Disparu des radars du monde musical depuis la dislocation du groupe Fac-Alliance après le dernier album sorti en 2004, l’actuel animateur de l’émission Max Hip-Hop de la radio-télévision guinéenne, évolue de nos jours en solo avec près de 200 titres à son actif. Au micro d’un reporter de maguineeinfos.org, l’un des fondateurs de ce groupe de rap urbain, explique tout d’abord l’absence de Fac-Alliance par manque d’une vision commune, mais aussi le retrait de Masta X qui évolue actuellement en solo du côté des États-Unis. Néanmoins, Abdoul Kader, connu sous le pseudonyme de » Nondi k », a rassuré ses mélomanes lors de cet entretien, que tout est en train d’être meublé afin de réapparaître en cette année 2020 et sur ce, malgré le manque de financement qui s’impose.
Maguineeinfos.org : pour commencer, dites-nous tout d’abord comment se porte aujourd’hui le groupe Fac-Alliance ?
Abdoul Kader Sylla : pour vous dire vrai, le groupe Fac-Alliance n’existe aujourd’hui que de nom, en partant de tout ce qu’il a eu à faire dans le milieu urbain de la sous-région ouest africaine en termes de rap depuis sa création en 1992. Cette absence s’explique par le fait que le groupe a manqué une vision commune à partir de 2004 après la sortie de notre dernier album ensemble. Après donc plusieurs coups durs dans le groupe, Masta-X a également pris sa retraite et j’ai continué le combat avec mon ami en sortant un autre album en 2008, intitulé : » Gorko-Soussaï ». Et depuis lors, mon ami Pap est sur son album solo et moi également. Je peux donc vous dire que j’ai une centaine de sons à mon actif et si j’ai les possibilités, je peux faire sortir 3 albums aujourd’hui.
Êtes-vous d’accord avec moi que votre évolution en solo ne serait-elle pas la cause de la disparition pure et simple du groupe Fac-Alliance?
Ça ! Je me fie qu’au destin! Je ne sais pas ce qui arrivera demain. C’est seul Dieu qui le sait. Ce qu’il faut noter aujourd’hui, c’est que nous avons tous pris le chemin en solo. C’est vrai que c’est l’union qui fait la force, mais pour le moment nous ne sommes pas ensemble. Mais si l’opportunité se présente un jour pour être à nouveau réunir, on le fera sans problème.
Il y a près de 10 ans vous animez l’émission Max Hip-Hop sur la RTG-Koloma. Parlez-nous de vos motivations et de la particularité de cette émission culturelle ?
Mes motivations ne sont autres que cette passion de la culture guinéenne qui m’anime. Secundo, j’attache du prix à l’amour de la musique urbaine, puisque je crois en cette musique. Sinon, je suis un diplômé en Économie gestion, de la 33 ème promotion de l’université de Conakry. Autres motivations, c’est aussi le fait d’aider davantage à promouvoir cette musique urbaine et encourager d’autres jeunes qui sont derrière nous à travers cette émission. C’est-à-dire leur montrer le chemin, parce que c’est grâce à cette musique que nous, nous avons pu monter dans l’avion, hisser haut le drapeau guinéen et au-delà des frontières.
La particularité de l’émission, c’est qu’elle fait d’abord la promotion de la musique urbaine, spécialement les artistes guinéens en premier lieu. Mais il n’est non plus exclut de toucher également la musique Malienne, Gabonaise mais, la Guinée est toujours en avance ceci pour créer un engouement entre les jeunes qui aspirent à cette musique urbaine.
Qu’elle est cette analyse que vous faites ces derniers temps de la musique urbaine avec la nouvelle génération ?
On peut dit qu’elle évolue mais, fort malheureusement, la génération actuelle ne met pas l’accent sur le contenu du texte. Nous, on prenait notre temps pour écrire et c’est pourquoi quand tu as la chance de nous écouter aujourd’hui, tu te rends compte que nos textes peuvent encore s’adapter aux réalités de nos sociétés parce qu’on mettait beaucoup plus l’accent sur l’écriture. Sinon actuellement, les jeunes ont la chance d’aller dans les studios pour s’enregistrer rapidement, chose que nous n’avons pas bénéficié parce qu’il y avait un manque criard de studios. Mais il faut le dire une fois encore, qu’il y a une paresse au niveau de l’écriture aujourd’hui. Ils (jeunes) s’intéressent beaucoup plus à l’improvisation que de penser tout petit peu au contenu du texte, ce que je déplore vraiment. En plus, il y a une certaine influence dans cette musique. Rare sont parmi eux qui se servent de nos patrimoines culturels pour faire le mariage musical, même s’ils existent d’autres par endroit. Par contre, certains l’on comprit, lorsque nous prenons l’exemple du groupe Banlieues’ art, de Soul Bang’s, de Amatala. Quand je les écoute, je me dis que ce sont ceux-là qui ont la chance aujourd’hui de remporter certains trophées parce qu’ils se sont faits distingués de leurs amis et ils sont écoutés en dehors de nos frontières.
Vous êtres invisible sur la scène musicale depuis plusieurs années. Dites-nous ce qu’on peut retenir sur les raisons?
Les raisons sont toutes simples. Aujourd’hui pour faire de la musique, il faut assez d’argent. Moi par exemple, si quelqu’un veut me produire, il faut un budget de 400 à 500 millions pour pouvoir représenter davantage la Guinée au-delà de nos frontières. La promotion, les studios, les clips coûtent très chers. Si tu veux faire aujourd’hui un album à dimension internationale, c’est tout à fait compliqué et c’est ce que moi je vise. Sinon actuellement, j’ai près de 200 titres à mon actif puisque chaque week-end je ne fais qu’écrire, enregistrer et garder. Je peux faire sortir aujourd’hui trois albums, mais c’est l’accompagnement qui pose problème. De toutes les façons, je suis en train de travailler pour revenir en force sur la scène musicale guinéenne et ça ne va plus tarder. Néanmoins, j’ai fait des singles qui vont sortir courant 2020 car je suis bousculé dans les quartiers par les jeunes qui me demandent de revenir toujours.
Est-ce que vous pouvez rassurer aujourd’hui à vos mélomanes qui veulent vraiment vous revoir sur scène après plusieurs années ?
Je vous promets et d’ici la fin du mois de février, il y a un clip qui est en vue qui doit sortir. Je viens de finir deux (2) featurings avec une artiste guinéenne vivant aux États-Unis et qui est en train de faire une collaboration avec moi. Et cela va être le début de ma sortie sur scène musicale guinéenne par la grâce de Dieu.
Quel message voudriez-vous passer aux jeunes artistes guinéens aujourd’hui, lorsqu’on vous demandait des conseils par endroit?
Je leur dirai de penser à exploiter le patrimoine culturel guinéen. S’ils veulent faire le Hip Hop, la musique urbaine, de penser beaucoup plus à un mélange mixte car, cela peut les permettre de découvrir une autre couleur musicale. Aujourd’hui à l’étranger, les gens veulent écouter d’autres sonorités, et c’est pourquoi leurs inspiration doit aller au-delà de nos frontières.
Votre mot de la fin en vous appuyant sur vos projets en court moins et long terme?
Mes projets n’en finissent pas. Aujourd’hui, côté Hip Hop, j’ai créé un concept qu’on appelle Max Hip Hop « Scout Tour ». Il s’agit là de permettre aux jeunes de mettre d’abord l’accent sur les études. C’est-à-dire, l’on peut faire de la musique sans abandonner les études. Alors ce concept vise à aller dénicher les talents scolaires qui aiment la musique urbaine à travers cette émission. J’ai déjà fait la première émission et nous sommes sur la deuxième.
Je profite donc à travers votre média, demander les bonnes volontés, un accompagnement afin de pouvoir réaliser mes rêves car, j’ai assez de choses à faire, notamment la parution de mon album de près de 200 titres.
Entretien réalisé par Sâa Robert Koundouno pour maguineeinfos.org