Les plages de Conakry et les bordures de mer sont envahies par tous types déchets, notamment les déchets plastiques jetés volontairement par les citoyens et drainés par les eaux de ruissellement. C’est un constat fait par un des reporters de votre quotidien maguineeinfos.org. À la plage de Takonko par exemple, la mer rejette des quantités de déchets plastiques et autres natures. Ce qui est un danger pour la nature, les espaces halieutiques mais aussi la santé humaine.
Interrogé sur la question, Sory Camara, président de la fédération des gestionnaires des déchets de Guinée, tire la sonnette d’alarme.
« Le constat est très préoccupant et alarmant. Aujourd’hui nous avons un milieu marin qui souffre d’une question de loi parce que la Guinée pour le moment ne dispose d’aucune loi sur le littoral. Cela veut dire que nous avons beaucoup de problèmes parmi lesquels, les questions d’insalubrité et aujourd’hui le fait que les déchets solides sont très mal gérés sur le sol, le fait que la gestion des déchets au niveau des plages est confrontée à un système de gestion des déchets, les activités marines aussi qui produisent assez de déchets. La synergie de ces trois catégories de déchets se retrouvent toujours au bord de la mer, surtout au niveau des plages. Vue aujourd’hui qu’il y a question de manque de stratégie nationale sur la gestion des déchets au niveau des plages, ce qui fait que la plupart des plages et débarcadères en Guinée sont confrontés à ce problème. Aujourd’hui il faut travailler sur une politique de gestion des déchets au niveau des plages, en impliquant à la fois les gestionnaires des plages, les producteurs des déchets et les autres gestionnaires des déchets. Parce qu’aujourd’hui comme vous voyez au niveau des plages, beaucoup de types de déchets sont produits dans plusieurs secteurs d’activités. Nous avons plusieurs types de déchets qui nécessitent une réglementation internationale spécifique. C’est le cas des déchets plastiques. Les déchets au niveau des plages sont majoritairement composés par des déchets plastiques de tous genres. Il y a tous les types de déchets plastiques. Toutes les 7 familles de déchets plastiques se retrouvent au niveau de la plage. Et ensuite il y a des bouteilles qui viennent des brasseries, des pneus, des tissus, des mégots de cigarettes et beaucoup d’autres », décrit Sory Camara.
Le président de la fédération des gestionnaires des déchets de Guinée estime la Guinée manque de stratégie sectorielle de gestion des déchets.
« Tant que les différents ministères ne travaillent pas sur leur politique de gestion des déchets produits dans leur secteur d’activités, nous n’allons pas nous en sortir. Aujourd’hui aucune politique ne traite la gestion des déchets au niveau des plages en Guinée. Aucune politique ne traite la gestion des déchets au niveau des marchés. Si on doit y arriver, il faut prendre la plage comme zone d’intervention. Utiliser sa spécialité et proposer une solution », recommande notre interlocuteur, avant d’évoquer des conséquences notoires.
« Ces déchets viennent de la mer et plus les plastiques prennent du temps, ils se désintègrent, ils deviennent des micros plastiques et ces micros plastiques vont se retrouver dans la chaîne alimentaire. Ce qui est très nuisible pour la santé. Ça va attaquer le système sanitaire humain à tous les niveaux. Ensuite, ça menace la vie des espaces aquatiques dont nous dépendons en partie pour l’alimentation. Et aussi nous voyons l’équilibre de la biodiversité marine menacée par la présence de plusieurs types de déchets qui polluent cet environnement. En plus de cela, les déchets que nous voyons contribuent forcément à l’échauffement climatique. Parce que chaque déchet a une empreinte carbone. Ce qui est encore plus contraignant, certains types de déchets contribuent à la pollution de l’eau et une partie des eaux se rejette dans les domaines agricoles. Ce qui provoque la pollution du sol. Ces déchets qui sont très mal gérés peuvent provoquer des urgences environnementales », prévient-il.
Le rejet dans les mers et les océans des déchets plastiques entraîne des dégâts estimés à 13 milliards de dollars chaque année et menace la vie marine, le tourisme et la pêche. C’est le constat annuel dressé dans la 11e édition de l’annuaire du programme des nations unies pour le développement rendu public lors de la première assemblée générale sur l’environnement de l’ONU, en juin 2014.
Adama Diallo et Ibrahima Mariame Kamara