Le spectacle désolant et désastreux qui se déroule dans notre pays depuis près d’une décennie est incontestablement le résultat de l’amateurisme de notre classe politique, y compris l’administration. Ces récentes crises nées au lendemain des élections locales du 04 février 2018 ont pris une proportion inquiétante dans l’évolution socio-politique et économique du pays.
En effet, l’histoire de notre pays et de son peuple ressemble à celle d’un grenier et d’un vaste troupeau : l’un est remplit d’une immense richesse naturelle du sol, du sous-sol, de la faune et de la flore, mais qui reste malheureusement affamé, assoiffé, déshérité et désespéré à cause de son incapacité d’agir pour son propre bien-être. Et l’autre est, ce peuple qui se laisse diriger et manipuler par un seul bâton tenu par des aveugles qui ne savent ni d’où ils viennent ni d’où ils vont. Quel désastre !
C’est pourquoi, la reforme de nos institutions, y compris les formations qui animent le débat politique s’impose comme une condition sine qua non pour le maintien de l’équilibre de notre système démocratique, la consolidation de l’unité nationale et l’émergence économique de notre pays. Les réalités socio-politiques de la Guinée, telles que définies par nos acteurs politiques nous laissent à croire que nos lois ne servent qu’à embellir les tiroirs : de l’élection législative de 2013, au présidentielle de 2015 en passant par celles des communales du 04 février 2018, nos politiques ont toujours fait preuve de trahison à l’endroit de ceux pour lesquels ils se battent. Ils ont fait à mainte reprise dos aux textes (les lois) et donner une place d’honneur aux accords politiques.
Par conséquent, les violences, le désordre, les pertes en vie humaine et les dégâts matériels considérables deviennent inéluctablement le quotidien des guinéens. Les questions qu’on se pose face à cette situation sont les suivantes : qu’elle est la place d’une élection dans un système démocratique, si les résultats sortis des urnes seront falsifiés au gré de l’intérêt des partis politiques ? La voix du peuple représente-t-elle grand-chose aux yeux de nos acteurs politiques ? Le peuple n’est-il pas complice d’une part de ce drame ?
De toute évidence, les élections en Guinée ne sont qu’une simple formalité à remplir car, les résultats sont toujours contestés, falsifiés et l’organe de gestion des élections (CENI) décrié par toute la classe politique, y compris la mouvance présidentielle à cause justement des énormes irrégularités procédurales, la partialité de certains administrateurs territoriaux, les fraudes majeurs dans les circonscriptions électorales constatées par les observateurs nationaux et internationaux. A cet égard, aucun indice ne garantit la stabilité socio-politique dans le pays et, son processus de démocratisation. Ce cycle infernal de crises socio-politiques qui paralyse presque tous les secteurs d’activités de notre pays n’ont aucun lien avec la défense des intérêts de la pauvre population, même si, c’est elle qui paye par la suite le lourd prix.
Contrairement aux innombrables attentent de la population guinéenne, l’expérience des élections Guinée nous montre à suffisance que les acteurs politiques sont capables de monnayer les voix souveraines du peuple contre ‘’le flic’’ ou toutes autres considérations subjectives. Pour preuve, sur trois cent quatre-vingts trois circonscriptions électorales, seulement dix-huit qui faisaient l’objet de contentieux : l’opposition a préféré jeter l’enfant avec l’eau de bain sachant que les règles du jeu ne seront jamais respectés. Ainsi, après la mort de plus d’une dizaine de manifestants (en majorité des jeunes) au-delà des dégâts matériels ; sans surprise comme naguère, ils en arrivent à un accord politique qui peine jusque-là à résoudre le nez gordien du problème, c’est-à-dire le partage du gâteau. Ce qui est paradoxal dans cette cacophonie, c’est bien la démarche absurde de l’opposition : pendant que le ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation installe de façon anarchique les conseils communaux à l’intérieure du pays et dans la zone spéciale de Conakry, l’opposition quant à elle, descend du jour au lendemain dans la rue pour manifester sous prétexte de respecter les conclusions dudit accord. J’aimerai bien savoir les raisons de toutes ces manifestations !
La voix du peuple ne représente absolument plus rien devant nos politiques, ils peuvent les marchander à n’importe quel prix ; le spectacle de Macenta, Kindia, Matoto… en dit long de ce que nos politiques sont capables de faire dans la défense de leurs intérêts égoïstes. Mais une chose est clair, l’histoire de ce pays retiendra d’eux ce qu’ils ont laissé dans anales de l’histoire comme héritage. Quelqu’un dit que »s’il faut choisir entre avoir peur devant Dieu ou de l’histoire ; il faut avoir peur devant l’histoire car, l’histoire ne pardonne rien ! Espérons que votre héritage soit le meilleur.
Cependant, celui qui reste inerte devant l’injustice, est incontestablement complice de tout ce qui adviendrait comme conséquences. Dans la marche d’un pays, l’arme principale que dispose un peuple, est son bulletin de vote. C’est pourquoi, les années qui s’annoncent doivent être décisives dans l’évolution socio-politique de notre pays. A ce propos, une prise de conscience du peuple reste et demeure la seule alternative possible pour sauver le pays. Dans toutes les grandes démocraties, le respect des voix du peuple est le principe sacro-saint de la conduite politicienne en dépit de leurs divergences politiques.
Aly Souleymane Camara (Analyste politique)