Une assistante maternelle et trois enfants qu’elle transportait dans sa voiture sont morts lundi matin lors d’une collision avec un TER effectuant la liaison Reims-Epernay à un passage à niveau sur la petite commune champenoise d’Avenay-Val-d’Or (Marne).

Quatre des 25 voyageurs du TER ont été légèrement blessés, pris en charge par les pompiers, et le conducteur du train est extrêmement choqué, selon la SNCF qui a détourné la circulation ferroviaire.

Les circonstances de cet accident ne sont pas encore connues pour l’heure, selon les autorités, qui ont lancé une enquête.

La préfecture a confirmé dans un communiqué que le bilan était de quatre morts, une femme et trois enfants, et de quatre blessés légers parmi les passagers du TER qui assurait la liaison entre Épernay et Reims. L’accident s’est produit vers 9h54 sur la D201 reliant Ay-Champagne à Avenay-Val-d’Or, à 30 kilomètres de Reims.

Ce passage à niveau automatique ne figurait « pas dans la liste nationale » de ceux considérés comme « sensibles » (situés par exemple à des endroits manquant de visibilité ndlr), a indiqué lors d’un point presse le PDG de SNCF Réseau Patrick Jeantet, ajoutant qu’à sa connaissance, « il n’y avait pas » de dysfonctionnement.

L’une des deux demi-barrières a été « pliée » et « les enquêteurs diront pourquoi », a-t-il ajouté, précisant qu’une « enquête interne » serait menée parallèlement à l’enquête judiciaire.

Selon un photographe de l’AFP présent sur place, cette barrière -celle faisant face au véhicule- est en effet « enfoncée » depuis la route vers l’intérieur du passage à niveau. Le véhicule et le TER n’étaient eux plus visibles sur le passage à niveau en début d’après-midi.

« A priori, le véhicule aurait percuté la barrière fermée au moment où le TER Reims-Epernay passait », a affirmé le maire de cette commune de 1.000 habitants, Philippe Maussire. « Tout fonctionnait parfaitement, il y a eu une révision il y a quelques mois ».

D’après le maire, l’assistante maternelle avait entre 30 et 40 ans, l’enfant le plus âgé -la propre fille de la conductrice, selon lui- avait une dizaine d’années et les deux autres étaient « très jeunes ». Les quatre victimes vivaient dans le village, a-t-il dit.

Le parquet de Reims a confié l’enquête en recherche des causes de la mort à la section de recherche de Reims et la brigade de recherche d’Epernay.

– Cellule médico-psychologique –

La ministre des Transports, Élisabeth Borne, a fait part sur Twitter de sa « très vive émotion ». « Mes pensées vont aux familles et aux proches des victimes. Les services de l’Etat et la SNCF sont mobilisés pour venir en aide et faire face à la situation », a-t-elle ajouté.

Tout comme le président de la Région Grand-Est Jean Rottner, qui a adressé ses « pensées les plus sincères aux victimes, leurs familles ainsi qu’aux personnels de la SNCF choqués par ce drame. »

Les familles ont été reçues à la salle des fêtes d’Avenay et une cellule d’urgence médico-psychologique a également été mise en place. Tout le secteur est bloqué par les véhicules des sapeurs-pompiers et la gendarmerie nationale.

Des techniciens en investigation criminelle de Châlons-en-Champagne et de la cellule de numérisation des scènes de crime de Pontoise étaient sur place.

La circulation ferroviaire entre Reims et Épernay « devrait reprendre (mardi) », selon un tweet de TER Grand est. Jusqu’à la reprise, des trajets sur cet axe sont assurés en car.

« A priori, le métier d’assistante maternelle de la conductrice suggère prudence et responsabilité », a réagi Jehanne Collard, avocate spécialisée dans la défense des victimes de la route. « Il est donc temps de faire un audit généralisé des passages à niveau de la SNCF afin de savoir si ceux-ci sont correctement signalés et visibles depuis la route, ainsi que d’en vérifier le bon fonctionnement. »

En 2018, les passages à niveau ont coûté la vie à 16 personnes, en baisse par rapport aux 42 décès recensés en 2017 et les collisions ont diminué de 20% entre 2017 et 2018, passant de 122 à 96.

L’accident entre un train et un car scolaire au passage à niveau de Millas (Pyrénées-Orientales), qui avait fait six morts en décembre 2017, a mis en lumière la dangerosité de certains de ces croisements entre rail et route.

Début mai, Élisabeth Borne a présenté un plan d’action visant à améliorer la sécurité des passages à niveau et a notamment proposé d’expérimenter une baisse de la vitesse des automobilistes aux abords de certaines de ces infrastructures.

La France compte quelque « 14.500 » passages à niveau, selon M. Jeantet.

AFP