Les élections communales et communautaires, les premières depuis 2005, ont eu lieu le 4 février 2018. Beaucoup voyaient dans ce scrutin de proximité, le seul ouvert aux candidatures indépendantes, l’occasion de dépasser les clivages bipartisans et de mobiliser les citoyens. Mais les 6 millions d’inscrits ne se sont pas bousculés pour élire les 342 conseils communaux.
Nombre de Guinéens font eux-mêmes part de leur désintérêt pour ces élections et de leur dégoût pour les politiques. «Ils sont tous pareils», Les noms pour qualifier les politiques sont parfois plus que des noms d’oiseaux. «Voleurs» serait presque le terme le plus anodin…
Dans les milieux populaires, on se demande ouvertement à quoi sert la démocratie qui ne semble avoir apporté que des mots et des maux. Et l’on regrette ouvertement l’ancienne époque avec un pouvoir populaire.
Et maintenant ?
Maintenant, le personnel politique a devant lui beaucoup, beaucoup de travail pour relever le défi. On devrait plutôt dire les immenses défis auxquels est confronté le pays, entre chômage, inflation, situation économique désastreuse… Il lui faudra aussi un travail serein sur le Code des collectivités locales censé instituer une vraie démocratie de terrain.
Le scrutin local du 4 février a déçu nombre d’électeurs et d’observateurs, qui l’ont estimé trop présidentialisé. Les partis politiques vont-ils changer cette approche pour laisser l’espace local aux citoyens à la base ?
D’autres analyses pensent que cela explique le taux élevé de l’abstention, ne sachant pas pour qui ils vont voter réellement, beaucoup d’électeurs ont préféré ne pas se déplacer, non seulement pour aller retirer à temps leurs cartes d’électeurs, mais aussi pour voter.
Cette diffusion de l’abstention peut en effet entamer la légitimité des institutions démocratiques. Cela dit, l’abstention qui progresse n’est pas l’abstention systématique, mais l’abstention intermittente, qui s’inscrit dans un autre rapport au vote. Le vote est de moins en moins considéré comme un devoir et de plus en plus comme un droit. On peut donc aussi interpréter cette abstention comme un signe de vitalité politique et démocratique, car le citoyen évalue les enjeux, évalue s’il souhaite se déplacer, s’investir dans cet engagement électoral, s’il a envie d’envoyer un message d’alerte par une abstention-sanction. Cela peut être le signe d’une certaine maîtrise sur le plan des usages démocratiques. Dans ce cas, on peut considérer que c’est moins problématique pour les démocraties.
Quelles seraient les conditions à réunir pour que la tendance s’inverse ?
La première condition, mais aussi la plus difficile, serait de recrédibiliser les partis politiques, la classe politique, qui fait l’objet d’une très grande défiance de la part des guinéens, qui soupçonnent leurs responsables politiques d’être tous corrompus. Il est vrai que le passé de bon nombre d’entre eux ne leur donne pas tout à fait tort.
Il y a aussi des facteurs plus larges comme la persistance de la crise sociale et économique, un chômage de plus en plus structurel qu’on n’arrive pas à juguler. L’insécurité sociale, l’anxiété, la peur, le mécontentement sont autant de signes qui éloignent les guinéens de leurs représentants politiques et qui peuvent les amener à opter pour des mobilisations plus directes comme des manifestations ou des mouvements de rue et surtout la confiscation du choix des citoyens par l’accorde du 8 Août 2018 entre la mouvance et l’opposition qui se partagent le choix des électeurs dont nous appelons la dictature des partis politiques.
En effet, l’accord trouvé autour du contentieux électoral résultant du 04 février 2018 et les points contenues dans les accords du 12 août 2016, malgré toutes les polémiques suscités dans l’opinion publique par certains acteurs de la société civile et même des politiques tels que l’UFR, le BL, le RPR et le PEDN… n’ont empêché la violation systématique des lois par le RPG ARC EN CIEL et l’UFDG. Il faut rappeler que ces accords politiques non essentiellement pas résolus le problème ; nous sommes a presqu’une année sans que tous les élus soient installés. La dernière installation du maire de la Commune de Matoto fut un vrai cinéma électoral avec un nouveau concept du fameux déchireur des bulletins de vote.
Dans l’indifférence presque totale…Le citoyen est on ne peut plus dégoûter et dépité de son élite politique, au point qu’il a décidé de sanctionner tout le monde au même titre. Et c’est là l’enseignement le plus important, mais aussi, le plus alarmant, des élections du 04 février qui ne finissent pas de nous enseigner par la maladresse des politiciens.
Au final, c’est donc l’abstention qui l’a emporté, le seul succès est venu de la commune de KALOUM qui verra gérer la commune par une femme Mairesse Aminata Touré, la fille du premier président de la Guinée qui fut lui aussi maire de la ville de Conakry.
C’est pourquoi, à la lumière de mon constat, cette élection du 04 février 2018 doit d’être évaluée vu qu’elle a connu des victimes et de violences avant et après le processus.
Treize ans que les guinéens n’avaient pas trempé leur doigt dans l’encre pour élire leurs maires. L’enjeu était d’importance : donner une nouvelle légitimité à des représentants locaux «illégitimes» depuis des années ou nommés à la suite d’arrangements politiques, regagner la confiance des citoyens et relancer le processus de décentralisation.
Néanmoins le processus et le scrutin du 4 février fut un échec à date.
Enfin, Le Gouvernement, la classe politique, la société civile, les citoyens, les religieux doivent être des partenaires et non des ennemis. Le gouvernement doit respecter de stricto ses engagements vis-à-vis de ses partenaires, lesquels en retour doivent faire la même chose dans un esprit républicain car la politique politicienne éloigne de plus en plus les citoyens de la chose politique. Ce qui n’est pas bon dans le processus de consolidation du multipartisme.
Soninké Diané
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