La polémique autour de la notion de société civile a trouvé, dès son origine, des terrains et des
enjeux dans les sociétés les plus étrangères à la croissance mondiale.
À l’instar de ce qui s’est passé pour le concept de capital social, le renouvellement des
problématiques de développement et d’aide au Sud a joué un rôle déterminant dans son
universalisation.

Mais au-delà de la discussion théorique quant à l’existence, à la nature et au rôle d’une société
civile, une réalité s’impose : il s’agit de la présence d’une infinité d’associations,
d’organisations, d’engagements plus ou moins professionnalisés et de transactions entre ces
associations et avec d’autres acteurs.

À cette aune, doit aussi être interrogé la pertinence du débat relatif aux organisations de la
société civile (OSC) en Guinée ?

Ainsi les acteurs de la société civile guinéenne, il est impérieux pour nous de continuer ce
noble combat, à commencer par nos devanciers notamment ceux du : CNOSCG, CONASOG,
de la PCUD et des nouvelles plateformes : MAOG, PNAPIC…

Nous sommes d’essence des acteurs du développement de notre pays car notre rôle est de
défendre la République et les citoyens.

En effet « le premier qui, ayant enclos un terrain, s’avisa de dire : ceci est à moi, et trouva
des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes,
de guerres, de meurtres, que de misères et d’horreurs n’eut point épargnés au genre humain
celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables : Gardez-vous
d’écouter cet imposteur ; vous êtes perdus si vous oubliez que les fruits sont à tous, et que la
terre n’est à personne !» Jean-Jacques Rousseau (1712-1778)
Qu’est-ce que la société civile ? Tout.

Qu’a-t-elle été jusqu’à présent pour les pouvoirs publics ? Rien, ou presque, si ce n’est lors des
grands mouvements sociaux.
Que demande-t-elle ?

 Qu’est-ce que la société civile ?

Selon le livre blanc de la gouvernance de l’Union Européenne « La société civile regroupe
notamment les organisations syndicales et patronales (les « partenaires sociaux »), les
organisations non gouvernementales (ONG), les associations professionnelles, les
organisations caritatives, les organisations de base, les organisations qui impliquent les
citoyens dans la vie locale et municipale, avec une contribution spécifique des églises et
communautés religieuses »

On notera au passage combien les notions de société civile, de citoyenneté et de gouvernance
sont souvent associées.

La société civile est dans l’air du temps. Le concept se retrouve chez Marx et Habermas
comme dans la bouche de Poivre d’Arvor. Il recouvre toutes sortes d’organisations (ONG,
groupes d’intérêt et d’influence, expression citoyenne, Think tanks).
La société civile est facilement opposée à la classe politique ou institutions, comme au
marché.

Le terme recouvre un entre-les-deux, où s’exprimerait toute la vitalité de la vie sociale, basée
sur la libre volonté des tous hors de tout rapport d’autorité ou d’intérêt privé.
Un monde de la solidarité où se manifesteraient les demandes et évolutions d’une société tout
en concrétisant une forme d’action pragmatique, efficace, plus morale que le Marché, plus
représentative des intérêts et idéaux des gouvernants.

La présence de la société civile est historiquement liée aux mouvements du multipartisme vers
les années 1990,
Vaclav Havel dans son ouvrage « Le pouvoir des sans-pouvoir » (1) exalte le réveil de la
société civile : dans les sociétés post totalitaires nées de l’effondrement du communisme, il
faudra, dit-il, que surgissent de nouvelles structures, des associations civiques et citoyennes
qui favoriseront la transition démocratique.

Dans un contexte de méfiance à l’égard de l’État et des grandes idéologies globalisantes,
beaucoup d’Occidentaux placent de grands espoirs dans ces associations volontaires, vouées à
la résolution de problèmes concrets, censées renforcer le lien social et, par la délibération dans
l’espace public, concrétiser un engagement en faveur des valeurs acceptées ou souhaitées par
tous.

L’idée devient de plus en plus populaire. On l’applique au développement du Sud : susciter
des associations indépendantes des États inefficaces, faibles et parfois corrompus, mais aussi
des anciennes structures traditionnelles, voilà qui semble une voie prometteuse pour rendre
enfin efficace l’aide au développement.

Un réveil s’impose car nos OSC en Afrique ne doivent pas être des prestataires des
organisations internationales, les pays occidentaux, arabes, américains et les organisations
terroristes car de plus en plus nos Etats s’effondrent sous le poids des crises économiques,
sécuritaires…
En l’occurrence, il faut des OSC plus responsable sous financement de nos Etats et des
organisations Africaines. Nous devrons repenser un modèle économique et social tenant
compte de nos réalités.
Certains parlent même d’une société civile globale, ONG internationales ou collectifs de
citoyens et autres composantes du mouvement alter et les opposent volontiers aux
gouvernements élus impuissants face au caractère global des problèmes et aux forces du
marché.

 La société civile face au repli citoyen

On assiste aujourd’hui à un phénomène social de repli qui n’épargne pas non plus le monde
associatif.

Cette évolution est accentuée du fait de l’absence de stratégies d’alliances entre associations
et entreprises, associations et syndicats ou encore avec les médias et le monde de la recherche.
Les représentations et clivages hérités du passé et les concurrences entre associations sur les
territoires, qui ternissent parfois les relations inter-associatives, contribuent à renforcer cet
isolement et engendrent des tensions au sein d’un monde associatif qui demeure clivé.
Pourtant, de leur côté, les entreprises ont compris que les associations pouvaient être des
partenaires, notamment pour diversifier leur recrutement fidéliser un public ou encore
communiquer.

Par ailleurs, la société civile est aujourd’hui en mesure de proposer des réponses aux
principaux défis de la société.
Elle est source d’innovation sociale et contribue fortement à la transformation de la société.
Son utilité sociale ne fait aucun doute : elle dispose des outils du vivre ensemble, a pris
conscience de la nécessité de peser sur l’avenir de la société et de trouver de nouvelles formes
d’action collective.
Cependant, on observe un manque de visibilité et de lisibilité des associations, au sein de la
société civile dans l’espace public. On assiste également à la naissance d’un citoyen actif,
mais peu désireux de rejoindre des institutions.

Comment faire entendre, dans leur diversité, les voix de ceux qui travaillent et produisent des
richesses, de ceux qui cherchent, créent et innovent dans les arts et les sciences, de ceux qui
inaugurent un nouveau modèle de développement plus respectueux de l’homme et de la
nature, de ceux qui s’engagent au quotidien auprès des jeunes, notamment dans le sport, mais
aussi au service des plus démunis ou des accidentés de la vie ?

Nous devrons retenir à travers cette phrase « Par nature, la société n’est pas homogène : elle
est diversifiée et polymorphe. Ses composantes évoluent au gré des forces qui la composent.
Des intérêts souvent contradictoires, voire conflictuels, sont représentés, ce qui n’exclut pas
en son sein la recherche de convergences et l’utilité d’un travail en commun. »

 La société civile, un outil au service de la démocratie

Une démocratie se construit en tenant compte de nos réalités politique, culturelle, sociale,
économique etc. Nous avons connu des empires anciens qui avaient des modèles de
gouvernances qui doivent nous servir d’exemple. Elle ne s’importe et ne s’impose pas.
Il est évident que le concept moderne de démocratie, en tant que pouvoir du peuple pour le
peuple et par le peuple, ne se limite ni aux élections libres, permettant de définir une majorité,
ni au règne sans partage de cette majorité.

La démocratie, comme projet sans cesse à construire, implique la liberté d’opinion, le respect
des droits des minorités, la confrontation pacifique des intérêts et donc la liberté
d’organisation et l’État de droit, la responsabilité des gouvernants, etc.
Cela suppose pouvoirs et contre-pouvoirs et donc un espace libre, celui de la société civile
forte, indépendante du pouvoir de l’État, de celui de l’économie (de l’argent), de la tradition
(clans, etc.).
L’édification de cette société civile est donc au cœur de tout processus de démocratisation. Et
certaines formes de coopération et de solidarité internationale y contribuent.

 L’indépendance de la société civile

La société civile se caractérise fondamentalement par son « attitude collective de refus de
subordination de la part des organisations ayant une action sociale (syndicats, organisations
charitables) aux partis politiques.
Cette attitude ne constitue pas un refus d’engagement politique individuel ». Les organisations
de la société civile ne s’identifient pas à un parti ou une idéologie politique, pour assurer plus
de légitimité dans leur prise de position afin de veiller à la prise en compte des revendications
sociales.

Lorsque les acteurs de la société civile sont soumis aux conditionnalités des acteurs
politiques, ils perdent leur représentativité et peuvent être ainsi déséquilibrés, basculés du côté
de l’Etat et détruire la condition d’existence de la société civile voire de la démocratie.
La confusion entre société politique et société civile jette les jalons d’un totalitarisme dans la
mesure où, dans ces pays les partis de l’opposition sont réduits au silence du fait de la
répression qu’ils subissent de la part de la puissance étatique.

Dans un régime où les organisations de la société civile ne gardent pas leur indépendance vis
à vis de la classe politique, le champ d’action des tenant du pouvoir s’agrandit et surgissent
avec lui les prémisses d’une toute puissance étatique. La société civile doit être un contre￾pouvoir et non contre le pouvoir, elle doit amener le pouvoir public à tenir compte et respecter
le contrat social qui le lie aux citoyens.

En perdant le principe de l’indépendance, la société civile se fragilise et fragilise la
démocratie quand ses observations ne sont plus liées à l’intérêt général des citoyens mais
plutôt à une coloration politique.

 La légitimité de la société civile

Les sceptiques mettaient en doute le droit des OSC de formuler des critiques à l’égard des
politiques publiques puisqu’il ne s’agit pas d’organisations élues et qu’elles ne peuvent donc
pas représenter la société et défendre ses intérêts. Les gouvernements du Sud pourraient en
outre douter de l’autonomie des OSC et les considérer comme fortement tributaires des
ressources et de la sympathie des donateurs et de leurs homologues du Nord.

Pour leur part, les OSC soutiennent que leur présence dans le domaine public est fondée sur
leur crédibilité qui repose sur leur expertise, leur expérience sur le terrain, la cohérence de
leur analyse et leurs valeurs. »

Les OSC tirent leur légitimité de la manière dont elles représentent les intérêts et les valeurs
des personnes et groupes concernés, et de leur expertise et leur crédibilité. La légitimité d’une
OSC ne vient pas d’une vaste représentativité ; par conséquent, elle défend nécessairement un
ensemble limité d’intérêts. Elle mérite sa légitimité et sa crédibilité auprès de la société, et de
ses propres membres, grâce à l’intégrité et à la qualité de la défense des intérêts et des idées
de ses membres dans le domaine public.

Fortes de ces constats, nous proposons de considérer quatre outils par lesquels les ONG
construisent leur légitimité :

1) la légalité,
2) l’utilité publique,
3) la supériorité morale,
4) l’expertise.
1) Par la légalité

Si les ONG sont davantage admises au sein des cercles de décisions que ne le sont les
mouvements sociaux, c’est qu’elles respectent généralement les règles du jeux établis par le
pouvoir en place et ne représentent donc pas de menace directe pour celui-ci. La majorité des
ONG mènent leurs actions selon différents programmes (financement, enregistrement) et
mécanismes (audience publique, recours légaux) établis par l’État pour gérer le
mécontentement social et préserver la distribution actuelle du pouvoir.

 Conclusion

En somme, nous pouvons conclure que les générations antérieures ont joué pleinement leur
rôle. À nous de jouer notre partition en tenant compte des réalités exogènes et endogènes de
notre monde, afin de rendre la société civile une organisation au service de la construction
républicaine et citoyenne de notre chère Guinée.

Les expériences concrètes le confirment, du moins celles qui prennent au sérieux les
mécanismes endogènes de développement des sociétés civiles.
Il est de ce point de vue nécessaire de rappeler que ce concept de société civile, souvent
galvaudé, a d’abord été porté par les mouvements sociaux et politiques des années de l’après
68 dans le monde et pas seulement en Occident.

En Guinée, elle a pris naissance dans les différentes organisations qui ont donné naissance au
CNOSCG qui reste un rempart essentiel pour redynamiser l’OSC en Guinée de par son
ancienneté et ses expériences afin de donner un renouveau aux différentes plateformes
naissantes.

Nous devrons être capables de nous accorder sur des questions essentielles qui engagent la vie
de la nation. Le gouvernement, les OSC, les partis politiques doivent être des partenaires et
non des adversaires, le plus grand gagnant dans cette démarche demeure en général le peuple
de Guinée.

Absolument, il nous faut un forum sur la société civile en Guinée, dans lequel, on débattra des
politiques d’orientation des OSC, du financement innovant, de la diplomatie des OSC, les
exigences nouvelles qui s’imposent à nous, car nous restons incompris par l’Etat et le grand
public en général.

L’invention périlleuse et fort peu stabilisée jusqu’ici d’un champ civil de l’action sociale et
politique est porteuse d’effets encore largement en gestation sur le cours des mutations
sociopolitiques guinéennes dans un contexte de libéralisation et de nouvelle tendance qui nous
amènent à constater au-delàs des association, ONG, des individus non gouvernementales
(ING) qui sont souvent plus influent que des organisations classiques.
Nous gagnerons aussi à être perçu comme un espace de formation et de reconversion des
logiques d’accumulation et des acteurs sociaux mais aussi politiques et économiques.
Reference :

– L’invention africaine des sociétés civiles : déni théorique, figure imposée, prolifération
empirique / Marc Poncelet et Gautier Pirotte
– Le livre blanc de la gouvernance de l’Union Européenne
– Les principes de Busan

Soninké DIANE
Consultant Formateur
Entrepreneur-Engagé pour les causes citoyennes-sociales-développement
TEL : 622 57 48 60