Taiseux et bosseur, ce militant des premières heures et des moments d’incertitude craque et baisse l’échine sous le poids implacable des contradictions qui minent la gouvernance actuelle.

Il ne faut pas lancer la pierre au camarade Yero. Ainsi, conviendrait il prochainement de l’appeler. Car, fort heureusement, il n’a pas franchi la ligne rouge de la dénégation de plusieurs histoires: individuelle et collective. Démissionner d’un poste politique gouvernemental, ne vous enlève en rien votre qualité de militant. Le cordon ombilical n’est pas encore coupé. Ceux qui veulent peuvent lui considerer de bon ou mauvais militant, il n’en demeure pas moins qu’il reste un militant. Iblis malgré sa rébellion est resté du rang des anges! Dieu dans son infinie clémence et sa miséricorde absolue, l’a aussi gratifié de recompenses.

Par ailleurs, si démissionner peut paraître normal dans un régime démocratique, reflet de l’aspiration profonde de l’idéal commun du RPG incarné actuellement par le PRAC (le leader historique), les seuls problèmes que posent cette démission, c’est son opportunité et la loyauté dans les futurs combats à mener pour le parti par l’intéressé.

Les moments de chocs moraux passés, au RPG, je pense que sans perdre de vue le double defis de la tenue des législatives et du référendum, il sied pour chacun de se lancer dans une profonde introspection en vue de dresser un bilan des deux mandats en voie d’échéance. En ce sens que, si la destinée et l’entregent d’un seul peut conduire à la présidence (qui n’est qu’un fauteuil et non un banc ironiquement le dise certains ), la conservation et l’exercice du pouvoir est une autre chose. Yero a craqué sous le poids de son environnement et c’est normal. Dans cette atmosphère empreinte d’ostracisme et de rejet systématique de l’autre, pour des raisons subjectives sous trame politico-ethnique, il y’a de quoi trouver des circonstances atténuantes pour le camarade Yero. A Boffa, pendant que le Président de la République en bon père de famille, consolait le jeune Korbonya vivant injustement un drame sentimental, voilà que certainement, Yero, au trefonds de lui, agonisait le soldat du changement qu’il a toujours symbolisé.

Le certificat du décès de l’intrepide militant du RPG des années « 90 » Yero a été rendu public hier. A la place du valeureux combattant, les vicissitudes du temps nous offre une autre personnalité dans la peau du premier (qui était sublime) dont nous enseignerons le courage et la loyauté à nos enfants. Le mot compétences n’apparaitra pas ici, car en politique le déterminant c’est la loyauté, la conviction, l’attachement et l’abnégation. Une seule chose, pour le temps qu’il a passé, et, uniquement par respect pour ce passé, ne lui lançons pas la pierre.

Juste un combattant qui a craqué et un symbole qui est tombé.

Par Souleymane Doumbouya