Moussa Dadis Camara a piqué une colère noire hier mercredi contre le renvoi du dossier au 10 octobre prochain. Mais qu’est-ce qui justifie cette réaction de l’ancien président ? Il s’agit bien de sa volonté de vite dire sa part de vérité dans cette affaire. C’est en tout cas, l’une des motivations avancées par l’un de ses avocats.

Maître Dinah SAMPIL soutient que son client hate d’être entendu par le peuple de Guinée dans une affaire qui a coûté la vie à plusieurs dizaines de Guinéens. C’est pourquoi selon que l’ancien chef de la junte s’est montré très en colère contre le renvoi de l’affaire.

« Il faut comprendre cela dans le sens de l’agacement qui l’anime en ce moment, l’empressement de sa part pour qu’il puisse apporter sa part de vérité dans les événements du 28septembre 2009. Il pense que les exceptions relatives à la nullité des actes posés par le pool des  juges d’instruction est un retard pour lui parcequ‘il est pressé de se faire entendre par le peuple de Guinée, par les juges et par les observateurs nationaux et internationaux. Il estime qu’à ce stade il aurait fallu passé directement aux débats, que de s’attarder sur des exceptions comme ont soulevé les avocats de la défense. C’est dans ce sens que vous devez comprendre la réaction du Président Dadis hier. J’ai rencontré Dadis dans le bureau du régisseur de la prison civile et c’était la veille de l’audience pour lui donner des conseils quant à la tenue qu’il faille adopter à la barre, pour lui faire comprendre que là-bas ça ne sera pas un discours politique qui sera prononcé. C’est un récit des faits avec un langage et une attitude appropriée », a relaté son avocat.

Ensuite, Maître Dinah SAMPIL soutient que la détention de son client n’est pour le moment pas suffisamment motivée.

« Est-ce que Dadis devait être déféré à la maison centrale ? Il faut retenir que jusqu’ ici, la détention de Dadis Camara est préventive, ce n’est pas une détention résultante d’une condamnation quelconque. La détention préventive veut dire tenir la personne à la disposition de la justice pour que dès qu’on a besoin de lui qu’on sache où aller le chercher. Le bon droit veut que ce lieu de détention ne constitue aucun facteur de dégradation de sa personne et de sa dignité, ça c’est pour tous les citoyens. Mais personne n’ignore les conditions dans lesquelles vivent les détenus à la maison centrale de Conakry qui date du temps colonial et qui était prévu pour une population carcérale déterminée. Ça ressemble beaucoup plus à un lieu de stockage humain. Que cela puisse servir à un ancien chef d’Etat, je pense que le niveau de civilisation du peuple de Guinée dans le concert des Nations devait faire éviter cet état des faits à quelqu’un qui a été le premier responsable de ce pays », a regretté l’avocat.

Ousmane Baldé