyaté qui jusqu’à preuve du contraire doute sur la sincérité de ce procès contre leur client.
« Nous on l’a tellement dit et on n’a jamais manqué de le dire. Nous savons ce qui nous attend. Si ce n’était qu’un procès en bonne et due forme, on n’aurait pas eu de crainte. Mais on sent que ça ne serait pas un procès équitable. On sent que derrière, il y a quelque chose qui est déjà programmé, ce serait une façon pour nous d’amener notre client à l’abattoir directement. Mais que pouvons-nous faire. Surtout que nous sommes en matière de justice, que nous nous présentons ou que nous ne nous présentons pas, la justice n’attend pas, il peut toujours y avoir une décision de justice. Si vous avez remarqué même quand certains prévenus ou accusés ne sont pas là, ils sont jugés, il y a toujours une condamnation qui intervient et souvent on peut même aller jusqu’à une peine plus élevée pour amener le justiciable à exercer les voies de recours. C’est cela, moi je suis assez prudent en ce qui concerne le boycott ; donc, il ne faut pas qu’on se retrouve avec une peine élevée, une peine afflictive et infamante qui ne fera qu’aggraver le sort de notre client du point de vue de sa participation à l’élection présidentielle », a-t-il fait savoir.
Yam’s Cheick Camara