Son parcours est inspirant et son amour pour la terre reste inconditionnel et intemporel. Après plus de 60 ans d’investissement dans l’agriculture, c’est avec le même sourire et la même envie que Alkhaly Lamine CAMARA retrouve son champs chaque matin dans le district de Foulaya, situé à 7 kilomètres du centre-ville de Kindia. Ingénieur spécialisé en protection des végétaux, cet ancien de la promotion 1975 de l’institut polytechnique de Conakry, actuelle université Gamal Abder Nasr, soutient que cet attachement à la terre s’est fait par le biais de ses parents également amoureux de la terre.
Ce 8 juillet 2024, Alkhaly Lamine CAMARA se rappelle encore du début de son aventure de fervent agriculteur.
« Fort heureusement pour nous, nos parents nous ont mis à l’école. Cela nous a éloigné de la terre mais pas totalement. À chaque vacance, je revenais voir les parents. Le Papa ne vivait plus, mais ma Maman vivait et continuait à faire ses actions agricoles. Donc je l’accompagnais jusqu’à ce que j’ai fait le collège, le lycée et accéder à l’université en 1972. Après deux ans d’études universitaires en Guinée, j’ai bénéficié d’une bourse après une campagne agricole déclenchée par des étudiants en 1975 pour l’ex union soviétique. Donc j’y suis allé pour la suite de mes études supérieures. Je me suis fait orienté à partir de la Guinée en protection des végétaux à Kiev. À mon retour, j’ai trouvé qu’on était en train de créer un laboratoire national de protection des végétaux à Foulaya par ce qu’on perdait beaucoup de cultures. Ayant la formation en protection des végétaux, on m’a affecté à ce laboratoire où j’ai servi plus de 30 ans. Aujourd’hui je continue à œuvrer dans l’agriculture. Au tout début à Friguiagbè, quand bien même que je servais l’État, je faisais mes petites actions grâce auxquelles je me suis payé un lit, une chaise et une table à manger qui continuent à me servir. Donc pour moi c’est les produits de la terre que j’abandonnerai jamais », raconte t-il.
Du haut de ses 70 ans et plus, Alkhaly Lamine parvient encore aujourd’hui à subvenir aux besoins de sa famille grâce à ses actions. De la culture du Maïs à celle de l’Ananas en passant par la Papaye et la Banane, l’agronome démontre au jour le jour son amour inconditionnel pour la terre. Ses expériences antérieures dans la culture entre autres de la Pastèque et du Piment dans les années 80, restent encore gravées au petit coin de sa tête.
L’autosuffisance alimentaire, est bien possible soutient ce doyen de la terre. Mais pour cela, l’État doit notamment penser à aménager les nombreuses plaines du pays.
«Quand vous imaginez, de Kassa à Yomou, nous avons des terres fertiles mais jusqu’ici nous n’arrivons pas à nous nourrir. On parle de maladies comme le Diabète, l’Hypertension…, tout cela c’est parce qu’on vit de l’importation. Aujourd’hui il faut que nos agriculteurs, nos cadres se battent pour inverser la tendance. Pour le riz, je recommande à ce que l’État s’efforce à aménager les parcelles et qu’on cesse d’agresser ceux qui viennent avec leurs moyens investir en Guinée. Quand j’ai vu des champs d’ananas des guinéens brûlés, je me demandais où on va avec ça. De telles actions est-ce pour encourager ou pour décourager ? L’État doit donc prendre des mesures contre ça, car, c’est criminel. Malgré tous ces défis, que les jeunes ne se découragent pas », a conseillé Alkhaly Lamine CAMARA.
Comme le dit l’autre, la terre ne trahi pas. Un adage que l’amoureux de la terre Alkhaly Lamine CAMARA essaie de transmettre à la nouvelle génération. Dans son champs à Foulaya, ils sont nombreux des jeunes notamment étudiants qui viennent apprendre et s’inspirer de son vécu.
Aboubacar Wayé TOURE depuis Kindia pour maguineeinfos.org