Françafrique, Russafrique, Chinafrique, Usafrique, avoir une vision suffit. Attention ! Le sauveur d’aujourd’hui peut se révéler demain persécuteur. Les Etats, comme l’affirmait un jour le Président français Charles De Gaulle « n’ont pas d’amis, seulement des intérêts ».
En effet, les 27 et 28 juillet 2023, à la queue leu-leu, les chefs d’Etat africains se sont rendus à Moscou où ils ont été reçus par le Président russe Vladimir Poutine, dans le cadre du sommet Russie-Afrique. Dix-sept (17) chefs d’Etats africains ainsi que plusieurs dizaines de délégations étaient présents à ce rendez-vous de l’histoire. Un rendez-vous diversement apprécié par l’opinion.
Le pays de Mao Zedong qui rivalise aujourd’hui avec les grandes puissances, n’a pas eu besoin d’aller s’apitoyer sur son sort dans un pays pour atteindre le niveau qu’elle a aujourd’hui. Elle s’est mise au travail. L’Afrique est sous-développée parce qu’elle ne rêve pas ; elle manque de vision. Si les grandes puissances de ce monde ont pu atteindre le niveau de développement qu’elles ont aujourd’hui, c’est parce qu’elles ont toutes rêvé à un moment donné. Le jour où l’Afrique aussi rêvera, ce jour-là, elle prendra son envol.
Trente (30) en arrière, Doubaï/ Emirats Arabes Unis était un désert. Là-bas, les dirigeants ont rêvé et ce pays est actuellement parmi les plus enviés.
Le sommet Russie-Afrique ou le sommet de changement de maitre ?
Dans le contexte actuel, cette question vaut tout son pesant d’or, car les discours tenus par les chefs d’Etat présents à ce sommet autour des céréales, outre infantiliser le berceau de l’humanité, sont l’une des preuves palpables et irréfragables que le continent africain n’est pas prêt à s’assumer.
Diantre ! Plutôt que de travailler d’arrache-pied pour sortir leurs pays de l’ornière, les chefs d’Etat africains pleurnichent devant le premier responsable d’un pays en guerre. La Russie doit-elle s’occuper de ses propres problèmes ou faire face à la situation africaine ?
Pis, ces chefs d’Etat ont fait éclater au grand jour, sur un territoire étranger sous le radar des médias internationaux, les tensions qui minent leurs relations : passe d’armes entre les Présidents Macky Sall du Sénégal et le Capitaine Ibrahima Traoré du pays des hommes intègres.
Certes, à date, le pays de Poutine n’a encore colonisé ou spolié un pays africain de ses ressources. Cependant, à force de trop dépendre entièrement de l’autre, le dépendant est souvent astreint à la soumission totale vis-à-vis du bienfaiteur. D’ailleurs, n’a-t-on pas coutume de dire que la main qui donne, la main qui dirige ?
L’Afrique va ouvrir grandement ses portes à la Russie qui viendra s’y installer solidement, financera des projets, donnera des armes aux pays confrontés au terrorisme, du blé à ceux qui en ont besoin. Ella va étendre son influence sur le berceau de l’humanité. Mais, à quel coût ?
De toute évidence, les chefs d’Etat africains, au lieu d’être des pro-russes ou pro-occidentaux, doivent avoir de la vision. Après plus d’un demi-siècle d’indépendance, l’Afrique doit vraiment être en mesure d’assumer son indépendance.
Au demeurant, l’Afrique doit rêver pour voir le bout du tunnel. Elle a toutes les richesses : l’or, le diamant, l’eau, des terres agricoles, des pierres et métaux précieux, la belle nature, la forêt, une population jeune, en un mot tout ce qu’il faut pour qu’elle soit la plus heureuse de la planète. Mais, très malheureusement, elle refuse de rêver.
Tout sauf l’occident est certes bien. Mais, de là à aller se jeter dans les bras de Poutine et penser que la Russie est un Etat ami, c’est se leurrer. Seuls les intérêts lient les Etats.
Par Sayon MARA, Juriste