Prévue pour ce jeudi 28 novembre 2024, la session extraordinaire de la commune urbaine de Kankan n’a pas eu lieu. Les membres de la délégation spéciale de ladite commune ont décidé, à la dernière minute, de boycotter cette session pour exprimer leur insatisfaction vis-à-vis de leur collaboration avec le président de la délégation spéciale.

Selon des sources bien introduites, ces membres reprochent au président de la délégation d’une mauvaise gestion de la commune. Ils l’accusent également de prendre des décisions de manière unilatérale, sans les consulter.

Pourtant, selon ces mêmes sources, le document qui régit la gestion de la commune est clair : le président de la délégation spéciale est effectivement le chef, mais il est dans l’obligation de consulter ses collaborateurs avant toute prise de décision.

Dans notre démarche de recouper l’information, nous avons contacté plusieurs membres de la délégation. Les premiers interrogés sur les motifs du boycott ont refusé de s’exprimer sur le sujet.

Le premier a clairement expliqué :« Merci beaucoup de m’avoir contacté, mais pour le moment, je ne souhaite pas me prononcer sur ce sujet. Merci de me comprendre», a-t-il confié brièvement.

Le second, quant à lui, a déclaré :« Je suis dans un lieu de deuil, désolé, je ne peux pas vous accorder d’interview».

Contrairement aux deux précédents, un troisième interlocuteur, également membre de la délégation spéciale, s’est confié à nous, hors micro. Lors de notre conversation, il a indiqué qu’il ne savait pas pourquoi la session n’avait pas eu lieu, affirmant être arrivé sur place pour trouver les portes fermées. Il a néanmoins laissé entendre que les démarches d’Arafan Moussa Koulibaly, président de la délégation spéciale de Kankan, ne faisaient pas l’unanimité au sein de la commune.

«Moi, je suis allé là-bas, mais je n’ai trouvé personne. Je ne sais rien de cette affaire. Mais si les conseillers ne sont pas venus, c’est qu’il y a un problème. Le mieux, c’est de demander au président lui-même. C’est lui le chef qui gère tout. Mais si des choses comme ça arrivent, c’est généralement parce qu’il ne respecte pas les règles. Ce que je dis n’engage que moi, je ne connais pas la pensée des autres. Depuis le début, en voyant comment les choses évoluaient, je me suis écarté. Ce qui est écrit dans les documents, si vous ne le respectez pas, ça peut marcher ? Il est dit que vous êtes président, mais que toute décision concernant la commune doit être prise après consultation de vos collaborateurs. Si cela n’est pas fait, ça peut marcher ? C’est ce qu’Arafan ne fait pas. Moi, je peux refuser d’y aller, ok, mais tout le monde ? Ça, c’est autre chose. Je l’ai conseillé, mais Arafan ne comprend pas. Il ne doit pas oublier que l’argent n’est pas toujours une bonne chose. Pourtant, Arafan Moussa sait dire de belles choses à la phase du monde», a martelé sous couvert de l’anonymat.

Comme les premiers intervenants, le président de la délégation spéciale n’a pas souhaité s’exprimer sur ce sujet. Contacté par téléphone ce vendredi matin, il a précisé qu’il ne pouvait pas accorder d’interview en raison du décès de sa grand-mère.

« J’ai perdu ma grand-mère. Je suis avec le corps pour l’enterrement. Je suis en deuil, vraiment désolé. Merci beaucoup», a t-il coupé court.

Arrivé à la tête de la commune urbaine de Kankan après la dissolution des conseils communaux et en remplacement de Mory Colophon Diakité, la gestion d’Arafan Moussa Koulibaly ne fait toujours pas l’unanimité à Nabaya, selon plusieurs observateurs. Des problèmes comme l’insalubrité et la divagation des animaux continuent de peser sur le quotidien des habitants de Kankan.

Kankan, El hadj Mohamed Sangaré