Indispensable au fonctionnement de l’économie et de la société, la vision d’une route sûre, efficace et à contribution environnementale positive constitue un défi lancé à nos dirigeants dans leur ensemble.

Dans la plupart des pays à économie mobile, le réseau routier constitue l’un des éléments les plus importants du patrimoine public et il est, pour sa plus large part, propriété publique.

La route est un patrimoine national, son exploitation rêvait un caractère hautement stratégique et s’inscrit dans la gestion du patrimoine d’infrastructure.

Le dispositif mis en place doit se rapprocher  de celle d’une entreprise, le tout chapeauté par une Autorité de régulation  des activités routières et ferroviaires…

A  l’égard du réseau routier, des attentes croissantes relatives aux niveaux de service, en termes de sécurité, de fiabilité, d’impact sur l’environnement et de confort s’expriment fort, il revient à l’Etat de combler ces attentes. Des exemples de réussite existent alors pourquoi s’en priver….

Les systèmes de gestion du patrimoine d’infrastructure utilisent en général des données provenant de sources très diverses, aussi bien internes qu’externes à l’administration des routes et ils fournissent également des informations à différentes parties de l’administration en se combinant éventuellement avec des données d’autres systèmes.

Dans de nombreux pays, il est maintenant demandé aux administrations des routes de mettre en place des approches normalisées d’inventaire, de valorisation et de dépréciation des actifs et d’étayer les informations fournies dans le cadre de leurs bilans annuels, d’une manière plus conforme à ce qui se pratique dans les entreprises du secteur privé.

 La richesse d’une nation, la capacité d’un pays à être attractif pour les capitaux étrangers, le développement de son économie sont étroitement liées à la facilité d’échange des biens et de déplacement des personnes, la densité, la qualité et le niveau de service des infrastructures de déplacement.

 La route n’est pas une nature morte, c’est un patrimoine dont le potentiel évolue en fonction de l’entretien dont il bénéficie, elle se détériore au fil du temps par les actions combinées de l’eau et des charges roulantes.

Elle  a besoin d’un entretien préventif régulier pour limiter les actions de l’eau, et d’un entretien plus important à échéances plus espacées pour conserver son potentiel structurel.

Sans cet entretien, le potentiel diminue suivant une courbe non linéaire qui conduit à sa destruction dans des délais qui peuvent être rapides en cas de conditions météorologiques sévères

Les montants financiers à mobiliser en cas d’entretien déficitaire peuvent dépasser 10 fois ceux de l’entretien régulier, la bonne gestion des patrimoines routiers constitue un enjeu économique pour les échanges entre la capitale Conakry et les régions, les pays limitrophes aussi.

En posant quelques pistes de réflexion sur ces conditions, cet article invite à initier et pérenniser par la suite un processus de capitalisation sur les raisons des échecs des projets routiers dans la démarche planificatrice en Guinée, et ce même en l’absence d’obligation réglementaire.

La persistance des enjeux fonciers et de désenclavement conférés aux projets routiers en Guinée, le nombre et l’actualité de ceux-ci, font apparaître ce processus comme urgent à mettre en œuvre.

Pour aller à Mamou faudra-il passé obligatoirement par Coyah ?

D’autres tracés ne sont ‘-ils pas réalisables pour accéder à N’Zérékoré ?, à Kindia sans forcément passer par Coyah ?

La qualité du sol, la forte pluviométrie ne sont-elles des paramètres qui doivent obliger le département des travaux publics, les structures de gestion des routes à solliciter des études scientifiques en vue de trouver la matière, le process très innovant et subtile pour la réalisation des routes, faut-il se limiter au goudron ?

La gestion du patrimoine d’infrastructure vise à rapprocher la gestion des ressources d’une administration des routes à celle d’une entreprise.

Un élément clé est ici la nécessité, pour les gestionnaires de l’administration, de développer un langage commun avec ceux qui détiennent les budgets, ce qui leur donnera la capacité critique de faire la démonstration des implications des options d’investissement.

Cette approche de type entreprise de la gestion du patrimoine d’infrastructure impose d’estimer la valeur des actifs en infrastructure, dans la mesure où cette valeur est un facteur significatif de la détermination des priorités d’investissement futur (New York State Département of Transportation, 1998).

Ce processus de valorisation, où l’accent est mis sur l’économie et la finance, est conceptuellement assez éloigné de l’approche traditionnelle de l’ingénieur du développement des programmes de transport.

La valeur des actifs peut s’exprimer de différentes façons.

Par exemple, chaque actif peut avoir une valeur économique intrinsèque pour le réseau de transport dans son ensemble, c’est-à-dire, la valeur de la circulation efficace des personnes et des biens.

Autre exemple, chaque actif pourrait avoir une valeur en capital calculée soit à partir du coût de réparation de l’actif pour le ramener à son état au moment de sa construction soit à partir du coût de remplacement de l’actif en nature.

L’expression de la valeur de l’actif en ces termes comptables est un élément clé de l’élaboration d’un langage commun entre ingénieurs, gestionnaires financiers et organes de surveillance.

La consultation du public (utilisateur régulier de cet actif) est un aspect important de la gestion du patrimoine d’infrastructure car elle permet de comprendre les exigences des parties prenantes et les attentes du public.

Elle est donc primordiale si les administrations des routes veulent élaborer des politiques correctes pour l’utilisation des routes et pour un développement durable au plan de l’environnement.

L’approche de gestion, l’exploitation de nos routes et infrastructures de transport mérite une nouvelle configuration sinon, le spectacle désagréable vécu cette année aura toujours son mot à dire….

Mohamed Doussou KEITA

Consultant économiste

Tél : 622 03 54 79