Ceux qui veulent amener le Président de la République à se renier et à renier ses pugilats pour la démocratie, ceux qui repoussent la vérité et cèdent à l’injustice, s’attaquent, à présent à visage découvert et pis, à travers des jeunes qu’ils ont stipendié, à un homme, un homme d’Etat. Pour l’attaquer, ils s’attaquent à une communication du pouvoir qui ne doit pas être faite pour réjouir ni une groupie ni des politiques incapables d’imposer leurs idées par la raison discursive. Pour eux, seul, il aurait entrepris de l’élaborer sans, ceux qu’ils appellent, les proches du Président. Dès lors, ils s’intéressent peu au contenu du communiqué pour accentuer leurs analyses sur celui qui l’aurait rédigé et ses arrière-pensées. Ainsi, en désapprouvant le communiqué, ils désapprouvent son rédacteur. Est-ce bien lui le mandat ? A-t-il rédigé un communiqué qui serait le contraire de l’opinion du Président ?
La présidence de la République n’est pas le directoire d’un parti, feignent-ils d’oublier. Ils crient à la trahison de celui qui ne leur a fait aucune allégeance. Ils ne l’ont chargé d’aucun mandat qu’il a trahi. Il aurait trahi s’il avait édulcoré le message que le Président de la République l’a instruit de rédiger et de transmettre à la nation. Il n’en a rien été. Pourquoi doit-il être plaint ? Il s’est acquitté d’un devoir et le communiqué ne compromet aucunement le président de la République qui a exprimé ses préoccupations, ses inquiétudes et aussi réaffirmé sa conviction selon laquelle le dialogue est essentiel à la démocratie délibérative et de circonspection.
Quoi de plus normal pour un chef de l’Etat que se montrer préoccuper par une situation sociopolitique qui a fait des morts, qui a paralysé l’activité économique du pays, qui aggrave la fracture sociale et qui fait planer sur le pays une grave incertitude ? L’un des piliers de la croissance économique sont la stabilité politique et l’attractivité du climat des affaires. Seulement, comment une économie pourra-t-elle lutter contre la pauvreté, juguler les inégalités sans la croissance économique ? Comment celle-là sera-t-elle acquise avec l’instabilité politique qui appelle l’autre, macroéconomique ? On ne peut pas prêcher la démocratie et ne pas croire au dialogue et en ses vertus. Celui qui, dans une perspective de dialogue, tend la main à l’autre qui n’est pas de son avis, ne se montre pas faible, perplexe. La force ne réside pas dans la confrontation des muscles, mais des idées. Que l’intention qui a amené à appeler au dialogue soit vermoulue ou saine, elle n’est pas mauvaise en soi ; même si l’idée même du dialogue est une farce dans ce pays de compromis mous, abscons et de reniements. On ne peut pas apprécier les actions du Président de la République et désapprouver les œuvres de ceux de ses collaborateurs qui s’acquittent adroitement des missions qui leurs sont assignées.
À l’hypothèse que Tibou ait pris une initiative personnelle, en quoi son prétendu communiqué serait celui de la trahison ? Quelle résolution du Président a-t-il trahie ? En quoi l’idée qui consiste à proposer un moratoire sur la question constitutionnelle serait une trahison ? Peut-être trahirait-elle la conviction sans cesse rassérénée de quelques escouades qu’elles seraient le peuple vrai. N’est-ce pas qu’elle est en elle-même la reconnaissance d’autres priorités et urgences auxquelles le pouvoir voudrait s’attaquer ? Comment peut-on plaindre celui qui transmet le message du Président, celui de la pondération, de la mesure et de la responsabilité ?
Monsieur Kamara n’est compromis dans aucune affaire louche. Moussa Dadis Camara l’a rendu, il y a quelques jours, un grand hommage. C’est un homme qui ose la vérité à laquelle il est soumis et qui est loyal dans ses rapports avec les autres. Dire la vérité quand bien même elle déplairait est un acte de sincérité et de loyauté. Dadis lui a reconnu cette qualité. Ce n’est pas un homme à faire sa part, qui a une conscience qu’il vend et qui s’ajuste au gré des situations et au plus offrant. Il n’est pas dénué du sens de l’initiative qu’il sait prendre quand il le faut. Il est lucide, brillant, humble, négociateur et patient ; il a le sens de la mesure et, ce sont ces qualités qui font de lui un homme de confiance et un proche du pouvoir. On peut être proche du Président sans être de son parti pourvu qu’on ait des qualités. On peut être de son parti, proche de lui physiquement, vivre dans son palais, sans être de par les idées, proche de lui. Lui seul sait ses proches.
Comment Tibou peut-il trahir ? N’est-ce pas qu’en étant conseiller personnel du Président, que la honte de ce dernier est sa honte ? Comment peut-on appeler à l’existence de ce qui n’existe pas : trahison ? N’est-ce pas que la réattribution de la honte s’appliquera à lui ? Il en a pleine conscience en tant qu’homme d’Etat. Les agissements de certaines personnes dénotent d’une chose : la jalousie qui est une maladie qui consume les cœurs des petits esprits et affecte leurs discernements. Par les désapprobations exprimées ici et là à un communiqué qui n’est que l’accomplissement de la volonté d’un homme, le chef de l’Etat, certains politiques alors qu’ils se disent de la mouvance présidentielle, démontrent qu’ils sont des cabalistes qui voudraient prendre dans leur rêt le président qui ne peut pas imposer leurs vues et souhaits au gros du peuple.
Ibrahima SANOH,
Citoyen guinéen et essayiste ,
Président du Mouvement Patriotes Pour l’Alternance et le Salut.