Le printemps d’enseignants contractuels se poursuit à travers le pays! Ce jeudi, 27 avril 2023, c’est ceux de Dalaba qui ont battu le pavé. Ceci est la suite logique de la grève générale et illimitée déclenchée par les enseignants contractuels de Guinée, sur toute l’étendue du territoire national. Ils ont exprimé leur ras-le-bol devant la DPE, avant de se rendre à la Préfecture, où ils ont exprimé leur cri de cœur devant le Préfet, qui est sorti de son bureau pour les écouter.
Face au premier responsable de la Préfecture de Dalaba, ces enseignants ont fait part de leurs difficiles conditions de vie et de travail. Ils réclament ainsi, le payement de sept mois d’arriérés de salaire et leur intégration à la fonction publique.
«Nous avons fait sept mois de cours sans salaire. Le Gouvernement n’a pu donner qu’un mois et ça aussi c’est un million. Nous sommes des pères de famille, nous sommes des mères de famille. C’est suite à cela que nous sommes organisés pour venir voir l’autorité, de nous dire qu’est-ce qui prévaut sur notre situation. Nous sommes dans les zones les plus enclavées de Dalaba. Nous sommes dans les zones là où les titulaires n’osent même pas mettre pieds. On veut notre arriéré, on veut notre engagement à la fonction publique», ont-il réclamé à travers la voix de Kouyaté Mamadou Sékou, coordinateur préfectoral des enseignants contractuels.
Après avoir écouté le message de protestataires, le Préfet de Dalaba les a remercié pour l’avoir rencontré. Il a dans son adresse, tenté de les rassurer en indiquant que tous les DPE sont en ce moment en route pour Conakry sur invitation du Gouvernement.
«Nous sommes très ravis de vous recevoir. L’État ne va jamais vous abandonner, vous êtes des Guinéens. Ce que vous êtes en train de faire c’est un sacrifice. Ça va aller c’est moi qui vous le dis. Il a été en conférence virtuelle (le secrétaire de la préfecture) avec les deux ministres (ministre de l’administration du territoire et celui de l’enseignement pré-universitaire et de l’alphabétisation). C’est ce qui a fait, ils nous ont dit de mettre les DPE en route, moi j’ai dit Dieu merci. L’Etat ne peut pas faire ça, en tout cas, si y a pas quelque chose qui est préparé, attendons le résultat», a tenté de rassurer le Colonel Fodé Abdoulaye Sylla.
Ces contractuels ont aussi expliqué au Préfet, les intimidations qu’ils subissent pour avoir déclenché ce mouvement de protestation. Mais, face à l’assurance du Préfet, ces enseignants disent être confiants, mais leur grève reste toujours de mise jusqu’à la satisfaction de leurs revendications.
«On a un sentiment de confiance parce-que c’est la première fois que lui il arrive à s’impliquer dans notre dossier, c’est la première fois qu’on tape à sa porte. S’il arrive à joindre la parole à l’acte parce qu’il nous a rassuré, il nous a parlé de mots doux qui peuvent au moins nous permettre de dormir aujourd’hui, en attendant de voir les DPE qui sont partis à Conakry pour une réunion jusqu’à leur retour. Mais en attendant, la grève n’est pas suspendue, elle continue jusqu’à nouvel ordre parce qu’on ne peut pas travailler on n’a rien dans le ventre. Pas de paie, pas de cours. Les intimidations ne nous font ni chaud ni froid, on va continuer, on ne baisse pas les bras jusqu’au bout», ont-ils réitéré.
Pour ce qui est de menaces et intimidations qu’ils disent subir, le Préfet les appelle à la sérénité. Il les rassure que personne ne pourra les intimider.
«Personne ne va vous intimider. Les gens qui vous intimident sachez qu’ils relèvent de quelque part. Si vous entendez des choses comme ça, venez me voir sans bruit. J’aime tout sauf le bruit, sauf la violence. Mais quand tu viens pacifiquement, la solution se trouve à côté, on en discute, on trouve la solution pour que ça aille dans l’harmonie à Dalaba, c’est tout ce que je vous demande. Je compte entièrement sur vous et sachez que je suis de cœur avec vous», a-t-il dit.
Désormais, tous les regards sont rivés vers Conakry où les Directeurs préfectoraux de l’éducation sont invités à s’entretenir avec la haute autorité. Après les mots flatteurs du Préfet, les manifestants ont sollicité une photo de famille avec lui avant de quitter à la Préfecture.
Mamadou Aliou Diallo pour maguineeinfos.org