Les hommes se succèdent à la tête des structures sans les reformes structurantes, un regard sur l’Agence nationale de service universel des télécommunications et du numérique « ANSUTEN ».

Lorsque je travaillais pour un opérateur de téléphonie, chaque année il y avait des centaines de demandes des communautés locales : CRD, sous-préfectures, les villages j’en passes, auprès de la Direction générale pour les aider à avoir le réseau.
La réalité des faits est que les opérateurs sont drivés par la rentabilité économique.

En effet, les investissements des opérateurs répondent à un certain nombre de réalités. On commence par analyser la démographie est-ce que la localité a suffisamment d’habitants , on part du principe que c’est eux qui trafiquent ; ensuite on s’intéresse à la vitalité économique des localités ( est- ce que la localité abrite une activité économique : port de pêche, une zone agricole , une zone minière … , cette vitalité de la localité se traduit aussi par la présence des écoles, le niveau des écoles (une école primaire , un collège , un lycée ….), le type de marché quotidien ou hebdomadaire ; tant de réalités auxquelles une localité doit répondre pour justifier de l’opportunité d’un investissement d’un opérateur gage de rentabilité pour lui . Ce qui est tout à fait normal, moi je suis un libéral.

La question légitime qui se pose est : qu’est-ce qu’on fait des localités qui ne répondent pas à ces réalités ? Qu’est ce qu’on fait des localités qui ne justifient pas de potentialité économique pour témoigner de l’investissement d’un opérateur.
La réponse est le périmètre de l’agence National de service universel.
Cette structure se doit d’être au chevet des localités qui se voient être à la marge de l’inclusion numérique. La lutte contre la fracture numérique, l’établissement d’une cohésion territoriale en matière du numérique, La couverture des zones délaissées par les opérateurs « Zones blanches » … tous ceux – ci relèvent de son périmètre.

Les bonnes pratiques voudraient que 2 % du Chiffre d’affaires des opérateurs de téléphonies lui servent de fonds.
Depuis la libéralisation (ouverture à la concurrence) du secteur des télécoms, en considérant une période plus récente, de « 2018 à 2022 » les opérateurs de téléphonie ont généré plus de 3 milliards de dollars (28 840 milliards de GNF) Sources ARPT. 2 % de ce chiffre d’affaires sur la période de 2018 à 2022 on aurait dû avoir un capital physique justifiant un investissement de 67 millions de dollars (577 milliards de Francs Guinéens) dans l’inclusion numérique et ce avec toutes les externalités positives susceptibles d’être engendrées.

De l’argent pour faire les réseaux y compris l’internet dans les CRD, dans les sous-préfectures, dans les districts, les villages. De l’argent qu’on aurait pu utiliser pour mettre l’internet dans les espaces publics (les universités…), de l’argent qu’on aurait pu utiliser pour alimenter les bibliothèques nationales numériques, de l’argent qu’on aurait pu utiliser pour si nous étions ambitieux pour créer une université virtuelle, pour soutenir la santé publique (e-santé), ainsi de suite ….

EN 2022 les opérateurs ont généré 6 873 milliards de GNF (797 millions de dollars) ; 2% de ceux-là auraient été 16 millions de dollars (137 milliards de GNF) qui auraient dû être injectés dans l’inclusion numérique du pays en 2022. La tendance 2023, 2024, …continue son chemin.

Malheureusement les hommes se succèdent à la tête des structures sans les réformes structurantes.

Par Mamadi Condetto Keïta, Économiste